39 Bvd Bonne Nouvelle 34000 Montpellier
jusqu’au 13 octobre 2024
Encore un week-end pour aller (re) voir cette importante exposition d’un peintre sympathique mais surtout entouré de magnifiques artistes. À travers un ensemble de plus de 330 pièces, dont de nombreux prêts d’institutions françaises et étrangères, l’exposition sur Jean Hugo présente l’artiste et son œuvre, depuis les origines en 1914 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, en dialogue avec ses amitiés artistiques.
Avec les deux expositions sur Jean Hugo, l’une au musée Paul Valéry, l’autre au musée Médard de Lunel la ville où il a vécu plus de cinquante ans, c’est une manière de mieux connaître, celui qui fut tour à tour décorateur, peintre, poète et écrivain.
Jean Hugo est né en 1894, neuf ans après la mort de son arrière-grand-père, Victor Hugo.
Sa grand-mère a été une des premières à défendre les droits de l’homme. Elle tenait un des plus grands salons parisiens à la fin du XIXème siècle où se succèdent Renoir, Manet, Claudel, Clemenceau, Zola… Le petit Hugo a grandi dans un véritable musée, un monde cultivé, intellectuel…
Hugo a fait partie de son temps en côtoyant les plus grands, comme Picasso, Cocteau… l’exposition restitue l’artiste par rapport à son environnement, son histoire, celle de la France, et toutes les aventures artistiques auxquelles il a participé.
Ainsi on peut voir des tableaux du Douanier Rousseau, de Félix Vallotton, Les Baigneuses de Picasso qui a inspiré Jean Hugo à ses débuts. Dans les années 20, après la Première Guerre mondiale, les artistes reviennent à une figuration plus classique, ils peignent des corps, des figures humaines…
C’est à cette époque qu’il commence à être peintre. C’est Jean Cocteau qui l’a découvert et l’a lancé comme décorateur de théâtre « J’ai vu vos dessins chez Valentine. C’est une chance de découvrir une grâce inédite (…) ». Ses dessins étaient accrochés chez Valentine Gross, une jeune pianiste de Boulogne-sur-mer, qui a fait sa place dans les mouvements artistiques parisiens. Elle deviendra sa femme.
Dans les années 20, dites les années folles, tous les artistes, les grands noms de la modernité se mettent au service des ballets russes, suédois, des soirées parisiennes…
Il se plonge dans cette effervescence, fait ses premiers décors Les mariés de la Tour Eiffel, et à partir de ce moment-là, il aura beaucoup de commandes. Ce sont ses succès en tant que décorateur de théâtre qui vont le former à la peinture.
Au début des années 30, il s’éloigne du monde du spectacle pour véritablement se consacrer à la peinture. Il s’installe alors au mas de Fourques à Lunel dont il a hérité du côté de sa mère en 1929. Il a été ami toute sa vie avec Pablo Picasso. Il venait le voir à Lunel, lui à Cannes dans son atelier de La Californie, un peu de maître à élève. « Tu devrais bien te préoccuper de ta gloire, tu n’as pas le succès que tu mérites », lui disait-il. Jean Hugo est flatté. Tous les deux adoraient les corridas, ils faisaient notamment la tournée ensemble aux arènes d’Arles, de Nîmes… Francis Picabia, Louise de Vilmorin, Jean Cocteau… Ils sont nombreux à venir au mas de Fourques à cette époque. Son grand parc devient un havre de paix pour les artistes parisiens
Jean Hugo, c’est le réalisme magique. Il observe la nature et fait comme si, elle, le regardant, il voyait des créatures magiques qui l’habitent et que nous ne voyons pas…
Des licornes, des centaures, des personnages de contes… Il réenchante la nature et crée son monde. Il y a toujours une touche de mystère dans ses œuvres. Il valorise aussi les paysages qui l’entourent, de la Camargue au Pic Saint-Loup. Un soir, Picasso lui dit au mas de Fourques : « Regarde ce que tu vois par ta fenêtre, pourquoi tu vas à Cadaquès ? Tu devrais peindre ça ! » Pour le maître, le paysage local a autant de valeur à partir du moment où on veut bien y poser ses yeux…
Hugo avait cette capacité à réenchanter le monde qui l’entourait ! C’est une personnalité, fascinante, mais le monde artistique qui l’entourait et que montre cette importante exposition est encore plus impressionnante !