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« ARRAS FILMFESTIVAL» : 24ÈME ÉDITION – JOUR 1

5 novembre 2023

Le festival vient de commencer et on est sur place pour un week-end décalé (comme nous). La programmation les horaires jusqu’au 12 novembre peuvent être consultés sur le site. Dès notre arrivée après les rencontres d’usage (très bien organisé, ils ont l’habitude depuis le temps) on s’est engouffré pour ne plus sortir des salles obscures. Le programme de notre journée :

 

11h30: MUNCH de Henrik Martin Dahlsbakken (Norvège, 2023, 1h44, vostf) avec Alfred Ekker Strande, Mattis Herman Nyquist, Ola G. Furuseth, Anne Krigsvoll, Thea Lambrechts Vaulen. Évocation de la vie du célèbre peintre norvégien Edvard Munch à travers quatre périodes importantes de sa vie.

13h45: HOTEL PULA de Andrej Korovljev (Croatie, 2023, 1h33, vostf) avec Nika Grbelja, Ermin Bravo, Petra B. Blaskovic, Nika Ivancic, Maja Izetbegovic, Jasmin Telalovic En 1995, à Pula, Una rencontre un réfugié bosniaque, plus âgé qu’elle, et très peu loquace sur son passé.

16h30: RESTORE POINT de Robert Hloz (République tchèque, 2023, 1h51, vostf) avec Andrea Mohylova, Matej Hadek, Vaclav Neuzil, Milan Ondrik, Karel Dobry, Agata Cervinkova En 2041, une jeune policière intrépide enquête sur un double meurtre qui implique les détenteurs d’une technologique révolutionnaire

19h: MONSIEUR, VOUS ÊTES VEUVE de Vaclav Vorlicek (Tchécoslovaquie, 1971, 1h37, vostf) avec Iva Janzurova, Olga Schoberova, Eduard Cupak, Jiri Sovak Voulant dissoudre son armée, un roi provoque un vent de folie chez ses généraux et le chaos dans son pays

21h30: BOSNIAN POT de Pavo Marinković (Croatie, Autriche, 2023, 1h43, vostf) avec Senad Basic, Andreas Kiendl, Bruna Bebic, Birgit Stöger, Admir Glamocak Ayant fui la guerre en Bosnie, un écrivain raté doit se démener pour conserver son titre de séjour en Autriche.

Cette année les pays de l’Est sont à l’honneur et cela est une formidable idée, car souvent ce cinéma n’est peu ou pas distribué en France. Aujourd’hui on n’a pu assister à deux films croates, deux films tchèques dont deux premiers films.

Andrej Korovljev a réalisé des documentaires – Tusta, sur une rock- punk célèbre 2019 – et dans ce premier film – Hôtel Pula – cela se sent sur la vision des émigrés de cette terrible guerre des Balkans dans les années quatre-vingt-dix et la fin de la fédération yougoslave. Le film se passe en Croatie avec des émigrés bosniaques – il nous rappelle à notre bon souvenir par rapport à ce que l’on vit actuellement – Comme souvent dans les premiers films on veut aborder beaucoup de sujets et on se disperse en oubliant de mettre plus d’épaisseur au scénario, aux personnages. On s’aperçoit que l’intégration est un vain mot ! Le ailleurs mieux et pourquoi ?

Ce sujet d’émigration on le retrouve dans un tout autre style sur le problème de la carte de séjour – Bosnian Pot –  Ici le scénario est plus concis, on est encore avec des Bosniaques mais qui vivent en Autriche. Ce qui fait le charme du film c’est l’ambiance de ces émigrés qui bien qu’ils se soient intégrés à vivre dans un autre pays ils vivent ensemble. Proposé comme une comédie le film de Pavo Marinković ne nous fait pas rire du tout, même si la fin est plus optimiste que le précédent. Pavo Marinković est né en 1967 à Zagreb, Croatie. Il est scénariste et producteur. Il est connu pour Ministarstvo Ljubavi( 2016), Treseta (2006), Slika (2013).

Pour quitter ces ambiances anxiogènes, nous sommes allés retrouver ce parfum si particulier des comédies loufoques tchèques des années soixante-dix – Monsieur vous êtes Veuve -. Vaclav Vorlicek faisait partie de la nouvelle vague tchèque au même titre que Milos Forman, Ivan Passer, Věra Chytilová (Les Petites Marguerites est donné pendant le festival). Il n’a pas fait beaucoup de films mais il faut revoir ses comédies telles que La Fille sur le Balais, Qui veut Tuer JessieComment noyer le Docteur Mracek.

Le mythe de Frankenstein à la sauce huluberluesque de Vorlicek on le retrouve plus sérieux et glaçant dans un autre film tchèque, un premier film, Restor Point – un polar science-fiction, celui de  Robert Hloz. Avec trucages réussis (le film se passe en 2041) et budget conséquent, ce polar assez classique dans sa forme et dans le scénario, style les séries américaines  NY Police judiciaire, avec un twist final prévisible depuis les dix premières minutes se laisse regarder avec plaisir. Hélas la musique est insuportable, pauvre Debussy et son Claire de Lune mal arrangé par un plus mauvais Zimmer ce n’est pas peu dire ! Andrea Mohylova, est superbe dans le rôle de la flic incorruptible.

Mais quand même c’est ce matin, en arrivant à la première projection, qu’on a été happé par le film de Henrik Martin Dahlsbakken. Bon il a réalisé de nombreux film et on sent qu’il a du métier. Mais ce qui nous a le plus passionné c’est la manière qu’il a trouvé pour raconter Munch. Aucune continuité, chronologie, de la vie de l’artiste, il nous entraîne dans les méandres de sa vie, de ses angoisses, en déconstruisant sa vie. On passe allégrement de son âge adulte, à la fin de sa vie, de sa jeunesse, du noir à la couleur et quelles couleurs, avec des ruptures de ton (jeu de mots assumé), comme ses peintures (on les aperçoit à peine). Par petite touche comme le ferait un peintre Dahlsbakken raconte la vie de cet artiste avec ses névroses, ses obsessions, ses rencontres. Et pour aller plus loin, passage magique à tout point de vue qui a dû désorienter pas mal de spectateurs, Henrik Martin Dahlsbakken va jusqu’à reprendre les pensées de Munch sur ce qu’est l’art, la création, ses pensées universelles, en les transposant dans le Berlin d’aujourd’hui avec un Munch jeune artiste du XXIème siècle – oui Munch est passé par Berlin mais à son époque – Le réalisateur a mis cinq ans pour réaliser ce film et on peut le comprendre. Le Musée d’Orsay a fait dernièrement une magnifique rétrospective de sa peinture – voir l’article sur le site – dommage que ce film n’était pas à l’affiche au même moment car il aurait permis de mieux comprendre la peinture de Munch. Oui ce film est un long poème de vie, d’amour et de mort dans tous les sens du terme. On en reparlera à sa sortie le 20 décembre 2023. Film si dense qu’il mérite une deuxième vision. Voilà une journée bien rempli par des images qui parlent si bien de l’âme humaine, c’est cela le vrai cinéma et c’est cette diversité qu’offre le Festival d’Arras. À.. suivre..demain

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