6 novembre 2023
Le programme de notre deuxième journée :
9h30: LES PAYSANS de DK Welchman, Hugh Welchman (Pologne, 2023, 1h54, vostf) avec Kamila Urzedowska, Robert Gulaczyk, Miroslaw Baka, Sonia Mietielica, Ewa Kasprzyk En Pologne au XIXe siècle, une belle jeune femme épouse un riche veuf malgré son désir pour le fils de celui-ci.
11h30: LE JOUR OÙ J’AI RENCONTRÉ MA MÈRE de Zara Dwinger (Pays-Bas, Pologne, 2023, 1h30, vostf) avec Rosa van Leeuwen, Frieda Barnhard, Lidia Sadowa, Maksymilian Rudnicki Une gamine de 11 ans qui vit en foyer est soudain embarquée par sa mère dans une folle cavale vers la Pologne.
14h : PATERNEL de Ronan Tronchot (France, 2022, 1h33) avec Grégory Gadebois, Géraldine Nakache, Lyes Salem, Anton Alluin, Noam Morgensztern, Sarah Pachoud La vie d’un prêtre est bouleversée par l’arrivée de son ancienne compagne et de leur fils de 11 ans, dont il ignorait l’existence
16h30 : PHOTOPHOBIA de Ivan Ostrochovsky, Pavol Pekarcik (Slovaquie, Ukraine, 2023, 1h11, vostf) avec Nikita Tyshchenko, Viktoriia Mats, Yana Yevdokymova, Yevhenii Borshch La guerre en Ukraine à travers le quotidien de deux enfants réfugiés avec leur famille dans le métro de Kharkiv.
19h: EUROPA, EUROPA de Agnieszka Holland (Allemagne, France, Pologne, 1990, 1h52, vostf) avec Marco Hofschneider, Julie Delpy, André Wilms L’incroyable odyssée d’un jeune juif, devenu un héros de la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale après avoir fui l’Allemagne nazie.
21h30 : ET LA FÊTE CONTINUE de de Robert Guédiguian (France, 2023, 1h45) avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Gérard Meylan, Grégoire Leprince-Ringuet, Alice Da Luz, Pauline Caupenne Rosa, qui a toujours pensé aux autres, découvre à 60 ans qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser ses propres rêves.
Dès ce matin, à la première projection on a eu un choc visuel avec Les Paysans. Une histoire écrite par Wladyslaw Reymont, prix Nobel de littérature, l’écrivain de La Terre de la Grande Promesse qu’avait mis en scène Wajda (1974), la deuxième adaptation cinématographique. Le succès du roman Les Paysans dépassera le succès du précédent, et sera publié pendant quatre ans (1904-1909) dans Tygodnik Ilustrowany. Cette grande fresque en quatre volumes est une évocation des grandeurs et des misères de la vie paysanne polonaise à la fin du XIXème siècle vivant selon l’ordre du grand rythme terrien dicté par la nature. Trois personnages d’une stature romanesque exceptionnelle se distinguent de la communauté : le vieux Boryna, son fils Antek et la jeune et belle Jagna qui devient l’objet de la rivalité des deux hommes. Ce livre fera l’objet de l’adaptation cinématographique très réussie en 1973 par Jan Rybkowski. Cette nouvelle adaptation a été tournée comme un vrai film puis a été colorisée, peinte plutôt, ce qui lui donne un aspect d’animation. Le travail de DK Welchman, avec la participation de son mari Hugh Welchman est brillant, vertigineux, avec des scènes comme celle du mariage qui est hallucinante de beauté. Ce film est une merveille dans tous les sens du terme. L’actrice qui a le rôle principal, Kamila Urzedowska, est d’une beauté à couper le souffle. Les acteurs, les décors, les costumes ainsi repeints, ajoutent à la poésie de cette histoire tragique, anti-féministe et anti-masculine, encore une histoire sur les profondeurs de l’âme humaine et ses dérives. L’âme humaine et ses tourments il en sera question tout au long du film, très classique et consensuel, le premier film de Ronan Tronchot – Paternel – Le film tient surtout sur l’exceptionnelle prestation de Grégory Gadebois. Proprement réalisé il manque le point de vue de ce jeune réalisateur sur ce questionnement du mariage des prêtres. Avec le documentaire on va encore plus loin dans les affres des comportements humains, celui de la guerre en Ukraine. À partir d’une population qui vit dans les sous-sols de métro pour échapper aux bombardements, Ivan Ostrochovsky et Pavol Pekarcik arrivent à faire un projet artistique passionnant sur cette population qui n’est pratiquement pas sortie du métro depus deux mois et donc vit sans la présence de la lumière naturelle d’où ce titre Photophobia !
Pour rester dans les films de l’est c’est un road-trip que propose Zara Dwinger avec Rosa van Leeuwen, Frieda Barnhard, la mère et la fille qui jouent à la Bonnie and Clyde de pacotille. C’est drôle, touchant, poétique même, et parle du rapport à la maternité, comment grandir l’une comme l’autre. Ce voyage initiatique est bourré de réminiscences de ces road-movies américains sur cette quête de soi, d’un ailleurs. Les cadres, la musique, les décors, la voiture choisis, tout concorde à nous faire croire que nous sommes aux États Unis alors que ce n’est qu’en Pologne que nous entraîne la réalisatrice. C’est très bien réalisé, très bien joué, Zara Dwinger a vraiment du talent, maîtrise parfaitement son sujet de bout en bout. Un film pour les enfants de onze ans et pour les futures mamans ou pas. Une réalisatrice, une autre qui fait mentir les féministes qui pensent que l’on reconnaît un film fait par une femme ou par un homme, avec la rétrospective de cette immense réalisatrice qu’est Agnieszka Holland, nous avons revu ce grand film qu’est Europa Europa (1990). Trente trois ans déjà et pas une ride ! Encore un film très actuel pour ouvrir les consciences et faire comprendre notre présent tout en n’oubliant pas le sens du spectacle et jouer sur le pouvoir des émotions. Et oui mesdames il existe de grands metteurs en scène femmes !
Jouer sur l’émotion, appuyer là où cela fait mal comme la politique des petits-pas d’une gauche en pleine déliquescence et surtout toujours dire son amour inconditionnel pour Marseille et les Arméniens c’est cela le cinéma de Robert Guédiguian et on l’aime toujours autant. La scène de l’hommage aux victimes de la rue d’Aubagne est d’une grande émotion et puis il y a Ariane, Jean-Pierre, Robinson, Gérard, ses acteurs qui savent apporter toute la poésie que dégage les films de cet éternel enragé. Du bel ouvrage avec une musique superbe qui accompagne tout le long le film, celle de Michel Pétrossian qui avait déjà composé pour Gloria Mundi. Engagement et amour, la fête continue à Arras avec encore de belles journées en perspective. Ah aujourd’hui l’âge moyen des spectateurs a baissé ; il était de cinquante ans voir plus mais des lycéens, option cinéma, sont venus; après avoir vu Mon Nom est Personne, ils ont assisté heureux à Le Jour où j’ai Rencontré ma Mère, une belle initiative du festival ! À demain donc première projo 9h30