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« SALLE CORTOT » : BACH – BRAHMS – PROKOFIEV – AVALIANI

78 rue Cardinet 75017

lundi 18 mars 2024, à 20h,

Jean-Sébastien Bach: Fantaisie chromatique et fugue en ré mineur

Johannes Brahms : 8 pièces op.76 

Serguei Prokofiev : Sonate pour piano n°6, op.82

Irakli Avaliani, piano

Bon, cette soirée c’était le final du récital avec l’interprétation hallucinante de l’impressionnante Sonate n°6, op.82 de Prokofiev. Un monument disait son créateur Sviatoslav Richter. Il l’a donnée en concert le 26 novembre 1940 et l’a jouée pendant toute sa carrière !  Elle reflète la tension et l’inquiétude qui régnaient en URSS à cette époque. Ce soir, plus de 80 ans après, c’est le triomphe de Poutine, la guerre en Ukraine qui règnent et elle était donc la bienvenue ! Avaliani avant de commencer le troisième mouvement (la valse ?) il l’a dédicacé à Alexeï Navalny ! Ce pianiste, géorgien, à l’âme slave, qui a fait ses classes à Moscou, était avec cette terrible sonate dans son jus ! Il avait prévu une jolie sonate de Mozart pour commencer son concert ; mais la veille, en Normandie, il s’était aperçu qu’elle ne fonctionnait pas avec les œuvres qui suivaient ? Alors un Bach (on peut le mettre à toutes les sauces, ça marche toujours) était plus adéquat. Il a donc interprété la Fantaisie chromatique et fugue en ré mineur. Interprété est bien le mot. Son début de cette Fantaisie était très personnel puis il a joué la fugue avec une rigueur toute mathématique. Beinh Bach et le clavecin c’est quand autre chose…Brahms c’est du bon et du moins bon au piano. Dans ces huit pièces, compositions de la maturité, tout est parfaitement ordonné sous les doigts d’Avaliani peut-être trop, et l’ennui gagnait de temps en temps. Malgré l’excellence pianistique, c’est la faute à Brahms ! Il faut voir et entendre comment cet artiste parcourt le clavier avec une légèreté incomparable, un touché, une caresse qui, grâce à Marie Jaël, il a mis plus de cinq ans à le construire et oublier les méthodes soviétiques du Conservatoire Tchaïkovski ! Après l’œuvre maîtresse de ce récital, pour faire plaisir au public qui applaudit toujours à tout rompre pour avoir son bis, il a magnifiquement interprété du Schubert, mais après la force émotionnelle de la sonate, Schubert parut bien fade. Avaliani aurait dû dire qu’après une telle œuvre, il est difficile de jouer autre chose ! Il aurait été cohérent avec son intervention sur le succès de Poutine. La Géorgie, la Moldavie après la Crimée, l’Ukraine ?

Il faut lire le livre écrit à deux mains avec Hervé Gicquiau Les Tribulations d’un pianiste en URSS pour comprendre le système russe et comment Irakli Avaliania est devenu ce grand artiste qui a choisi la France pour s’exprimer. Il a sûrement un caractère bien trempé pour sauvegarder ainsi la qualité de son art ! Une bien belle soirée, une nouvelle fois à Cortot !

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