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« CHAPELLE CORNEILLE Rouen »: LOUEES SOIENT-ELLES

Georg Friedrich Haendel : musiques extraites des cantates, d’opéras et d’oratorios. Du 26 février au 20 mars 2019.

  • Metteur en scène David Bobée et Corinne Meyniel
  • Yun Jung Choi, soprano
  • Aude Extremo, mezzo soprano
  • Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie
  • Direction : Inaki Encina Oyon

La Chapelle Corneille de Rouen, a été construite par les jésuites au XVIIème siècle et reconvertie en un auditorium imposant, à l’acoustique à la fois pure et réverbérée par les multiples voûtes gothiques. L’orchestre de Rouen est installé juste devant l’autel doré tandis qu’une estrade ronde est dressée devant le public.

Une estrade qui se met à tourner dès les premières notes de l’ouverture d’ « Agrippina » de Georg Friedrich Haendel.

Ce soir, nous n’entendrons que des airs d’opéras ou d’oratorio de ce compositeur jumeau de Jean Sébastien Bach, européen, allemand ou anglais selon l’époque. Ces extraits sont tous chantés par des femmes. Cette soirée intitulée « Louées soient-elles » leur est consacrée. Le programme arbore une femme faisant un bras d’honneur ? Est-il adressé aux spectateurs ? Aux hommes ? A  ?

Bizarre entrée en matière, mais heureusement le génie de Haendel effacera toute trace d’agressivité volontaire ou non. Une belle idée de collaboration entre le Centre Dramatique National et l’Opéra pour célébrer les rôles de femmes dans l’œuvre de Haendel dans une mise en scène ou plutôt une mise en espace de David Bobée et de Corinne Meyniel .

Grâce à leur pouvoir dramatique, les deux voix, celle de Aude Extrémo, une voix puissante et ronde de mezzo ou plutôt d’alto et celle de Yun Jung Choi, une soprano aux aigus et suraigus d’une justesse exemplaires relèguent la mise en scène au rang d’accessoire de la musique tellement le sens du message trop évident pour n’être pas obscur nous échappe un peu.

Quelques danses abstraites aux postures parfaites n’éclairent pas trop sur le sens des airs chantés mais la beauté des voix balaie toutes les interrogations.

Sur le plateau tournant, constellé de costumes ou d’armures, seule une contorsionniste à la plastique magnifique nous fait aimer sa sublime gesticulation, même lorsqu’elle s’inonde d’un jerrican de faux sang, suite logique de l’assassinat de Holopherne par Judith qui expose fièrement la tête fraîchement coupée de sa victime.

Mais plus que la mise en scène, la lumière vient magnifier le spectacle, une lumière fragmentée qui, venant parfois de l’extérieur éclaire les ogives de la chapelle ou enluminent le doré du maître autel de rouge ou de bleu.

La direction musicale de Inaki Encina Oyon est irréprochable et l’orchestre de Rouen Normandie se plie joliment aux fioritures baroques de Haendel.

Se succèdent les grands airs d’opéras plus ou moins connus de Haendel, que les chanteuses font resplendir grâce au son magique de la chapelle qui prolonge chaque accent par son écho. Un surtitrage nous aurait aidé à la compréhension des textes et des situations.

Après un très beau duo entre Cleofe et Maddalena dans la Resurrection, la soirée se termina sur un air virtuose de Bérénice qui, en repoussant les avances de son geôlier Scipion, proclame haut et fort sa fidélité par des vocalises acrobatiques.

Une belle soirée à la gloire de Haendel. Et aux femmes ?

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