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« VIVA L’OPÉRA » : VIVA PUCCINI 4 – MADAMA BUTTERFLY

Giacomo PUCCINI : MADAMA BUTTERFLY

Le 21 juin 1900 au Duke of York’s Theatre de Londres Puccini est enthousiasmé par une représentation de la pièce en un acte de David Belasco : Madame Butterfly a Tragedy of Japan de même inspirée d’une histoire de John L.Long (1898) et veut acheter les droits sur-le-champ, bien qu’il ne parle pas anglais. Après d’âpres négociations, le contrat n’est signé qu’en avril 1901 et les librettistes Luigi Illica et de Guiseppe Giacosa, réunis pour la dernière fois, se mettent à l’œuvre. L’histoire était parvenue à John L. Long par le biais de sa sœur, Jennie Correll, qui avait habité entre 1892 et 1894 à Nagasaki avec son mari missionnaire et qui avait alors connu à cette occasion une jeune fille de maison de thé appelée Chō-san ou Miss Butterfly. Elle aurait été séduite par un officier américain, William B. Franklin, de USS Lancaster.

De 1901 à 1903 les librettistes travaillent sur le livret et Puccini sur la composition. Il enquête sur les us et coutumes japonais et s’imprègne de la musique et du rythme nippon. Il va même jusqu’à rencontrer la femme de l’ambassadeur du Japon en Italie. À ceux qui lui reprochent de n’y être jamais allé, il réplique que « les drames humains sont universels » et il poursuit avec frénésie la recherche de documentation sur ce pays lointain y compris par une photo de la rade de Nagasaki que lui fournit Giulio Ricordi ou par un kimono que lui procure Illica. Il écrit justement à ce dernier en 1902 : « Désormais, je suis embarqué au Japon et je ferai de mon mieux pour le restituer. ». Le titre de l’opéra initialement retenu, Butterfly tout court, devient le 15 février 1904 par acte notarié Madama Butterfly deux jours seulement avant la première.

Madame Butterfly est un opéra sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa , représenté pour la première fois le 17 février 1904 à la Scala de Milan. L’opéra est qualifié de « tragedia giapponese in due atti ». Il a été représenté le plus souvent dans une version révisée en trois actes, en scindant l’acte II en deux parties plus courtes. L’œuvre est dédiée à Hélène de Monténégro, reine d’Italie.

© DR                                                                                              Giacomo Puccini et Arturo Toscanini

Après les succès retentissants de La Bohème et de Tosca, Puccini s’attendait à un accueil favorable. Mais la première représentation est un fiasco qui fera date, les sifflets et moqueries ayant commencé dès le lever de rideau. On ne sait si la création fut sabotée par l’éditeur rival de Ricordi, Sonzogno ou par la claque soutenant Pietro Mascagni. Le pire moment survint sans doute lorsque des chants d’oiseaux, simulés lors de l’intermezzo, donnent aux spectateurs l’idée d’imiter une basse-cour au grand complet. « Puccini tué .. Butterfly opéra diabétique », la presse s’en donne à cœur joie le lendemain de la première ! Puccini réagit et parle d’un « vrai lynchage ». Effarés, Illica et Giacosa exigent le retrait immédiat de l’opéra de l’affiche. Pourtant Puccini écrira « Vous allez voir à la fin je gagnerai.. » et il a eu raison. C’est le sixième opéra le plus joué au monde juste après Tosca.

©DR

L’opéra paraissait-il trop long et son découpage en deux actes rompait-il avec les habitudes de l’art lyrique italien ? Le 16 novembre 1902, Puccini avait écrit à Illica : « L’opéra doit être en deux actes […] Absolument, j’en suis convaincu, et ainsi, l’œuvre d’art apparaîtra telle à faire grande impression. Pas d’entr’acte [en français] et arriver à la fin en tenant cloué sur son fauteuil pendant une heure et demie le public ! C’est énorme, mais c’est la vie de cet opéra. ». Puccini remaniera l’opéra et le réorganisera en trois actes, mieux équilibrés. La nouvelle version présentée le 28 mai 1904, seulement trois mois après, au Teatro Grande de Brescia est un triomphe. Puccini, étant toujours insatisfait de son travail, retouchera constamment ses opéras, et surtout Madame Butterfly. En 1920, il revient une dernière fois sur la partition. Pendant la Seconde Guerre mondiale, après l’attaque de Pearl Harbor l’opéra n’est plus joué aux États-Unis, car jugé trop négatif quant à l’image américaine. Il contient pourtant la musique de The Star-Spangled Banner qui était alors uniquement l’hymne de l’United States Navy avant de devenir l’hymne américain. L’opéra contient également le Kimi ga yo, l’hymne impérial japonais. Aujourd’hui, la lutte antiraciste désigne coupable, ce spectacle de yellowface !

Argument

Nagasaki le quartier d’Omara, un jeune officier américain en escale, Benjamin Franklin Pinkerton, loue une maison traditionnelle et épouse à cette occasion une geisha de quinze ans, Cio-Cio-San (ce qui signifie en japonais « Madame Papillon »). Simple divertissement exotique pour lui, le mariage est pris très au sérieux par la jeune Japonaise qui renonce à sa religion. Après une cérémonie, gâchée par l’oncle bonze, se noue une brève idylle. Trois ans ont passé, espérant toujours le retour de Pinkerton dont elle n’a plus de nouvelles, Cio-Cio-San lui reste néanmoins fidèle et refuse des propositions alléchantes de mariage. Pinkerton revient enfin au Japon avec son épouse américaine et apprend qu’il a eu un fils en son absence. Quand Cio-Cio-San comprend enfin la situation, elle leur abandonne son enfant et se donne la mort par jigai en se poignardant.

La Scala di Milano 1986 – Yasuko Hayashi : Butterfly, Hak-Nam Kim : Suzuki, Peter Dvorsky : Pinkerton, Giorgio Zancanaro : Sharpless  mise en scène Ichiro Takada, Orchestre et Chœur de La Scala direction Lorin Maazel

 

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