Éditions InAures CD2501
Il Sestier Armonico : Francesca Ascioti, contralto, Claudio Rado, violon, Priska Comploi, o boe, Giulio De Nardo, orgue et direction
L’orgue n’est pas l’instrument initialement associé à la musique d’Antonio Vivaldi, et pourtant le compositeur vénitien lui a consacré des pages d’un grand raffinement, séduit par ses possibilités sonores et techniques en constante évolution. Le CD Il suono ritrovato, publié par InAures et le fruit de la passion et des recherches du maestro Giulio De Nardo, directeur d’Il Sestier Armonico. Il met en lumière, les sonorités et les couleurs que le Prêtre Rouge cherchait à exalter. Au XVIIIème siècle, la facture d’orgues vénitiens atteignit des sommets remarquables, offrant une vaste palette de couleurs sonores et en faisant un modèle unique dans l’histoire des instruments à clavier. Grâce à l’utilisation de deux instruments originaux – l’orgue de la Villa San Fermo à Lonigo (VIème siècle), attribué à Giacinto Pescetti, et l’orgue de l’église San Giacomo Apostolo à Polcenigo (PN) Il Sestier Armonico restitue aujourd’hui les sonorités authentiques recherchées par le compositeur. L’album contient le Concerto pour hautbois, violon, orgue, cordes et basse continue en do majeur RV 554 ; le Concerto pour violon, orgue, cordes et basse continue en ré mineur RV 541 ; le Concerto pour violon, orgue, cordes et basse continue en fa majeur RV 767 ; la Sonate pour violon, hautbois, orgue et chalumeau ad libitum RV 779 ;l’aria Noli, o cara, te adorantis de l’oratorio Juditha Triumphans RV 644 ; le Concerto pour violon, orgue, cordes et basse continue en do mineur, RV 766, et le Concerto pour violon, orgue, cordes et basse continue en fa majeur, RV 542.
L’intérêt de ce CD réside dans le fait que ces pièces sont présentées avec deux instruments vénitiens originaux du XVIIIème siècle, contrairement à d’autres enregistrements qui, à l’époque moderne, ont souvent privilégié l’utilisation d’instruments historiquement inappropriés, étrangers aux oreilles du Prêtre Rouge. La vraie révélation de l’album, c’est cette capacité à rendre le baroque viscéral. De Nardo ose : des choix harmoniques inattendues, des ruptures de rythme qui surprennent et électrisent.
Parmi les moments forts de l’album, l’aria d’Holoferme interprétée par Francesca Ascioti se distingue. La voix de la contralto déploie une voix profonde et expressive offrant une interprétation poignante du personnage. De Nardo soutient cette performance avec finesse, créant une atmosphère intime et émotive. Il suono ritrovato, est un Vivaldi qui brûle et éblouit, un Vivaldi retrouvé, bref un disque qui ne se contente pas de jouer ce compositeur prolifique, il le ressuscite ! Cet album est le premier de cette édition, espérons qu’il y en aura d’autres de cette qualité.