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« AUDITORIUM RADIO FRANCE » : Johannes BRAHMS – ONF, KRIVINE, BÔNE – Hector BERLIOZ –

Johannes Brahms : Symphonie n°3 en fa majeur op.90
Hector Berlioz : Harold en Italie, symphonie avec un alto principal op.16
Nicolas Bône, alto
Orchestre National de France
Emmanuel Krivine, direction

À partir des quatre symphonies, Emmanuel Krivine et l’Orchestre National de France ont imaginé une saison en partie consacrée à Brahms. Ils achèvent avec la « Symphonie n°3 » ce cycle et saisissent l’occasion pour provoquer la rencontre entre Berlioz et Brahms, de trente ans le cadet du compositeur de la Fantastique. Berlioz décrivait Brahms comme « un jeune audacieux si timide qui s’avise de faire de la musique nouvelle », et concluait : « Il souffrira beaucoup » Dans « Harold en Italie », il se déguise en personnage byronien et confie à un alto solo le soin de chanter ses mélancolies passionnées.

Concert de nostalgie, le pratiquement dernier de la saison, l’ONF offre un beau programme. La Troisième Symphonie de Brahms, la nostalgique plus que l’héroïque, avec son intermezzo que tout le monde aime – sourire des couples dans l’auditorium en l’entendant et ça marche à tous les coups depuis presque cinquante ans, à l’instar de Perkins-Bergman – a été de belle tenue ; combien de chefs l’ont dirigée et enregistrée maintes fois ! Que peut-on en dire à chaque direction ?! Krivine adore Brahms et avec l’ONF il vient de donner une version intéressante, classique, de ce chef-d’œuvre, avec un récit fluide, alerte, plus dans la clarté que dans le pathos mais non sans absence de sentiments – l’andante était très émouvant – malgré des cordes qui manquent de profondeur il en a donné une version moderne bien loin de Vienne.

Avec Harold en Italie, c’est là que le bas blesse par rapport à la position de l’auditeur dans cet auditorium. Malgré une belle acoustique, il a d’énormes faiblesses du fait d’où l’on se trouve. Avec la masse orchestrale rutilante, complexe, de la composition de Berlioz, on voyait jouer l’altiste mais on ne l’entendait que par bribe, comme les violons et contrebasses d’ailleurs. Etant à l’opposé des cordes et du soliste, les vents et les bois dominaient le beau son de Bône. Bon ce n’est pas un concerto pour alto et orchestre qu’a composé Berlioz. On connaît toute l’histoire avec le commanditaire de l’œuvre qui s’attendait à des déferlements de notes sous son archet, montrer sa technique d’enfer, à la manière des œuvres qu’il avait composées. Berlioz s’explique : «  J’imaginai d’écrire pour l’orchestre une suite de scènes, auxquelles l’alto solo se trouverait mêlé comme un personnage plus ou moins actif conservant toujours son caractère propre ; je voulus faire de l’alto, en le plaçant au milieu des poétiques souvenirs que m’avaient laissés mes pérégrinations dans les Abruzzes, une sorte de rêveur mélancolique dans le genre du Childe-Harold de Byron » d’où le titre de cette composition plus symphonie en quatre tableaux avec alto principal que concerto. C’est une œuvre romantique à souhait et que le thème principal est beau, chantant. Nicolas Bône est chez lui avec le National et sa carrière de soliste, de chambriste, est exemplaire. Il a commencé l’attaque timidement, tout en douceur, nostalgique, face à un Krivine, menant son orchestre avec force et détermination – les bois et les vents étaient rutilants – puis il a trouvé ses marques au travers de cette symphonie aux couleurs solaires italiennes et a mené son alto, son voyage – pour le peu qu’on entendait rang K place 22 à droite – avec simplicité, très intériorisé. L’ONF, Nicolas Bône et Emmanuel Krivine ont fait un triomphe auprès d’un publique déchaîné et des musiciens ravis d’applaudir leur confrère ; quant à nous on était quand même frustré au rang K place 22 à droite ! Une belle soirée tout de même…Que les orchestres vivent à Radio France où ailleurs en France, qu’ils continuent à nous faire ainsi voyager et que la culture, base de la socialisation, soit toujours aidées. Non il n’y a pas trop d’orchestres en France, il n’y en a pas assez Monsieur le Ministre de la sous-culture ! Madame Hidalgo a déjà commencé, elle, à faire des coupes sombres – terminé le Festival au Parc Floral qui drainait des centaines de gens qui n’osaient pas aller écouter de la musique classique et de grands artistes internationaux venaient vers eux pour la leur faire découvrir, l’aimer ! On verra très bientôt où cela l’amènera !

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