15 Avenue Montaigne 75008 Paris
jusqu’au 19 mars 2023
Igor Stravinsky : Le Rossignol (1914)
Francis Poulenc : Les Mamelles de Tirésias (1947)
François- Xavier Roth, direction
Olivier Py, mise en scène
Pierre-André Weitz, scénographie, costumes
Bertrand Killy, lumière
Les Siècles, orchestre
Ensemble Aedes, chœur, Mathieu Romano, direction
Olivier Py a cherché la quadrature du cercle en voulant faire coïncider ces deux opéras si différents à tout point de vue. L’un, Le Rossignol, est une suite musicale avec voix d’après le conte d’Andersen réécrit par Stepan Mitoussov et Les Mamelles de Tirésias un opéra bouffe d’après une pièce homonyme de Guillaume Apollinaire. L’un date de 1914, l’autre très souvent remanié avant-guerre, a un rapport à la première guerre, Les Mamelles a été joué seulement en 1947. Si on n’a pas lu le programme et la conversation d’Olivier Py, on risque d’être perdu. Où est donc l’Empereur de Chine ? Ah la sublime Sabine Devieilhe est le rossignol…
Mais pourquoi la voit-on devant une table de maquillage et changer si souvent de costumes…Et pourquoi partout est écrit Mamelles dans ce décor qui ressemble à un arrière de théâtre avec un étage où se trouvent des loges ? En fait l’idée de Py c’est que pendant que Les Siècles, magnifique, sous la direction exigeante de Roth joue l’opéra de Stravinsky, les chanteurs, tout en interprétant leur rôle du Rossignol, se préparent pour entrer en scène pour les Mamelles, de l’autre côté du rideau où on aperçoit la salle de spectacle ! ! Nous sommes dans les coulisses d’un théâtre où se joue Les Mamelles ! Ce n’est qu’après l’entracte que nous serons dans la salle, à peine entrevu en première partie, le décor est celui du Zanzibar, là où se passe l’action de l’opéra de Poulenc. Un brin compliqué tout cela. Si dans les coulisses il ne se passe pas grand-chose au niveau mise en scène seule la musique et les superbes voix (Laurent Naouri, Cyrille Dubois entre autres) ont interprété les mélodies de Stravinsky, c’est donc Les Mamelles de Tirésias qui fait le spectacle.
On retrouve toutes ces voix du Rossignol et surtout de très bons comédiens aussi. Jean-Sébastien Bou le mari de Thérèse (incroyable Sabine Devieilhe qui se lâche ici), Victor Sicard en leatherman, Rodolphe Briand en grosse dame aux seins généreux et nus, font le show. À Zanzibar, Olivier Py s’est déchainé, tendance travesti, homo en string… À Zanzibar on parle, joue, le cul à outrance, sans retenu. Cet opéra curieusement parle des sujets d’actualités (les textes sont d’origine) la féminité, le genre…Py s’exprime : « …lui et moi (Poulenc) avons des points communs. Croyants voire mystiques, homosexuels, ouvert aux genres artistiques du plus léger au plus élevé, avec une grande liberté et une quête de profondeur. J’ai d’ailleurs eu le sentiment d’une responsabilité, car Poulenc n’a pas toujours suscité une admiration unanime…Ces œuvres – Les dialogues des Carmélites, La voix humaine, Les Mamelles de Tirésias – éclairent très puissamment notre difficile XXIème siècle qui n’est pas spirituel, contrairement à ce qui a été prophétisé. »
Si vous aimez le sexe sans pudibonderie, les spectacles potaches, vous avez jusqu’au 19 mars pour aller voir et surtout entendre ces deux opéras ! Musiques et chanteurs superbes et Rires garantis !