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« VIVA L’OPÉRA » : VIVA VERDI 12 – DON CARLOS

Giuseppe VERDI – DON CARLOS

Don Carlos est un grand opéra à la française comme on appelait à l’époque, des œuvres du style de ceux de Meyerber avec décors, figurants, ballets, à la sauce hollywoodienne à laquelle on pourrait les comparer. C’est Joseph Méry et Camille du Locle qui ont écrit le livret à partir de la tragédie de Friedrich von Schiller. Il a été créé le 11 mars 1867 à l’Opéra de Paris en présence de l’Empereur Napoléon III.

Une version italienne a été écrite en 1884 sous le nom de Don Carlo et c’est sous cette version qu’il est devenu célèbre dans le monde entier. Pour un compositeur, voir triompher à l’Opéra de Paris une de ses œuvres était une consécration. Paris représentait un rêve en même temps qu’un cauchemar pour de nombreux compositeurs du xixéme siècle. Wagner essuya un four avec son Tannhäuser en 1861. En réponse à son éditeur parisien Léon Escudier qui parlait de ce fou de Wagner qui pensait qu’on pouvait écrire un opéra sans mélodie et en connaissant bien le public parisien, Verdi répondit quelques années plus tard : « Ne me parlez pas de Wagner avec ce mépris et avec cette aversion. Écoutez-moi bien, mon cher ami. Je vous prédis que les Parisiens d’ici quelques années ne jureront que par Wagner ». Verdi et Paris ce n’était pas un long fleuve tranquille. Après ses déboires avec Les Vêpres Siciliennes il s’était promis de ne jamais plus remettre les pieds à l’Opéra. Mais à Paris on lui avait pardonné son coup de colère avec cet opéra et on lui demandait avec insistance de remanier en français ses opéras. Émile Perrin le directeur de l’Opéra persuada Verdi d’écrire un nouvel opéra. Il songea de nouveau au Roi Lear qu’il essayait d’écrire depuis des années sans succès. Perrin dépêcha Escudier à Sant’Agata avec un projet de contrat et deux propositions : Cléopâtre que Verdi refusa tout net et le drame de Schiller Don Carlos. C’est à l’automne 1865 que le couple Verdi arriva à la capitale qui était en pleine transformation, l’opéra de Garnier était en chantier et sa façade de mauvais goût était déjà en place. Ce fut très compliqué pour le maestro de se plier aux exigences, aux lourdeurs, de l’opéra parisien cette grande boutique, et de mettre en musique les vers français de Mery. Conscient des difficultés il décida de retourner à Sant’Agata. C’est à cette époque que Napoléon III négocia avec l’Autriche (12 juin 1866). En octobre François-Joseph comme l’avait prévu la signature de la paix de Vienne cédera la Vénétie à la France qui la rétrocédera à l’Italie. Émile Perrin avait programmé la première de Don Carlos pour la mi-décembre mais les lenteurs de la maison ont fait que ce n’est qu’en mars 1867 que la première eu lieu ! Le succès fut mitigé mais l’opéra resta à l’affiche plusieurs mois. L’interprétation ne fut pas à la hauteur de la partition, et l’ennui de Verdi fut augmenté par le nombre insensé et la mauvaise qualité des répétitions – 250 ! – ce qui le poussa à quitter la France. L’impératrice, catholique fervente, n’apprécia pas cet opéra et manifesta clairement sa désapprobation où l’on présente Philippe II qui prend le pas sur le Grand Inquisiteur et que Verdi était ouvertement pour une Italie unifiée contre un état pontifical à Rome !

Á propos de la création anglaise de Don Carlos Verdi  écrivit à Léon Escudier : « Ainsi, à Londres, on monte bien une œuvre en quarante jours, alors qu’à Paris, il faut des mois pour la monter mal […]. Le rythme est lettre morte à l’Opéra de Paris et aussi l’enthousiasme. C’est votre faute à vous Français qui mettez des chaînes aux pieds des artistes sous prétexte de bon goût … comme il faut ». De Don Carlos il n’y a pas de version remaniée définitive. De ce point de vue c’est le seul opéra de Verdi qui pose autant de problèmes. La question de la bonne version reste ouverte.

ARGUMENT : L’action se passe en 1559 dans la forêt de Fontainebleau durant la négociation de la paix entre la France et L’Espagne : aux termes du traité, l’Infant d’Espagne Carlos épousera Élisabeth de Valois, la fille du roi de France Henri II dont il est amoureux. Mais l’ambassadeur d’Espagne en France vient annoncer la décision du roi d’Espagne, Philippe II, veuf, d’épouser la princesse Élisabeth. Cette dernière cède, renonçant à l’amour au nom de la raison d’État. Carlos, venu chercher près du tombeau de l’empereur Charles Quint un apaisement à son chagrin, est interrompu par l’arrivée de son ami Rodrigue qui rentre des Pays-Bas où il a été témoin des exactions de l’occupation espagnole. Carlos lui confesse son amour pour la reine. Rodrigue lui conseille de s’éloigner de la cour et de partir aider les Flamands. Au moment de se séparer, les deux hommes se jurent une amitié éternelle. Rodrigue profite d’une réunion chez le princesse Eboli, pour que la reine accorde une entrevue à Carlos. Celui-ci paraît mais Élisabeth lui rappelle que, désormais, elle est sa mère. Désespéré, Carlos s’en va. Le roi arrive, Rodrigue profite de cette entrevue pour plaider la cause des Flamands.

Le roi se laisse aller à des confidences, il soupçonne une intrigue entre son fils et sa femme et il demande au marquis de ne pas les perdre de vue puis lui conseille de se méfier du Grand Inquisiteur. La fête en l’honneur du mariage bat son plein et Élisabeth demande à la princesse Eboli de prendre ses vêtements et de se faire passer pour elle dans le ballet La Péregrina. La princesse espère séduire Carlos et lui déclarer enfin son amour au cours de cette nuit. Apercevant une femme masquée qu’il croit être la reine, Carlos se précipite vers elle avec des paroles enflammées, mais il s’aperçoit trop tard que c’est la princesse Eboli. Déçue la princesse jure de se venger. Rodrigue tente de la calmer, mais en vain. Il conseille à Carlos de lui remettre les papiers compromettants qu’il pourrait avoir en sa possession. Le roi, la reine, la cour, le clergé et le peuple sont assemblés : des hérétiques condamnés par l’Inquisition vont être brûlés. Une délégation de députés flamands, avec Carlos à sa tête, interrompt cette exécution et les députés demandent au roi de bien vouloir écouter leur supplique, mais Philippe les fait arrêter. Carlos, indigné, tire l’épée contre son père, ce qui lui vaut d’être arrêté par son ami Rodrigue. Philippe II est plongé dans la tristesse de ne pas être aimé de sa femme, lorsqu’on lui annonce l’arrivée du Grand Inquisiteur. Le roi l’a fait venir afin de lui demander s’il peut condamner son fils à mort pour s’être rebellé contre lui. Le Grand Inquisiteur lui répond par l’affirmative et, en contrepartie, réclame au roi la vie de Rodrigue, pour ses idées subversives. Arrive la reine qui demande justice pour le vol d’un écrin. Philippe II le lui tend, l’ouvre et oblige la reine à reconnaître le portrait de Carlos sur un médaillon. Devant l’accusation d’adultère, la princesse Éboli avoue à la reine avoir volé elle-même l’écrin pour la faire accuser. Élisabeth lui laisse le choix entre le couvent et l’exil.

Rodrigue rend visite à Carlos en prison et il lui avoue qu’il est un homme menacé après que l’on a découvert chez lui les documents compromettants que lui avait remis Carlos. Deux hommes pénètrent alors dans la cellule et tuent Rodrigue. En expirant, Rodrigue confie à Carlos qu’Élisabeth l’attend le lendemain au couvent de Yuste. Le roi, escorté du Grand Inquisiteur et des princes, arrive pour délivrer son fils, mais celui-ci le repousse. On entend sonner le tocsin et le peuple envahit la prison pour délivrer l’infant. Mais l’intervention du Grand Inquisiteur décourage le peuple, qui finalement se rallie au roi. Dans le couvent de Yuste, Élisabeth est en train de prier devant le tombeau de Charles Quint, lorsque Carlos vient lui annoncer son départ pour les Flandres. Ils se disent adieu au moment où arrive le roi, accompagné du Grand Inquisiteur. Celui-ci veut faire arrêter l’infant qu’il soupçonne de vouloir soutenir les Flamands. Don Carlos se défend. À ce moment, un moine arrive et porte la couronne royale. Il entraîne Carlos dans les profondeurs du cloître. Le roi et tous ceux qui sont présents sont frappés de stupeur en croyant reconnaître dans le moine l’empereur défunt.

Opéra Bastille 2017. Une mise en scène épouvantable de Krzyszto Warlikowski, mais une belle distribution vocale avec un Rodrigo d’anthologie ! Philippe II : Ildar Abdrazakov, Don Carlos : Jonas Kaufmann, Rodrigue : Ludovic Tézier, Le Grand Inquisiteur : Dmitry Belosselskiy, Elisabeth de Valois : Sonia Yoncheva, La Princesse Eboli : Elīna Garanča, Un Moine : Krzysztof Baczyk, Thibault : Eve-Maud Hubeau, Orchestre et Chœur de l’Opéra de Paris sous la direction de Philippe Jordan

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