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« Audi Talents Awards » : Les Compositeurs Primés 2011 -2015

Audi Talents Awards 2015

Les Audi Talents Awards (ATA) furent créés pour la France en 2007. Ils récompensent, chaque année, de jeunes talents dans les domaines de l’art contemporain, du design, de la musique et du court métrage. Depuis 2011 c’est la musique à l’image qui a remplacé la musique. Dans chaque catégorie, un jury de quatre personnes est chargé de dresser une liste de quatre nommés, puis de récompenser l’un des artistes. Audi investit plus d’un million d’euros à l’année sur les lauréats entre production et communication. Nous nous sommes entretenus avec les lauréats de ce concours, la plupart par téléphone car ils sont tous des provinciaux.

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PASCAL LENGAGNE

En 2011 vous avez été le premier lauréat des Audi Talents Awards pour la musique à l’image : comment avez-vous découvert ce concours ?

Si je me souviens bien, deux ans avant que je participe, j’écoutais dans ma voiture Radio Nova et j’ai entendu une pub pour les ATA. Mais je ne me sentais pas concerné parce que c’était un concours pour artiste-interprète, des groupes. Ils ont changé l’année où j’ai participé et lorsque j’ai vu que dans le jury il y avait Graig Armstrong, Patrice Leconte, Éric Michon d’Universal, j’ai tenté ma chance. C’était au moment où j’étais entre deux boulots, j’avais du temps.

Est-ce que ce prix a changé votre vie de compositeur ?

Déjà il m’a amené un supplément de confiance en moi. Apparemment Graig Armstrong avait apprécié mon travail et aurait pas mal pesé dans la balance pour que je sois le finaliste et que je devienne le lauréat. J’étais aussi content de rencontrer ce jury. Au niveau médiatique mon nom a beaucoup circulé et d’un seul coup j’ai eu une visibilité que je n’avais jamais eue.

Et au niveau professionnel, avez-vous eu des contacts positifs ?

Pendant un an j’ai travaillé pour la marque, donc j’ai rencontré des productions, des réalisateurs qui travaillaient pour Audi, et aussi des agences de pub ; mais là il n’y a pas eu de suite. Mon nom a circulé et indirectement aujourd’hui je récolte les fruits de ce prix, même si cela a pris des chemins détournés. Récemment j’ai eu la chance d’avoir été choisi par Pascal Elbé pour son long-métrage qui sort au mois de décembre, Je Compte Sur Vous. C’est mon premier long-métrage.

Et ce choix vient de votre prix ?

Oui car Jérôme Lateur, qui est au départ l’initiateur des ATA, avait parlé de moi à Elise Luguern qui est superviseur musical et qui s’occupait du film de Pascal Elbé. Ils cherchaient un compositeur, mon nom était dans la liste, j’étais l’outsider. Ils ont fait des essais avec d’autres personnes et sont revenus aux propositions que je leur avais soumises.

Quel est votre style de musique ?

J’ai fait 15 ans de piano classique, j’ai fait de la musicologie, j’ai étudié par moi-même l’harmonie. Je n’ai pas fait le conservatoire. J’ai beaucoup aimé les compositeurs romantiques, cela se ressent dans ma musique, un fond nostalgique. Écrire pour les cordes ça ne me pose plus de problème. Avec les vents c’est plus compliqué. J’aime aussi tout ce qui est électronique et j’utilise ces outils, j’aime ce mélange acoustique électronique. D’ailleurs je travaille sur un projet de trio à cordes où je mélange le piano, les cordes et l’électronique.

Est-ce que votre intention de composer pour l’image est venue très tôt ?

C’était mon objectif de départ. Je ne me suis jamais vu interprète, j’ai toujours voulu travailler dans l’ombre, sur des projets en studio. C’est là où je suis le plus à l’aise, où j’écris facilement. Je n’ai pas l’intention de révolutionner ce milieu où il y a énormément de talents. Mais là je me sens en phase avec moi-même.

Lorsque vous étiez plus jeune y avait-il un compositeur que vous appréciez plus particulièrement ?

Il y en a un qui m’a beaucoup influencé bien que dans son travail il y ait des musiques qui me plaisent moins : c’est Ryuichi Sakamoto qui a écrit des musiques de films, mais pas que Furyo, Le Dernier Empereur, Talons Aiguilles. Il vient de composer pour le dernier Iñarritu avec Di Caprio, The Revenant. C‘est quelqu’un qui a exploré des musiques très différentes, de la pop, du symphonique, des quartets. Il n’y a pas de frontière bien définie dans les genres musicaux qu’il compose. Il y a aujourd’hui des compositeurs qui écrivent dans la même veine et qui me parlent beaucoup comme Ólafur Arnalds, un islandais, ou Max Richter. C’est un univers où je me sens bien.

Comment avez-vous commencé à composer ? Vous étiez en province ?

J’ai commencé à Paris, je me suis installé dans le sud il y a une douzaine d’année. J’ai commencé plutôt dans le spectacle événementiel, sons et lumières, projections sur des bâtiments, des cérémonies d’ouverture, de clôture dans des stades, feu d’artifice à la Tour Eiffel…C’est Yves Pépin, directeur de ECA2 et metteur en scène de ces grands événements, qui a commencé à me confier ces gros projets alors que je n’étais personne. Je continue toujours à travailler dans ce secteur et chaque année j’ai au moins deux évènements dans ce domaine, ce qui m’a permis de vivre de la musique. Mais aujourd’hui c’est presque un obstacle pour aller vers la fiction. J’ai cette étiquette collée à la peau. Les musiques que j’avais à faire écouter ne correspondaient pas à ce que les réalisateurs attendaient. Mais j’adore composer ces musiques. J’ai travaillé pour le Futuroscope et là c’est de la musique pour l’image, puis j’ai fait des documentaires, de la pub, des courts-métrages, je peux faire écouter des musiques pour l’image.

Les réalisateurs de courts-métrages ne sont pas encore passés au long ?

Non mais il y en a un que j’attends de pied ferme, c’est Adrien Lhommedieu qui a énormément de talent : ,il a fait un court qui s’appelle « Lila & Valentin ».

Et aujourd’hui ?

Je travaille avec le trio Zéphire, c’est une création. On va se produire sur scène au mois de février dans l’Hérault : je serai au piano et j’utiliserai des textures électroniques. Et dans un second temps il y aura peut-être un enregistrement. Au niveau évènementiel il y a un spectacle en Chine qui devrait se faire en début d’année.

www.scalpmusic.com

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ARNAUD ASTRUC, BENJAMIN FOURNIEZ-BIDOZ, NICOLAS DUPERRON

« Chut On Vous Écoute », leur boîte de production, est dans un petit immeuble sympathique au bout d’une rue calme du XIXème arrondissement de Paris. C’est Nicolas Duperron, l’un du trio, qui me reçoit. « De la fusion entre deux mondes, la musique et la communication. De l’idée simple que la musique, utilisée de manière créative et réfléchie, est un formidable instrument pour faire rêver et démultiplier la portée d’un message, d’une image, d’une marque. » Tel est leur credo. On sent qu’ils ont fait des études de marketing ces jeunes gens ! C’est moi qui suis venu écouter les lauréats 2012…

Quelle est l’origine de votre inscription au concours ATA ?

On est trois, Arnaud, Benjamin et moi-même Nicolas. En 2010, on décide de se lancer dans une structure de composition à l’image. On voulait au départ travailler dans le monde de la pub, aucun de nous trois avait un parcours de musicien classique. Benjamin, enfant a fait un peu de piano au conservatoire, mais en est sorti assez vite. Arnaud et moi, nous sommes guitaristes autodidactes mais de petit niveau.

 Êtes-vous des provinciaux ?

Oui, Arnaud et Benjamin sont d’Annecy et moi-même d’Alençon. J’ai fait mes études à Grenoble et j’ai rencontré Arnaud à Annecy dans le cadre de mes études de communication et marketing ; rien à voir avec la musique. On se posait pas mal de questions une fois sortis de nos études et le soir on faisait de la musique, on jammait, on avait chacun un groupe, on s’éclatait en tant qu’amateur et on cherchait des débouchés professionnels mais qui n’avaient aucun lien avec la musique. L’idée était de travailler. Après plusieurs années de divagation, de boulots divers et variés pas très excitants, pas très stimulants et surtout artistiquement très pauvres, à un moment on s’est retrouvé tous les trois autour d’un projet qui était de mettre la musique au cœur de nos vies, de composer de la musique à l’image.

Et l’ATA dans tout cela ?

Je vais revenir en arrière avant de vous répondre sur le projet ATA. A la fin de leurs études Arnaud et Benjamin sont partis faire un tour du monde avec leurs instruments en camion accompagnés par Pierrot un copain illustrateur qui a dessiné des carnets de voyage. Ils sont partis rencontrer des musiciens en Europe de l’Est et ensuite Afrique. Ils sont rentrés déphasés mais plus riches culturellement. Leur copain dessinateur était plus intégré professionnellement et a retrouvé du travail assez vite dans son réseau de dessinateur. Il a fait des dessins animés pour Rossignol qui fait des équipements pour les sports d’hiver. Il avait besoin de musique et donc a appelé ses copains. Ils n’avaient jamais touché à de la musique assistée par ordinateur. Ils se sont plongés dans ces instruments et ont composé quatre musiques. En écoutant leurs musiques je leur ai dis : qu’est ce qu’on attend pour monter une structure ? On était fin 2008. En 2009, on continue à réfléchir sur le projet, on travaillait chacun dans nos métiers respectifs, et en 2010 on décide de monter « Chute on vous écoute » avec comme objectif de faire de la composition musicale pour l’image. Cela a pris encore pas mal de temps. On était tous les trois à Paris, Arnaud et Benjamin se sont mis à mieux se former sur la composition de musique assistée par ordinateur et fin 2010 on quitte nos jobs et on met toute notre énergie pour notre projet.

L’organisation est simple : Arnaud et Benjamin composent et moi je cherche des films. Dans mes recherches je tombe sur les Audi Talents Awards : c’était exactement ce que nous cherchions. On se met au travail, mais dans mon excitation je n’avais pas vu que la date limite était le lendemain ! Douche froide, on a mis un mois à s’en remettre. On s’est alors promis de s’y présenter l’année suivante ! On a dû être les premiers à s’inscrire. Pendant huit mois j’ai décroché mon téléphone pour trouver des projets, on ne connaissait personne. Pour se faire connaître on prenait des pubs et on changeait la musique, une manière de faire connaître notre travail. Nos amis et familles avaient permis de faire trois vrais projets. La chance a voulu que j’ai vu un film de Guilhem Machenaud de Capsus, qui partage nos locaux aujourd’hui, dont les crédits musicaux étaient de la musique au mètre. Je le contacte et presqu’aussitôt il me rappelle parce qu’il était en galère sur la musique. Il avait signé des films pour une marque du groupe Décathlon et personne ne s’était inquiété pour la musique au niveau budgétaire et lui n’avait pas le temps de s’en occuper. On rencontre le patron et en juin 2011, il nous offre 1000 euros pour qu’on fasse les musiques ! C’était pas grand chose mais on était ravis. On avait 5 films à faire. Surtout il nous a fait le chèque rapidement. Le premier film marcha bien et cette jeune personne qui avait le même âge que nous, la trentaine, s’est vu propulsée directeur de Quechua, une importante marque du groupe. En septembre, il a organisé un atelier pour repenser la communication de Quechua avec l’agence Fred & Farid. Il nous a proposé de nous occuper du son. Fin 2011 on avait à créer l’identité sonore de Quechua et d’autres musiques. On avait toujours dans la tête de nous présenter aux ATA mais on était submergé de boulot ! On a réussi à temporiser avec Quechua pour participer au concours Audi. On s’est gardé une dizaine de jours pour composer la musique des deux films. On n’a fait la musique en mode commando !

Qui était dans le jury à cette époque ?

Il y avait Ludovic Bource, le compositeur de The Artist, il avait eu un parcours parallèle au nôtre. Il y avait Catherine Serre, la responsable de la musique de Studio Canal…

Est-ce que de gagner ce prix cala été un plus pour vous ?

Complètement, à plusieurs niveaux : d’abord la reconnaissance du milieu, il y a plus de deux cents candidatures chaque année, il y a une vraie diversité, il y avait quatre finalistes avec beaucoup de talent ; ensuite pendant un an on a travaillé pour Audi, on a eu de la chance parce qu’il y a eu deux beaux projets télé, un entre autres où la France avait l’exclusivité via Fred & Farid qui était l’agence d’Audi à l’époque.

Vous connaissiez déjà l’agence ?

Oui mais cela n’avait rien à voir avec les ATA. C’est un programme autonome, mais ensuite elle doit travailler avec les lauréats. Audi prend de sacrés risques en imposant des jeunes avec si peu d’expérience dans le métier. Avec l’agence, comme on les connaissait, il n’y a pas eu de problème, mais avec la boîte de production et le réalisateur anglais, cela a été plus compliqué.

Vous devez composer une œuvre musicale aussi ?

Au sein du budget ATA il y a une part de composition personnelle. Arnaud et Benjamin ont monté un groupe, composé quatre titres et tourné un clip. Ce sont nos amis de Capsus qui l’ont réalisé, une histoire donc d’amitié et de famille.

D’autres portes se sont ouvertes ?

Effectivement, c’est un passeport incroyable.

Et désirez-vous vous frotter à la fiction ?

On a monté cette structure pour vivre de notre passion. La forme importait peu, l’idée c’était de faire de la musique. La manière d’en vivre la plus simple c’était de faire de la pub ; c’est moins engageant et il y a plus d’argent. Nos parcours professionnels étaient très liés aux marques, on aime ce rapport. Maintenant que notre projet s’est développé, a mûri, est assez solide, on commence à regarder vers le monde de la fiction et on a toujours à l’esprit la musique pour le groupe où il y a une forme de liberté.

Avez-vous démarché dans ce sens ?

Oui, on a rencontré Alexandre Mahout d’Europa Corp avec qui on a eu un bon contact. Grâce aux ATA on a eu un bon contact avec Catherine Serre. Très récemment Audi fait rencontrer les lauréats et on est en contact avec les réalisatrices qui ont gagné le concours.

Aujourd’hui il y a une grande mode sur la musique assistée par ordinateur, la musique électronique. Face à cette technicité, comment être original ? Elle est quand même assez passe partout, à mon avis…

Vaste débat ! Il y a une part de culture et d’habitude, qui fait que nous avons commencé à travailler sur ce type de technique, de composition. Si on prend Atticus Ross et Trent Reznor et quelqu’un qui compose pour la fiction comme Social Network, il y a une vraie personnalité, une vraie couleur et pourtant c’est de la musique de synthèse construite à partir de nappes, de machines, mais qui va être hybridée avec de l’instrumental, de l’orchestral parfois, des instruments acoustiques, du piano, du violoncelle. Pour moi, la richesse, la singularité viennent de cette hybridation à piocher des outils, des instruments.

Il y a un moment où en musique il faut plus que de savoir se servir d’une machine : connaître peut-être aussi l’orchestration, l’harmonie, non ?

On est très à l’aise avec notre parcours. Ce qui est excitant c’est qu’on sait que nous avons devant nous une vie d’apprentissage et que toutes les rencontres avec un orchestrateur, avec des arrangeurs, des ingénieurs du son ne peuvent qu’être bénéfiques. Par exemple, si on a un morceau avec du violoncelle, on fait une maquette et on fait venir un vrai instrumentiste pour qu’il collabore à l’écriture, car personne ici ne connaît cet instrument.

Quelles ont été vos influences musicales à tous les trois ?

Nos goûts se recroisent pas mal avec chacun ses limites. Ce qu’on apprécie c’est la musique électro acoustique avec du chant, des musiques comme Sigur Rós par exemple, c’est à dire des nappes, souvent des synthés, qui vont amener de la matière, des instruments nobles et un chant qui amènera une mélodie, de l’humain. C’est un combo qui nous plaît bien. Moi plus que les autres j’écoutais du blues, du rock, et puis les déclinaisons de pop anglaise, puis le grunge. J’avais un frère qui était très Métal, j’étais plus dans du rock un peu plus rugueux et puis je suis allé vers Nirvana et les descendants. Ben, pianiste à la base, est orienté plus jazz, salsa, musique latino américaine, bossa nova. On a pas mal développé guitare voix dans nos parcours professionnels, puis il y a des musiques plus électro à la James Blake, Son Lux, pour aller jusqu’à Gesaffelstein ; mais lui ce n’est pas ce qu’on écoute en rentrant chez soi. On reconnaît qu’il y a une énergie folle, c’est puissant c’est dur. Par rapport à l’image on peut y trouver des échos assez sympathiques pour des univers durs, noirs auxquels on est très réceptifs aujourd’hui.

En résumé, au début, aucun de vous ne pensait faire de la musique à l’image ?

Non, c’est venu par hasard, c’est le destin !

Aujourd’hui vous travaillez sur quoi ?

En ce moment on travaille pour une pub pour Mobalpa avec de la musique hawaïenne. On a acheté une lap steel, on a fait venir un guitariste qui sait en jouer. On a pensé tout de suite à The Desendants, le film avec Georges Clooney. Sur un projet comme cela on s’enrichit musicalement alors que c’était loin de notre culture. On travaille aussi sur la nouvelle identité de Leroy Merlin, cela fait deux ans qu’on est dessus

Bon courage alors !

www.chutonvousecoute.com

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LAURENT GRAZIANI

Ce pur et dur rocker a gagné en 2013 le concours des ATA avec une musique énergique, rentre dedans. Il habite près de Montpellier et écoute surtout de la musique « industrielle » qu’on n’entend pas souvent à la télé et à la radio. Le mainstream ne l’intéresse pas !

C’est en 2013 que vous avez été le lauréat des ATA : comment avez-vous connu ce concours ?

C’était sur les conseils d’un ami, Pascal Lengagne, qui avait gagné ce concours. Je donnais des cours de guitare à ses enfants.

Quel style de guitariste êtes-vous ?

Très électrique, hard rock, indépendant. J’ai toujours eu des groupes dans ce style.

Qu’écoutiez-vous quand vous étiez jeune ?

Du Métal et du hard rock ! Les Zep font partie de mes références.

Et la musique à l’image alors ?

Les musiques de film me faisaient rêver sans pour autant y apporter plus d’importance que cela dans ma discothèque. Quant à faire de la synchro sur des images je n’y avais jamais pensé, c’est un pur hasard. Mais comme je fais beaucoup de musique assistée par ordinateur dans le cadre de mes groupes de rock, Pascal pensait que cela pouvait coller avec de l’image.

Il y a des rockers célèbres qui ont fait des musiques de films !

Il y a Trent Reznor qui est une de mes références.

Est-ce que ce prix vous a ouvert un monde nouveau ?

Pour moi c’était un des buts, car lorsqu’on est pas du milieu c’est assez difficile d’y entrer ! La collaboration avec Audi m’a permis d’avoir de la visibilité auprès des médias et du coup j’ai rencontré beaucoup de gens ; mais pour l’instant ça n’a pas abouti à de réels projets d’envergure.

Est que ce ne serait pas le fait que vous habitez en province ?

Je pense que cela joue pas mal malgré les facilités de communications qu’on a aujourd’hui avec le web. L’atout d’être résident sur Paris est un plus. L’année où j’étais lauréat j’ai dû monter à Paris pour Audi quatre et cinq fois et l’on rencontre autant de monde qu’en quatre ans ici !

Est-ce qu’aujourd’hui vous êtes plus sensibilisé à la musique de film ?

Oui j’ai une écoute différente, c’est vrai que j’ai plutôt tendance à analyser la musique.

Lorsque vous étiez plus jeune avez-vous peut-être flashé sur des musiques de films ?

Oui, Blade Runner de Vangelis. J’ai usé ma K7 en l’écoutant !

Avez-vous des bases classiques pour composer ?

Je suis un autodidacte et l’harmonie, je l’ai étudié en autodidacte ; mais je n’aime pas travailler la musique, ça me gonfle. J’ai énormément travaillé la guitare étant ado, dix heures par jour. Avec le temps je considère la guitare, la basse, les machines comme des outils pour composer.

Actuellement vous vivez de vos groupes plutôt que de la composition ?

Entre autres, j’enregistre pas mal de groupes aussi. Je suis en plus régisseur d’une salle de théâtre à côté de chez moi.

Et en ce moment vous avez un groupe ?

L’année où j’ai gagné aux ATA, en plus de composer les musiques pour Audi, on avait le financement pour faire une musique plus personnelle. Du coup j’ai produit le cinquième album de mon groupe, « Lunatic Age », qui existe depuis vingt ans ! L’album est sorti cet été : il s’appelle La Folie ; c’est de l’auto-production. On est en pleine répétition pour faire une tournée l’année prochaine.

www.laurentgraziani.com

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THOMAS KARAGIANNIS

Vous êtes le lauréat de l’année 2014, vous avez à peine trente ans, comment vous est venue l’idée de participer à ce concours ?

C’est un de mes deux professeurs de Master 2, musiques appliquées à l’image à l’Université de Lyon, qui m’a fait part de ce concours.

Avez-vous une formation classique ?

Je n’ai pas vraiment une formation : j’ai appris la musique de manière autodidacte avec internet. Après le bac, j’ai travaillé un an et comme j’aimais bien la musique, j’avais l’intention de trouver un travail autour de la musique.

Pas forcément de la musique à l’image ?

A ce moment là je ne l’envisageais même pas

 Vouliez-vous faire un groupe de rock, de la variété ?

Je n’en avais aucune idée, professeur peut-être. Mais comme j’ai des problèmes d’élocution, ça me paraissait difficile.

 Quel était votre instrument ?

Piano, guitare et aussi de la batterie. Je ne suis pas un grand instrumentiste mais j’aimais bien composer.

Quelle musique appréciez-vous ?

J’écoutais Radio Head et puis un guitariste Don Ross

Écoutiez-vous de la musique de film ?

Très, très peu. En allant à la fac pour faire un diplôme de musicologie, j’ai découvert la musique orchestrale. J’ai surtout apprécié la musique post romantique et comme j’aimais bien improviser, composer, naturellement je me suis tourné vers la musique de film car elle ressemblait à ce que j’écrivais. J’ai débuté par Williams, Morricone, Hermann. Ensuite, comme je commençais à faire de la musique assistée par ordinateur – à la fac nous avions une matière sur le sujet et on devait faire un arrangement -, je me suis intéressé au sound design. A partir de là je me suis passionné pour les sons électroniques, les effets, et j’ai découvert d’autres compositeurs qui faisaient ce genre de musique comme Max Richter, Cliff Martinez. J’ai découvert petit à petit un univers musical qui me plaisait. J’aime aussi ce qu’a écrit Dany Elfman pour Will Hunting.

S’il y a une musique que vous auriez aimée écrire, laquelle ce serait ?

J’aime beaucoup Williams et surtout les musiques qu’il fait entre les grands thèmes très connus, par exemple celles pour La Guerre des Mondes.

En quoi ce prix vous a-t-il aidé ?

Il n’y a pas longtemps que j’ai fini mes études. On a composé à la fac pour de nombreux courts-métrages et comme je me sentais bien dans cet univers, j’ai donc décidé de devenir compositeur. J’ai passé deux ans à galérer et puis ensuite j’ai gagné le concours et je n’avais pas commencé à démarcher.

Avez-vous de nouveaux contacts depuis votre prix ?

Pas énormément, les contacts que j’avais avant, cela les a bien consolidés car je devenais plus crédible.

Vous avez dû écrire une composition personnelle : de quoi s’agit-il ?

C’est une œuvre symphonique avec quarante musiciens de l’Orchestre Symphonique de Prague.

Vous avez fait une œuvre avec cordes : connaissiez-vous l’harmonie ?

J’ai écrit la partition et il y a quatre parties. On les a fait vérifier par un orchestrateur. Pour une des quatre j’ai tout composé. Je ne suis pas un orchestrateur, je peux le faire, mais je préfère, si le budget le permet, avoir un vrai professionnel.

Vous ne vivez pas encore de votre musique, je suppose ?

Cette année, grâce à Audi, ça peut aller. Maintenant avec toutes les musiques que j’ai écrites je peux plus facilement démarcher.

Connaissez-vous les autres lauréats ?

Oui on se voit au festival.

Vous vivez à Valence, est-ce que c’est un problème pour démarcher ?

Il y a des boîtes qui sont une peu hésitantes, mais pour l’instant il n’y a pas de problème, les gens qui commandent une musique sont assez à l’aise pour travailler avec internet.

Et votre actualité ?

Je compose pour des courts-métrages. Je fais un film pour un réalisateur qui a travaillé pour Audi, il m’a recontacté. Et je suis en train de travailler sur un pilote pour une série d’animation

http://www.thomaskaragiannis.com

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FLORENT ET ROMAIN BODART

 Vainqueur 2015 des Audi Talents Awards pour la musique à l’image, Romain, l’un des frères Bodart, de passage à Paris, nous a accordé un entretien dans un café au milieu d’un brouhaha de sons. Mais il aime ça et surtout il aime les manipuler.

Comment avez-vous découvert l’ATA ?

C’est la copine de mon frère, graphiste à la base, qui est tombée par hasard sur un appel d’offre sur un site de design pour le concours d’ATA. Elle nous a envoyé l’annonce et on s’est donc lancé dans l’aventure. On nous a envoyé deux films complétement muets, un de 2 minutes 30 sur les Vingt quatre heures du Mans et un autre qui était une publicité pour la télé. Il fallait ajouter la musique bien sûr et tout le sound design. La première chose qu’on a faite c’était d’enregistrer des sons d’Audi, on en a fait pas mal puis on a composé la musique, ça nous a pris une semaine pile !

Aviez-vous déjà fait ce genre de chose ?

Non, on s’était amusé à faire des clips avec la musique de Radio Head, on faisait l’image et le son design.

Avez-vous fait des études musicales tous les deux ?

Mon frère a fait une école de son à Marseille et moi l’ESRA.

Envisagiez-vous de faire une carrière dans le son ?

Oui j’envisageais ça, mais ce qui me plaît c’est de créer de la musique.

Quel genre de musique écoutiez-vous lorsque vous étiez plus jeune?

Beaucoup de Phil Glass, Arvo Pärt, la musique minimaliste, cyclique, ce qui s’écoute simplement.

N’aimez-vous pas les musiques mélodiques ?

Si, j’écoute de la musique classique, mélancolique. J’apprécie beaucoup Moussorgski.

Quel compositeur de musique de film appréciez-vous en ce moment ?

Johnny Grenwood qui a composé pour There Will Blood…

… Normal pour quelqu’un qui apprécie Radio Head. Il travaille surtout avec Paul Thomas Anderson, il a eu des prix pour The Master et Inherent Vice…

Celle pour le documentaire Body Song, est magnifique !

Baigniez-vous dans la musique chez-vous?

Nos parents étaient artisans luthiers. Toute notre famille était dans ce métier. On a encore un atelier chez ma grand-mère, mon coussin y travaille. J’ai une sœur qui est archetière et une autre qui fabrique des violes de gambe dans le sud de la France.

Avez-vous écrit de la musique pour l’image ?

En fait, j’ai participé à un court-métrage sur le village où j’habite qui s’appelle Cucuron. C’est près de Lourmarin dans le Vaucluse. Tous les gens, acteurs et techniciens, qui y ont participé étaient du village. C’est l’histoire d’un jeune PDG qui reprend une cave viticole, il fait cela pour le blé et va croiser le chemin d’un jeune employé de cette cave, et il va y avoir des renversements de situations. J’ai composé la musique.

Comment vous est venue l’idée de travailler avec votre frère ?

On a toujours fait de la musique ensemble : moi je joue du piano, de la guitare, j’utilise l’ordinateur bien sûr, mais je ne suis pas un vrai musicien, j’aime enregistrer des sons et les retravailler sur ordinateur, travailler les textures, je ne suis pas un musicien live. Mon frère, c’est à peu près pareil. On est autodidacte tous les deux. J’aime travailler aussi les instruments, faire du piano ou du violoncelle arrangés et puis enregistrer des sons concrets. Dernièrement j’ai enregistré à l’intérieur d’une machine à laver la vaisselle, j’aime tester. Avec Florent on a créé un duo – Idioma – en 2008.

Qu’est-ce qui vous différencie avec votre frère, à part l’âge ?

Il écoutait beaucoup de Hip Hop et de la musique électro et moi du classique ; c’est un beau mélange.

Qu’envisagez-vous de faire avec ce prix?

On a déjà une dizaine de vidéos d’Audi à habiller. Trois réalisateurs nous ont contactés. On a fait la bande annonce pour le week-end à la Philharmonie de Paris pour la musique à l’image des ATA 2015. Un réalisateur m’a contacté pour faire un film sur le week-end ; donc on a du travail ! On a une enveloppe globale pour toutes ces opérations. Ce qui est bien c’est qu’on va pouvoir acheter du matériel.

Pour l’instant vous ne vivez pas encore de votre musique ?

Non, mais j’ai des projets audiovisuels autour de chez moi en province.

Peut-on vivre avec votre métier en province ?

En faisant de la restauration à côté oui, en faisant la plonge ! Je faisais ça depuis quatre an, l’été, ainsi que les vendanges.

Et votre frère comment vit- il ?

Lui, il est graphiste, il en vit bien. Il y a deux mois il est venu me rejoindre à Cucuron. Il habitait Besançon, c’était très compliqué pour travailler ensemble.

L’avenir est devant vous avec Audi : avez-vous pensé à votre composition qui est dans le contrat ?

Il faut qu’on y réfléchisse rapidement ! On a plusieurs pistes.

Pourquoi êtes-vous à Paris aujourd’hui ?

Parce que j’ai été sélectionné au Transient Festival, pour un dessin animé où j’ai tout réalisé, dessin et musique. La clôture a lieu à Aubervilliers. Le festival se déroule à l’Espace Pierre Cardin.

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