MARCHER SUR L’EAU
un film de Aïssa Maïga
sortie le 10 novembre 2021
L’HISTOIRE
Une communauté villageoise dans le village de Tatiste (Niger), se bat pour avoir accès à l’eau dans le contexte du réchauffement climatique, avec la promesse d’un puits.
L’AVIS
Marcher Sur l’Eau débute par un plan qui survole une contrée désertique, digne d’une une super production. L’image est magnifique, et tout le film a cette qualité photographique dû à Rousslan Dion. Passée cette première impression on se pose la question : est-ce une fiction? Un documentaire ? Mais vite on oublie cette stupide interrogation. La talentueuse réalisatrice Aïssa Maïga nous raconte l’histoire du village de Tatiste, dans le nord du Niger, victime du réchauffement climatique, qui se bat pour avoir accès à l’eau par la construction d’un forage. Chaque jour, Houlaye quatorze ans, comme d’autres jeunes filles, marche des kilomètres pour aller puiser l’eau, essentielle à la vie du village. Cette tâche quotidienne les empêche, entre autres, d’être assidues à l’école. L’absence d’eau pousse également les adultes à quitter leur famille chaque année pour aller chercher au-delà des frontières les ressources nécessaires à leur survie. Pourtant, cette région recouvre dans son sous-sol un lac aquifère de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Sous l’impulsion des habitants et par l’action de l’ONG Amman Imman un forage apporterait l’eau tant convoitée au centre du village et offrirait à tous une vie meilleure. La réalisatrice s’exprime :
« Je me rappelle d’images du quotidien, en vacances chez la grand-mère. Des jarres étaient posées le long des murs des maisons sahéliennes, et, quand j’avais soif, je m’accroupissais près d’une jarre, je soulevais le petit couvercle en terre cuite et je me servais à boire. Cette eau venait du puits où j’allais souvent avec mes tantes. »
La jeune Houlaye habite le film comme les meilleures des actrices. Aïssa Maïga doit y être sûrement pour beaucoup, mais toutes les personnes du village sont troublantes de vérité et il en sort de ce film une émotion qui font de cette œuvre cinématographique indispensable. L’eau c’est la liberté de penser, c’est l’éducation, c’est l’émancipation des femmes, on est loin dans ce désert des petits combats féministes des bourgeoises citadines. Ici on est dans l’essentiel, la lutte pour exister, le pouvoir de prendre son destin en main. Aïssa Maïga rejoint avec son film le cinéma de Flaherty ! Marcher Sur l’Eau est un film d’une beauté troublante, utile, qui parle de réchauffement climatique et surtout d’humanité. Ne le laissez pas quitter les écrans, marchez vite vers une salle de cinéma qui le projette !
