107, rue de Rivoli, 75001 Paris
jusqu’au 29 juin 2025
Il reste une petite semaine pour aller découvrir cette impressionnante exposition sur les ours en peluche. Elle est hallucinante par le nombre de nounours présents et de la qualité de sa mise en scène ! Comme les histoires qu’on nous lisait quand on était petit le musée des Arts décoratifs nous raconte cette incroyable histoire. Né au tout début du XXème siècle, nounours s’est vite imposé dans le cœur des enfants, détrônant des jouets dont l’existence remonte pourtant à l’Antiquité, comme les poupées ou les animaux à roulettes. Il est depuis devenu le symbole quasi-universel de l’enfance, ainsi que de la tendresse et de la douceur.
L’exposition débute par l’histoire mouvementée des ours et des êtres humains, des premières cohabitations dans les cavernes préhistoriques jusqu’aux montreurs d’ours qui ont contribué à décimer l’espèce. Elle se poursuit avec les cultes ursins antiques et leur destruction par l’Église catholique, qui réduisent l’ancienne idole païenne en animal gourmand et paresseux, voire démoniaque.
Les 400 ours en peluche, issus des collections du musée, racontent la naissance de ce jouet en 1920 en Allemagne et aux États-Unis, ainsi que ses transformations et ses succès. Depuis les premiers exemplaires en mohair et paille de bois, lourds et rigides, l’ours en peluche s’est assoupli et adouci. Il s’est paré de couleur vives ou pastels, afin de pouvoir se transformer en doudou.
Il règne enfin sur toute une ménagerie d’animaux en peluche, mais aussi sur la fiction pour enfants, grâce à Winnie l’ourson, Michka ou Paddington. Aujourd’hui, alors que les enfants abandonnent leurs jouets de plus en plus jeunes, l’ours en peluche résiste grâce à sa charge symbolique, aux artistes qui s’en inspirent, et aux adultes qui les gardent dans leur vie.
Rester proche des compagnons de son enfance n’est plus une marque de puérilité, mais permet de cultiver la part d’enfance qui est en soi, et de laisser plus facilement parler sa spontanéité et sa créativité. Les différentes actions menées pour sauver l’espèce, et les débats qu’elles suscitent, montrent que l’ours n’a jamais été, et ne sera jamais, un animal comme les autres.
En novembre 1902, Theodore Roosevelt, le très populaire président des États-Unis, fervent défenseur de la conservation de la nature, est invité à une chasse à l’ours par le gouverneur du Mississippi. Pour lui éviter de rentrer bredouille, après une longue journée de traque, les organisateurs capturent un ours, l’attachent à un arbre et proposent à Roosevelt de l’abattre. Celui-ci refuse catégoriquement de tirer sur un animal sans défense. L’histoire, inhabituelle, est reprise dans les journaux, notamment par une caricature de Clifford Kennedy Berryman dont le titre, « Drawing the Line in Mississippi », renvoie aussi au tracé de la frontière entre la Louisiane et le Mississippi, arbitré par Roosevelt. L’ours devient ainsi une sorte de mascotte non officielle de Roosevelt, et le héros de nombreuses caricatures de Berryman illustrant des épisodes de la vie du président (…) Rose et Morris Michtom, propriétaires d’une boutique de bonbons à Brooklyn, inspirés par la presse, réalisent un jouet en tissu bourré qu’ils envoient à Roosevelt puis vendent, avec son autorisation, sous le nom de Teddy’s Bear, l’ours de Teddy – surnom courant de Theodore. L’ourson, rencontre un grand succès et figure notamment dans Playthings, le magazine professionnel du jouet, en 1906, définitivement nommé teddy bear. En 1902, la marque de jouets allemande Steiff lance quant à elle une nouveauté révolutionnaire : un ours en mohair aux membres articulés. Les marques et maisons de mode s’en emparent et le transforment en fétiche amusant.
Certains artistes font des animaux en peluche la base de leur pratique artistique, comme Charlemagne Palestine, l’ours est aujourd’hui, surtout dans sa version polaire, le symbole des changements climatiques et de la nature en danger.
L’utilisation de l’ours représente également un acte militant, comme chez Jean-Charles de Castelbajac, connu pour ne pas employer de fourrure. Voilà un voyage en enfance et pour l’enfance !