12, Rue Cortot 75018 Paris
Jusqu’au 15 septembre 2024
©Roger Catherineau
Le peintre Auguste Herbin (1882-1960) est le secret le mieux gardé de l’aventure de l’art moderne.
Il a pourtant pris une part active à toutes les ruptures créatives du XXème siècle. Ses premières œuvres témoignent déjà d’un grand savoir-faire : la touche est délicate, les accords de couleurs subtils et harmonieux, et les compositions très équilibrées.
Portraits, paysages, natures mortes, le jeune artiste est à l’aise dans tous les genres. On lit dans ses peintures l’influence de l’impressionnisme. Il est parmi les premiers peintres fauves, dès 1905.
En 1908, le critique d’art américain Gellett Burgess en fait le plus fauve des huit peintres qu’il considère comme les représentants de la nouvelle peinture : Picasso, Derain, Matisse, Braque, Metzinger, Czobel, Othon Friesz.
De 1908 à 1913, Herbin expose avec ses homologues cubistes – Picasso, Braque, Gleizes, Metzinger – sans pour autant entretenir avec eux des relations particulières, à l’exception de Picasso dont il reprend l’atelier du Bateau-Lavoir en 1909. Dès 1913, il a déjà une carrière internationale remarquée par la critique française et étrangère.
Ses reliefs et objets monumentaux des années vingt l’inscrivent dans une avant-garde internationale ; celle du constructivisme et du néoplasticisme. Son travail est présent dans l’iconique catalogue de l’exposition Cubism and abstract art en 1936 dans le tout nouveau Musée d’art moderne de New York.
Dans la France de l’entre-deux-guerres il devient le pionnier et le promoteur d’une abstraction pure, d’une exceptionnelle clarté. L’influence d’Auguste Herbin s’amplifie dans la seconde moitié du XXème siècle.
Son ultime langage pictural consiste en un alphabet plastique (1942), un espéranto radicalement débarrassé de l’objet, qui l’aide à affirmer une liberté souveraine. Il devient un mentor pour les futurs maîtres de l’abstraction géométrique et de l’Op Art.
Repéré par les plus grands marchands du XXème siècle, il a été de toutes les expositions ayant forgé l’histoire des avant-gardes. Pendant dix-huit années, il a donc vécu au Bateau-Lavoir et ses recherches artistiques ont abouti, dans cette ultime manière. Le Musée de Montmartre est le premier musée parisien à consacrer une exposition rétrospective à Auguste Herbin, dans la ville où il a créé toute sa vie. Elle retrace, avec des œuvres souvent inédites, les sept périodes de création du peintre : postimpressionnisme, fauvisme, cubisme, objets monumentaux, nouvelle figuration, première et seconde abstraction.
Herbin retrouve ici sa juste place dans l’histoire de l’art moderne, et donne à découvrir des œuvres de tout premier plan pour chacune des périodes créatrices traversées. Une exposition passionnante à ne pas manquer, il ne reste que quelques jours pour découvrir cet artiste dans ce charmant Musée de la butte.