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«SALLE CORTOT» : PROPPER – HOMMAGE À BERLIOZ

Salle Cortot 78 Rue Cardinet, 75017 Paris

20 Novembre 2022, 17 h

FEUX ET TONNERRES !

Daniel Propper, piano

Après la présentation de son disque Hommage pianistique à Berlioz au Cercle Suédois de la rue de Rivoli, à Paris (voir article sur le site le 11 juin 2022) et quelques récitals en Europe, Daniel Propper revient dans la capitale pour jouer les oeuvres de son disque à la salle Cortot. Dans cette salle nous revenons chaque fois avec plaisir grâce à sa parfaite acoustique et son architecture en bois, le public était aussi au rendez-vous. Ce concert d’après-midi nous plongea dans l’entourage de Berlioz avec des compositeurs amis qui ont écrit pour le piano lui qui n’a jamais écrit une note pour cet instrument. Comme au Cercle, Olivier Feignier a introduit chaque morceau et ce côté pédagogique était aussi utile qu’agréable car nous allions entendre des disciples de Berlioz quasi inconnus. Ainsi…Camille Moke mariée à Ignace Pleyel, le fils du fabricant de pianos, après avoir rompu ses fiaçailles avec Berlioz devient plus connue sous le nom de Camille Pleyel. Elle a composé en 1827 un charmant Rondeau Parisien op 1 . qu’interprète Daniel Propper avec légèreté et précision . La composition frôle parfois le Chopin des Nocturnes avant de s’emballer dans  un tourbillon dansant fait d’arpèges et d’accords. Suit la Deuxième Rêverie pour piano de Ferdinand Hiller (1835), un élève de Hummel dont il est un digne héritier. Une Rêverie qui porte bien son nom, dans la grande lignée romantique, genre qui nécessite une vraie subtilité qui pourrait facilement verser dans l’ennui, heureusement grâce au jeu plein de vie de Daniel Propper, nous y échappons. Théodor Döhhler fut surtout connu comme pianiste virtuose. Né à Naples il fut l’élève de Czerny  et en garda toujours ce goût pour la virtuosité. Elevé au rang de baron, il en profita pour voyager  et se produisit avec succès dans toute l’Europe. Les encyclopédies musicales citent peu son œuvre et la Grande Étude de Concert permet à Daniel Propper d’assumer avec brio la tradition de virtuose de l’auteur. La main est précise et le toucher ferme, qualités indispensables pour exécuter les solides accords de la main gauche du début du morceau. C’est encore avec une compositrice que le tonnerre promis par le programme arrive jusqu’au piano. Chez  Juliette Dillon les rebondissements ne manquent pas, elle a transcrit le Neuvième Conte Fantastique d’Hoffman qu’elle a dédié à Berlioz, grand absent du répertoire, le morceau passe du solennel de l’ouverture au feu de l’agitation qui annonce ce fameux tonnerre, avec au passage l’évocation d’un thème digne d’une fugue de Bach, pour finir par un savant dialogue rythmé par la main gauche. La Danse des Fées  d’Émile Prudent commence majestueusement par un balancement qu’on pourrait assimiler au swing avant que n’arrive le thème majeur staccato qui nous évoque une vraie danse des fées, avec petites filles en tutu qui sautillent jusqu’au presto final. Mais revenons au rôle titre avec Berlioz, Théodore Ritter a composé en 1882 la Marche Funèbre d’Hector Berlioz op 83, quinze ans après les funérailles du compositeur;  elle a belle allure, débutée par un crescendo qui donne le rythme des pas de la marche auquel succède un autre motif à la fois puissant et grandiloquent, mais déjà la mort freine sa marche et on sent une sorte de ralentissement qui marque l’hésitation et le doute avant de se perdre dans un dernier crescendo final. La rigueur de Daniel Propper alliée à une agilité nommée virtuosité et une vraie puissance de la main gauche donne à ces prestations une espèce d’authenticité et de grâce. En peinture, il est souvent agréable de contempler les œuvres de petits maîtres, avec ce concert on peut constater qu’il en est de même en musique. Avec ce concert, grâce au talent et à la rigueur de Daniel Propper on a pu savourer le plaisir d’entendre et de découvrir Les Feux et les Tonnerres de compositeurs oubliés.

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