Mardi 16 avril 2019- 12h30
Marie-Laure Garnier, soprano
Secession Orchestra
Clément Mao-Takacs, direction
Si l’exposition « Le Modèle Noir » pose problème sur son point de vue – comme souvent les expositions du Musée d’Orsay – Le choix musical pour l’accompagner à l’Auditorium est plus lisible et d’une grande cohérence.
Clément Mao-Takacs avec son orchestre à géométrie variable – Secession Orchestra – et avec la participation de la soprano d’origine guyanaise Marie-Laure Garnier, a choisi d’interpréter des œuvres de compositeurs d’origine américano-africaine, Robert Nathaniel Dett, Tom Blind Tom Wiggins et des compositions de compositeurs blancs qui ont été soit influencés par le jazz (Debussy avec son « The little Nigar » extrait de « Children Corner » ) soit préoccupés par la question du colonialisme, du racisme ( Xavier Montsalvatge – « Cinco canciones negras pour chant et orchestre », 1945) ou par l’assassinat de Martin Luther King (Luciano Berio – « O King »). Bien sûr il ne pouvait pas passer sous silence l’opéra de Gershwin « Porgy and Bess », opéra totalement dédié à la communauté noire dont les airs sont chantés de part le monde et interprétés sous toutes formes musicales. Marie-Laure Garnier a choisi le fameux Summertime, la berceuse que chante une femme, au début de l’opéra, pour endormir son enfant. Avec une voix peut-être trop puissante et avec un manque d’émotion, Garnier l’a chanté parfaitement musicalement. C’est dans le « O King » de Berio qu’elle nous a le plus impressionné. Ecrit en hommage à Martin Luther King au lendemain de son assassinat, ce morceau est composé de phonèmes isolés qui forment des syllabes puis des mots jusqu’à l’énoncé complet du nom du leader noir. Morceau éminemment politique c’est avec précision et concentration que Marie-Laure Garnier l’a chanté soutenu par une direction incisive de Mao-Takacs. « In the Bottoms » est une suite écrite en 1913 par le compositeur Dett (1898-1937). Aux accents dvorakiens elle comprend cinq pièces qui témoignent de la vie des noirs au long des rivières du sud. Robert Nathaniel Dett a été le premier directeur noir d’un institut de musique à l’Université de Hampton. Cette musique simple, lyrique à souhait, se laissait écouter avec un certain plaisir. « Les cincos canciones » composés sur des rythmes de rumba par le catalan Montsalvatge qui date de 1945, sont toujours hélas d’une grande actualité; Marie-Laure Garnier et l’orchestre Secession Orchestra se sont emparés de cette musique avec fougue – Garnier était là dans son élément- et ont fait vibrer le public de l’auditorium qui après des applaudissements fournis, a eu droit à un bis d’un de ces canciones. Concert simple, plein de bonnes intentions, il a montré différentes facettes d’une vision de l’identité noire. Le seul bémol de ce lunch time bien organisé et qu’il n’y avait pas un seul auditeur d’origine noire dans l’auditorium d’Orsay..