Musée d’Art Moderne, de la ville de Paris
12-14, avenue de New York 75116 Paris
commissaire de l’exposition : Olivia Gaultier-Jeanroy
du 15 mars au 14 juillet 2019
Dans les salles monumentales du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris – les travaux d’envergure de restauration finiront espérons le avant la fin de l’année – Thomas Houseago a installé ses œuvres gigantesques qui s’apparentent à le présence humaine. C’est la première rétrospective de cet artiste britannique de 47 ans. Ces salles sont à la démesure de ses sculptures, peintures, photographies – une sculpture est également installée dans le bassin de l’esplanade –
Ses premières expositions sont assez récentes – 2002 (Galerie Xavier Hufkens, Bruxelles), puis 2010, Biennale de Venise, révélé par François Pinault en son Palazzo Grazzi – On sent dans son travail l’influence d’Henry Moore. Les sculptures, certaines géantes, sont faites dans une sorte de plâtre (tuf-cal), matériau brut, pour réinterpréter la forme humaine à travers des anatomies déformées – souvenir de son expérience d’ouvrier en bâtiment ? – Crânes, colosses, monstres, sortis de cauchemars, de contes à faire frémir les nuits des enfants, sont fascinants plus qu’effrayants ; une représentation, pourquoi pas de notre humanité. Certaines peintures accrochées dans la Salle Albert Amon, ne possèdent pas la force de ces sculptures.
Une des salles tout aussi intéressante est l’atelier de l’artiste. Elle a été pensée et réalisée spécifiquement pour l’exposition. « Cast Studio », relève de la performance. Perché sur une échelle, Thomas Houseago se jette dans le matériau qui sert de base à sa création. Il le creuse, le malaxe, se roule dedans, s’en enduit, s’y couche, pour faire corps avec lui. Etonnant, détonnant !
Sa compagne Muna El Fituri en à tirer des photographies étranges et de grandes beautés où morbidité et humour se côtoient.
Elle a aussi coréalisé le film qui passe dans la salle ; il permet de mieux saisir l’atmosphère qui règne dans cet immense atelier, comprendre la création de cet artiste et son implication physique. Les œuvres de Thomas Houseago sont très accessibles, compréhensives, par tout public dont les plus jeunes. Voilà une exposition jouissive à voir et revoir – il reste encore un mois – et puis on peut en profiter pour visiter les quelques salles où des œuvres d’artistes contemporains de l’immense collection du Musée sont offertes gracieusement à nos regards.
photographies ©Muna El Fituri