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« AUDITORIUM RADIO FRANCE » : DEBUSSY – DUBUGNON – PROKOFIEV – LE PHILHAR – GABEL

Auditorium Radio France, Paris

Le 13 juin 2019

Orchestre Philharmonique de Radio France

Fabien Gabel direction

Claude DEBUSSY : Pelléas et Mélisande, suite arrangée par Alain Altinoglu

Richard DUBUGNON : Eros Athanatos

Jean-Yves Thibaudet piano

Gautier Capuçon violoncelle

Serge PROKOFIEV : Sonate pour deux violons op.56

Amandine Ley violon

Florent Brannens violon

Serge PROKOFIEV : Roméo et Juliette, extraits des suites d’orchestre

Voilà une soirée bien programmée, placée sous les signes d’Eros et Thanatos avec cette envie très contemporaine, d’immortalité : AthanatosLes couples Pelléas et Mélisande, Roméo et Juliette, Thibaudet et Capuçon, Ley et Brannens n’ont parlé que de passion, d’amour, de mort et d’immortalité.

L’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la baguette précise et fougueuse de Fabien Gabel a exploré les tragiques destins de ces couples devenus immortels dans la mythologie littéraire et musicale.

La suite Pelléas et Mélisande d’après l’opéra de Debussy n’a pas convaincue le public. Pourtant cette suite arrangée par le chef d’orchestre Alain Altinoglu, portait tout le climat de l’œuvre. Elle suivait parfaitement la chronologie de la scénographie musicale du chef-d’œuvre de Debussy, avec cette magnifique introduction lente et sombre, jusqu’à la lumière cristalline qui suit la mort de Mélisande. L’esprit debussyste était très présent et l’orchestre était parfaitement au diapason ; peut-être faut-il connaître l’opéra pour mieux apprécier cette suite tragique où la magie diaphane transparaissait.

Cette suite est moins bruyante, fracassante, que celle extraite du ballet Roméo et Juliette, autre couple mythique, mis en musique par Prokofiev, avec la scie musicale qu’est le thème Montaigus et Capulets. Le public fut un brin désarçonné par le final tout en douceur – Roméo au tombeau de Juliette -. Il faut dire que la Mort de Tybalt, très violente, avait des accents d’ultime extrait et a eu droit à des bravos et applaudissements ! C’était justice car le Philhar s’est donné à fond !

Eros et Thanatos étaient aussi très présents dans la sonate pour deux violons de Prokofiev, avec une superbe violoniste toute de noir vêtue et un non moins excellent violoniste. Amandine Ley et Florent Brannens se sont livrés à un combat passionnel, ont chanté un duo mélancolique empreint d’un lyrisme morbide pour finir dans un allegro con brio qui n’est pas la meilleure partie de l’œuvre, un brin caricaturale. Mais quel enthousiasmant moment de la soirée, peut-être celui qui nous a ravi le plus.

Le duo amoureux ( ?) Thibaudet / Capuçon – très concentré – n’était pas en reste avec la création française d’Eros Athanatos de Richard Dubugnon. C’est une commande de Radio France – co-commande de West Australian Symphony Orchestra avec le soutien de Jude et Barrie Lepley, Royal Flanders Philharmonic, Beijing Music Festival Arts Foundation. C‘est un grand mouvement avec quatre grandes parties, une sorte de concerto pour piano et violoncelle. Il est d’un abord facile à l’écoute. Il commence très romantique à la manière de Rachmaninov, puis on entend des réminiscences jazzy à la Copland, à la Gershwin, une forme très libre certes, mais on ne voit pas trop où veut nous emmener le compositeur ; le piano et le violoncelle se répondent souvent avec agressivité ; le violoncelle serait-il Eros, le piano Thanatos ? Si c’est le cas, dans cette joute pseudo amoureuse c’est le piano qui gagne, mais en définitif, à la fin, l’œuvre devient Athanatos, donc immortelle ; c’est ce qu’on peut souhaiter à la composition de Dubugnon pour son futur.

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