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« CENTRE POMPIDOU » : PRIX MARCEL DUCHAMP 2021

©DR

Julian Charrière – Isabelle Cornaro – Julien Creuzet – Lili Reynaud Dewar

Place Georges-Pompidou, 75004 Paris

Jusqu’au 3 janvier 2022

© Association Marcel Duchamp/ADAGP

Créé en 2000 pour mettre en lumière le foisonnement créatif de la scène artistique française, le prix Marcel Duchamp a pour ambition de distinguer les artistes les plus représentatifs de leur génération et de promouvoir à l’international la diversité des pratiques aujourd’hui à l’œuvre en France. Quatre artistes avec des visions totalement différentes sont exposés dans une des galeries du Musée à côté d’une rétrospectivesur le travail d’Ettore Sottsass (nous en parlerons prochainement). Julian Charrière, 34 ans, vit à Berlin, Isabelle Cornaro, 47 ans, vit à Paris et Genève, Julien Creuzet, 35 ans, vit à Montreuil, et Lili Reynaud Dewar, 42 ans, vit à Grenoble.

Dans la première salle se sont les œuvres de Creuzet, sorte d’hybridation très colorée où la poésie, la politique, la technologie, s’interpénètrent, accompagnées de compositions sonores de Jacques Coursil. La mémoire de l’écrit répond à cette musique par le biais d’une bibliothèque panafricaine, une belle et curieuse introduction à ce prix.

C’est dans un tout autre registre que propose Reynaud Dewar avec un dispositif vidéo et son projet Rome, 1er et 2 novembre 1975. Elle offre sur quatre écrans, plongés dans l’obscurité, la dernière interview du cinéaste Pasolini avec Giuseppe Pelosi dans un restaurant italien.

24 personnes de nationalités diverses apparaissent et disparaissent au fur et à mesure, d’une manière aléatoire, et répondent chacune leur tour aux questions posées à Pasolini, dégustent des pâtes etc etc.. Les images sont monochromes. Si on n’a pas lu le concept avant d’entrer on ne saisit pas l’intention. Une fois compris le processus, la répétition devient un peu longue. Bon en résumé nous sommes tous des Pasolini en puissance.

C’est une œuvre militante qui dépasse les communautés, les origines sociales, un sujet toujours d’actualité qui s’avère tout de même original.

Avec Charrière, on est dans le premier degré, ce qui n’est pas pour déplaire bien au contraire. Il interroge lui aussi sur un sujet d’actualité et avec la fin de la Conférence sur le climat qui vient de de se terminer par un semi-fiasco à Paris, son installation prend plus d’importance.

Avec une vidéo et quelques foreuses pour rechercher les énergies fossiles, sa conception artistique explore les liens qui existent entre les différentes formes du cycle du carbone et la crise écologique actuelle. Une œuvre sombre, intelligente, qui parle immédiatement.

Plus abstrait est la proposition artistique de Cornaro. (on a pu voir son travail à côté des Nymphéas de Claude Monet à l’Orangerie). Elle explore le rapport que nous entretenons avec les objets et leurs images. Ici, une composition de quadrilatères horizontaux et verticaux sert de socle à des fragments, manufacturés, organiques, dans une scénographie qui pose des problèmes sur les rapports d’échelle. Une sorte d’analyse des liens que nous entretenons avec les biens d’une culture productiviste.

Deux vidéos complètent le dispositif, l’une d’elles, Eyesore, une animation de science-fiction dans laquelle les personnages mutent de façon mystérieuse, des mutations monstrueuses de corps humains causées par des objets qui les entourent.

dessin et animation de Victorin Riper.

Il y a de la caricature, de l’humour, dans son travail. Récompenser une artiste qui est déjà très connue, qui a une galerie qui s’occupe d’elle, est-ce le principe de ce prix ? La question est posée.

Voilà quand même une belle occasion d’aller au Centre Pompidou, même si vous n’avez pas pris votre billet sur internet, cette exposition est associée à celle, impressionnante, sur Ettore Sottsass…À Suivre donc

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