Un documentaire de Régis Sauder
sorti le 23 mars 2022
L’HISTOIRE
Il y a dix ans, Emmanuelle, professeure de français d’un lycée des quartiers Nord de Marseille, participait à un film avec ses élèves. À partir de l’étude de La Princesse de Clèves, Abou, Morgane, Laura, Cadiatou et les autres énonçaient leurs rêves, leurs désirs et leurs peurs. Tous se retrouvent aujourd’hui, les souvenirs se mélangent aux récits de leur vie et des obstacles à surmonter. Que reste-t-il de leurs espoirs de liberté, d’égalité et de fraternité ? « Je sais bien qu’il n’y a rien de plus difficile que ce que j’entreprends. », cette phrase du roman trouve plus que jamais écho en eux. En nous.
L’AVIS
Dix ans après, Régis Sauder a eu envie de retrouver les adolescents(es) qu’il avait filmés(es) dans la classe de leur professeure de littérature lors d’un travail sur le texte le plus célèbre de Madame de La Fayette. Une dizaine d’anciens(nes) ont participé à cette expérience. Le montage est très subtil en mélangeant des extraits du premier volet avec des entretiens actuels. Les lycéens (es) sont devenus(es) des adultes. Certains(es) sont toujours en questionnement, ont eu des parcours compliqués – violence conjugale, SDF, connu la faim, le racisme… – sont démunis(es) face à la vie, d’autres ont des certitudes « Je ne crois pas qu’il y ait quelqu’un qui veille sur nous », « la culture nous rend plus fort »… Les retrouvailles sont pleines de surprises, d’émotions, de nostalgies. La plupart exerce un métier qui leur convient, dont ils (elles) sont fiers(es), Régis Sauder les accompagne même sur leur lieu de travail. D’autres sont toujours en recherche de bonheur, parfois avec angoisse, douleur… Certains (es) sont restés (es) à Marseille, beaucoup se sont éloignés (es), mais ils (elles) reviennent, ou reviendront. Une belle séquence lorsqu’ils (‘elles) retournent au quartier Nord de Marseille, dans leur lycée, et qu’ils (elles) présentent le film de 2011 aux nouveaux lycéens (es). En Nous brise les préjugés que l’on a sur cette jeunesse des quartiers Nord. Pour mieux apprécier ce deuxième volet, il faut voir ou revoir Nous, Princesses de Clèves. Voir En Nous, c’est comprendre que pour cette jeunesse tout est possible malgré le handicap du milieu d’où ils (elles) viennent et les préjugés. C’est quelque part une réponse au film Bac Nord. On ne peut qu’avoir une grande tendresse et beaucoup d’admiration pour Aurore, Albert, Abou, Morgane, Laura, Virginie, Cadiatou et tous(tes) les autres et surtout pour Emmanuelle, leur professeur de littérature et de la Princesse de Clèves.