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Salle Cortot, 78 rue Cardinet 75017 Paris
vendredi 14 avril 2023, 20h30
Johannes Brahms :3 Intermezzi op.177
Robert Schumann : Kreisleriana op.16
Nikolaï Medtner : Mélodies oubliées op.38
Vittorio Forte, piano
C’est dans cette salle mythique, dans le cadre du Festival Nuits du Piano (créé en 2012 en collaboration avec l’École Normale de Musique de Paris Alfred Cortot) que pour la première fois Vittorio Forte a donné un récital pour le lancement de son dernier album : MUSE (Odralek, Odrcd 430 ) consacré à Nikolaï Medtner
Pianiste italien (né en Calabre en 1977), Vittorio Forte a été l’élève de José Lepore pédagogue argentin, puis de Christian Favre à la HEM de Lausanne qu’il intègre en 2004. Au sein de l’institution, International Piano Academy Lake Como il reçoit les conseils de Andreas Staier, Menahem Pressler… Il a aussi suivi les conseils de François-René Duchâble, Jean-Marc Luisada et Paul Badura-Skoda ! Lauréat de divers concours, il se produit dans plusieurs pays d’Europe ainsi qu’aux États-Unis. Sa carrière discographique montre la diversité de son répertoire ainsi que l’originalité des programmes qu’il propose.
Bon, la poèsie, la virtuosité, étaient bein présentes dans son récital. Vittorio Forte a une manière bien à lui de poser ses doigts sur les touches du piano . On dirait qu’il les frôle, mais le son qu’il tire de son instrument est bien là où il veut en venir. Ainsi la douceur des berceuses de ma souffance comme nommait Brahms ses Trois Intermezzi op.117 a mis tout de suite un climat romantique dans la salle, qui avec les Kreisleriana op.16 s’est bien établi. La virtuosité dans l’exécution de ces huit pièces ne se sentait absolument pas, comme souvent certains pianistes nous la font sentir. Là avec une simplicité désarmente, il a bluffé l’auditoire! En deuxième partie il a interprété quelques extraits (huit morceaux) de son dernier disque: Muse de Nikolai Medtner. Ce compositeur est devenu à la mode – de nombreux pianistes font leur bis avec une composition de cet artiste, écrasé à l’époque par ses pairs comme Rachmaninov- Sa musique a la réputation d’être difficile, mélodiquement très dense, mais exigeante techniquement. Vittorio Forte pendant le récital et dans le cd et n’a pas l’air de souffrir pour l’interpréter; cela coule de source pour lui. La légereté des ses doigts, n’a d’égal que la poèsie et la viryuoisté qu’il en tire. Avec les deux bis dont un arragement stupéfiant sur une oeuvre de Carl Philipp Emauel Bach, après deux heures de récital, il a laissé le public pantois. Oui il a fait un triomphe, le mot n’est pas exagéré.
On profite de ce récital pour rappeler deux autres disques qu’il a enregistrés et qui ont été très appréciés par la presse. En 2018 toujours chez Odradek, c’est un disque sur Carl Emanuel Bach: Abschied (Odrcd368). On y trouve son style de virtuose (les variations sur la fameuse Folia d’Espagne) et une manière très classique d’aborder ce compositeur peu interprété au piano (les Fantasia, Rondo sont de pures merveilles).
En 2021 ce sont des transcriptions que le célèbre pianiste Earl Wild a composées – Earl Wild [re]Visions (Odrcd399)- . Ainsi passe-t-on de compositeurs baroques (Handel, Marcello) à des compositeurs russes (Rachmaninov, Tchaïkovski) et des improvisations sur des thèmes de Gershwin. Cette diversité est magnifique d’inventivité et superbement servie par le talent de Forte.
Bon, vous avez compris on ne se lasse pas de ce pianiste, allors faisons un bis avec cette composition si célèbre de Gershwin qui résume bien le talent de Vittorio Forte, au nom prédestiné…un peu facile pour terminer cet article non!!! Beinh le premier degré ne peut ne pas faire de mal !