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[ENTRETIEN] : FRANÇOIS BOUCQ – BOUNCER (HÉCATOMBE)

François Boucq est un des plus passionnants dessinateurs de bande dessinée. En 1998 il reçoit le grand prix de la ville d’Angoulême pour déjà l’ensemble sa carrière (Il est né en 1955)! Ce Lillois, depuis les années soixante-dix est tombé dans cette forme d’expression. Boulimique, il invente plusieurs albums en même temps et à des idées d’histoires pour cent vies ! Les aventures de Jérôme Moucherot qui part en quête de lui-même dans la jungle de l’existence , La Femme du Magicien, La Bouche du Diable, Little Tulip, New York Cannibals avec l’écrivain Jerome Charyn, la série des Janitor,  avec Yannick Haenel il suit le Procès sur l’attentat contre Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, enchaîne avec celui du Carlton de Lille tout en travaillant sur une histoire de pape, sur la France, ou sur le Général De Gaulle ! Et puis et puis, impossible de citer toutes ses petites merveilles d’albums, ses collaborations dans les revues, ah il a même fait les couvertures de San Antonio! Il sait concocter des histoires avec un sens aigu du réalisme, du décalage où la fantaisie la plus débridée fait partie de sa palette ! Son dessin, ses mises en pages et surtout ses scénarios sont fascinants. Avec Alexandro Jodorowsky il a pas mal collaboré (Face de Lune, Le Trésor de l’ombre ) et il y a cette superbe série de Bouncer (Videur) dont le dernier album Hécatombe vient tout juste de paraître chez Glénat. 140 pages d’un western crépusculaire envoûtant. C’est dans son atelier à Lille qu’il nous a reçu avec toute la bienveillance qui le caractérise pour parler d’Hécatombe cet album hallucinant!

Quel est votre western préféré ?

J’en ai plein,..Il était une fois dans l’ouest je l’ai vu je ne sais combien de fois ! Il y a John McCabe, et dernièrement des tas de séries dont une qui s’appelle The English et une autre qui se nomme 1883, ce sont de superbes histoires. Il y a tout l’univers du western bien sûr, mais cet univers si différent de celui d’Hollywood avec John Wayne et ses pantalons bien repassés.  Pour dessiner mes aventures, j’ai beaucoup regardé les livres où on voit les types de l’époque, ces francs-tireurs habillés comme des sacs, ou alors des types très élégants avec une sophistication vestimentaire étonnante et surtout la présence des armes, il y en a qui porte cinq flingues sur eux !  Cela donne une allure qui est totalement spécifique à cette ambiance, une esthétique de l’époque. Lorsqu’avec Alexandro  a commencé le Bouncer  je me suis acharné à trouver le maximum de documents avec des photos pour essayer de m’imbiber de ce temps, l’univers du western c’était un univers de beaucoup de clochards, des types issus des couches les plus vils de la société

Les pauvres

Ils n’avaient aucune culture

C’était struggle for life !

C’est cela, j’ai vu un reportage photographique sur les mines d’or en Afrique je crois, et on voit ces types acharnés à essayer de trouver de l’or, qui pataugent dans la boue, j’imagine qu’à l’époque cela devait être pareil. Il existe aussi des images sur des types qui grimpaient toute une montagne pour pouvoir descendre dans la vallée de l’autre côté qui était aurifère et on voit sur ces photos une chaîne de gens et si l’un tombait ce n’était pas grave, on marchait sur lui! Impossible d’arrêter la chaîne, ils étaient poussés par ceux qui étaient derrière..

Alors comment est venue cette idée de Bouncer ?

En fait cela vient d’une discussion avec Giraud qui dessinait Blueberry. Je revenais d’Arizona et on se retrouve dans une expo, je lui dis que je comprenais comment il a pu dessiner ces paysages pendant des années.

C’est Ford qui les a fait connaître

Monument Valley oui c’est John Ford. Il avait été sollicité par des ranchmen qui vivaient là parmi les Navajos et ils ont envoyé des photos à Ford en lui disant qu’il devrait venir voir ce paysage. Il l’a tellement magnifiée que, par exemple, le paysage dans Luky Luke c’est Monument Valley, et donc en parlant avec Giraud il me proposa de faire un Blueberry avec lui; pour moi c’était impossible, Blueberry c’est Giraud, il insista en me proposant de faire un Blueberry vieillissant, de soixante ans, alors là je trouvais la proposition intéressante; je le voyais dans le style d’un Tabarly qui avait une soixantaine d’années, très tonique, Charlier était mort, il a donc commencé à m’envoyer des scénarios, mais il y a eu des tas d’aléas avec le fils de Charlier, et pendant des mois c’était le yoyo. Alexandro et moi, on avait un projet qui ne marchait pas avec l’éditeur, il pensait qu’avec Giraud c’était trop compliqué et il me proposa de faire ensemble un western, il en avait envie. Je me souvenais d’une histoire vraie de samouraï qui pouvait nous inspirer, on s’est vite mis au travail.

Faisiez-vous déjà du Kendo à l’époque ?

Oui et je lisais bien sûr des textes incroyables sur les samouraïs, pour faire du western ce sont des bibles, il faudrait que je me replonge dedans pour le prochain d’ailleurs…

Oui vous avez tellement de temps…comme vous ne faites pas grand-chose, c’est une bonne idée !

(rires) Oui comme je ne fais rien…et donc on a commencé tout de suite et j’ai je me suis mis à dessiner ! Dès le départ on a eu l’idée du héros manchot

Trouver le physique du personnage c’est venu tout seul ? Ce n’est pas évident ?

Oui ce n’était pas évident, si on repart de l’histoire de l’Ouest, il n’y avait pas d’obèse car les gens avaient des difficultés pour se nourrir; il fallait trouver un personnage qui soit sec, je le voyais comme un vautour. J’avais remarqué dans les livres que les tireurs avaient bizarrement les yeux bleus ou gris acier ! Dans tous les cas de figures il existait cette caractéristique physique, comme on avait inventé une paternité au personnage principal, un indien qui se serait acoquiné avec une prostituée donc favoir ait cet enfant, je me demandais  comment était cet indien. Chez les Hopis je crois, il y a des danses qui sont faites avec des serpents, ils sont tellement familiarisés avec les serpents qu’il n’y a pas d’agression entre eux, ils ne vont pas les mordre, on les voit danser en état de transe avec un serpent entre les dents, ce qui m’a amené à ce que le père de cet enfant soit d’une telle tribu…

Dites-moi il faut énormément lire pour intégrer tout ce que vous me dites sur vos personnages ?

Oui bien sûr, mais on le fait au fur et à mesure, et ça s’étoffe. Le personnage principal n’arrive pas tout de suite, il arrive qu’une quinzaine de pages plus tard et je me disais qu’il serait intéressant qu’il ait la pupille de son œil comme celle d’un serpent; même si le lecteur ne le voit pas tout de suite, c’est graphiquement intéressant et cela donne un regard au personnage un peu saugrenu par rapport à ce qu’on dessine d’habitude. Lorsqu’il va se retrouver avec son père, il aura face à lui quelqu’un qui a son regard. Il y a ainsi tout un panthéon qui se construit. C’est ainsi que nous avons commencé et le personnage s’est défini petit à petit. Il y a aussi l’étude des armes à poing . On ne peut pas traiter du western sans étudier l’arme à poing et sa généalogie. Comment étaient les premiers fusils, la spécificité des Springfields, les bons pouvaient faire mouche à deux kilomètres, l’arme à poing est ergonomique, elle a une forme qui est le prolongement de la main, c’est une belle forme à dessiner; cette arme est liée à l’histoire des États-Unis, ces types qui tirent aujourd’hui sur la foule font partie du patrimoine initial de ce pays, il s’est créé sur l’arme à feu.

Sur la violence

Oui, sur la violence

Au départ aviez-vous envisagé une série ?

On voulait faire une première histoire avec deux ou trois volumes et puis on s’est tellement amusés parce que ce qui est passionnant avec le western c’est qu’on a pour la narration un aspect essentiel.

Mais encore ?

Ce qui fait l’essentiel d’un individu, c’est sa morale, sa conception du bien et du mal et il va essayer de négocier avec d’autres conceptions de ce bien et de ce mal ; ce qu’on voit dans le contexte de l’Ouest américain, c’est l’émergence de la morale, le héros est celui qui va être le vecteur par lequel la morale va apparaître. Tout est possible dans l’Ouest, c’est sauvage, il y a de l’agression partout, il n’y a aucune loi et soudain il y a un type, le héros, qui va dire non ça on arrête, on ne peut pas continuer ainsi. Il commence donc à fabriquer sa propre morale. Le lecteur se retrouve avec sa propre fabrication de la morale. Un type qui arrive dans l’Ouest, il est comme un enfant, tout lui est permis, la pire des cruautés, personne ne va lui opposer de limites, sauf celui qui a une morale et elle va commencer à croître à travers lui, par des interdits, par le terrain des émotions; avec le western on va avoir la naissance d’une sorte d’homologie avec notre propre naissance à la vie sociale, comment une certaine morale s’est incrustée en nous, c’est un aspect narrativement hyper intéressant.

C’est la naissance d’une société

À partir de là on voit d’autres types de morale, celle indienne par exemple, leur manière de faire la guerre n’est pas la même que chez  les Américains; initialement il y avait des tribus lorsqu’elles se faisaient la guerre, la pire des humiliations ce n’était pas de tuer quelqu’un c’était d’arriver à le frapper. Ils nommaient cela porter un coup ! Lorsqu’ils étaient en guerre contre une autre tribu, arrivant à cheval, ils portaient un coup à l’adversaire et c’était comme s’il était mort ! C’était la pire des humiliations; on peut comprendre cet acte car lorsque l’on vit en tribu, chaque individu est important, on n’est pas nombreux. Si on veut se défendre par rapport à une nature sauvage, il faut rester souder et qu’on maintienne la vie.

Il existait des sociétés qui arrêtaient au premier sang.

C’est cela, lorsque les Américains commencent à tirer au fusil sur ces sauvages, eux continuent à porter des coups, d’où les massacres, le choc des cultures puis ils vont commencer à utiliser l’arme à feu, ils vont aussi utiliser le cheval, car il a été importé au XVème siècle, avant ils faisaient tout à pied, d’où la culture de la préservation, le nomadisme.

Bon il faut assimiler tout cela, mais ce pourquoi j’aime vos albums c’est aussi pour la qualité de vos scénarios, mais il faut pouvoir les mettre dans un décor, et dans les westerns le décor est souvent un peu pareil, la one way,  avec la banque, le drugstore, le saloon, le maréchal ferrant et au bout l’église, au cinéma on fait des travelings, il y a les mouvements des caméras..

La différence entre le cinéma, le théâtre et la bande dessinée, c’est que le personnage n’est pas dans un décor, il est fait avec des traits et le décor aussi. Ces traits doivent se combiner les uns avec les autres, Lorsque l’on écrit un texte, on utilise une syntaxe, on ordonne les mots d’une certaine manière de façon à ce qu’ils fassent sens, l’équivalent en bande dessinée c’est le trait, les formes vont se combiner. Si je dessine un gros plan d’un personnage et si derrière sa tête il y a une messa, à quel endroit va-t-elle passer ? L’horizontale de la messa va passer à travers son crâne, à travers ses oreilles, son cou, ses épaules, cela va donner les coordonnées de l’espace dans lequel cela se situe et la position de celui qui regarde de ce qui est en train de se passer, mais si je fais une ligne d’horizon qui passe par le cou du personnage c’est un peu comme si je lui tranchais le cou, il faut avoir conscience de ce que va raconter la forme du paysage par rapport au personnage qui est devant, ce ne sera pas comme au cinéma qui est un art du mouvement, il n’y aura pas d’élément pictural qui va intervenir par rapport au personnage.

©Boucq – Glénat

Bon je suis d’accord, mais quand je lis votre série Bouncer et surtout ce dernier j’ai vraiment l’impression d’être comme dans un film, ce n’est pas du story board

Je comprends, en fait, l’idéal il faut qu’il y ait une fluidité, le regard doit être emmené dans la fluidité du récit. Je dois composer les images de façon à ce que les traits amènent à une évidence dans le déroulé des successions d’images. On peut imaginer la bande dessinée en utilisant une image musicale, en fait la bande dessinée c’est une seule image qui commence avec le premier trait de la première case et qui va se finir avec le dernier trait de la dernière case, c’est un flux continu, c’est en fait une seule image qui semble séquencée, limitée par le bord des cases, mais même le bord des cases fait partie de l’image globale, de la symphonie visuelle que représente cette bande dessinée, cette fluidité c’est ce que je recherche …

Excusez-moi lorsque je lis Bouncer j’ai l’impression de voir des plans séquences, tout est mouvement, je ne pense pas que tout le monde, fait ainsi, et je trouve que ce que vous proposez est assez étonnant, c’est totalement différent de ce que faisait Giraud par exemple

C’est une écriture, pour moi la bande dessinée c’est le langage essentiel, tout langage vient du langage narratif,  elle a une certaine sophistication de ce langage essentiel sur un support, c’est disons le langage primordial. La suite des mots sur une feuille de papier, ou pour un roman est issue de la suite des formes, on ne pourrait pas lire les mots si on n’avait pas été initié aux formes.

Ok c’est très intéressant ce que vous dites, mais cela ce ne sont que des généralités, moi ce que je ressens en lisant cette série, c’est qu’il y a une approche différente dans sa conception.

C’est possible

Des bandes dessinées de Boucq j’en ai lu un bon nombre mais avec Bouncer il y a une musicalité, comme une symphonie qui fait qu’on est emporté par un mouvement, il y a là une conceptualisation très différente.

C’est parce que le contexte du western est extrêmement large.  Il y a des phénomènes de dilatations et de contractions de l’espace et donc je joue avec ces phénomènes-là. On peut être dans un paysage inouïe et si on utilise un cinémascope on a plein pouvoir à le limiter avec un gros plan, on crée du rythme grâce à ces possibilités que donne le western. La minéralité de ce genre est très spécifique, par exemple, les messas de Monument Valley sont d’un graphisme incroyable, il suffit de regarder les lignes, on comprend comment cela s’est sédimenté, on a aussi un élément graphique qui vient rythmer différemment, on est loin d’une histoire racontée en ville où j’aurai des immeubles selon les styles architecturaux, dans ces espaces immenses je pourrai avoir une focalisation sur une petite maison, et tout d’un coup on repart à l’échelle humaine.

©Boucq-Glénat

C’est comme des travellings avant du cinéma, j’ai ce sentiment de mouvement dans votre écriture alors que ne sont que des images fixes, et excusez-moi mais c’est un sacré talent d’arriver à donner ces sensations

Ce qui m’intéresse et peut-être aussi d’autres dessinateurs, c’est comment on va restituer la vie des personnages dans des images qui sont fixes. Quels sont les éléments qui vont donner cette illusion ; il y a déjà la portée des regards, ce qui est aussi important c’est la suspension, à quel moment je vais évoquer un mouvement pour qu’on ait l’impression qu’il se déroule devant moi complétement, il faut réussir à trouver cela dans une action pour que le lecteur puisse le restituer d’une manière imaginaire, il le connait sans le savoir, nous, dessinateur, on doit savoir que le lecteur a la connaissance sans qu’il sache qu’il a cette connaissance, par exemple et je vais être encore très théorique, est-ce que les personnages tiennent bien au sol ! On sait tous qu’on a un rapport à la stabilité, s’il y a la moindre imperfection de la stabilité d’un personnage par rapport à un autre, on aura l’impression qu’il flotte, cela sera perçu par forcément par le lecteur, mais il sentira comme un malaise de réalité,  il ne sera pas l’analyser, mais moi je sais que je n’ai pas bien fait la stabilité de mes personnages. Lorsque l’on est dans un paysage de l’Ouest, dans un paysage chaotique, comment le cheval va bouger et donner l’impression que ses pattes avant ne sont pas dans le même axe que ses pattes arrières parce qu’il est dans un mouvement de contorsion, il faut donc étudier l’anatomie du cheval, mais aussi comment le cavalier se tient sur la selle à un moment donné, ce sont des éléments qui doivent être abordés avec justesse

Alors peut-être que cela va vous étonner mais la manière dont vous abordez certaines séquences j’entends des sons !

Ah oui ?

Par exemple quand l’indienne dans Hécatombe emmène les cercueils j’avais l’impression d’entendre le bruit

De la charrette ?

Et cela m’a impressionné qu’un dessin puisse apporter aussi des sons, est-ce que c’est notre vécu, tout ce qu’on connait des westerns, et sûrement par la manière dont vous avez construit vos images qu’on puisse ressentir cette bande son

C’est cela qui nous manque dans la bande dessinée et que par l’image on doit restituer. Chaque mode d’expression a son manque. La littérature son manque c’est l’image

On se la fabrique dans la tête

Le support des mots va être la stimulation des images

Il faut que cela soit bien écrit

En bande dessinée on n’a pas le son et essayer de le restituer par l’image, donc il faut qu’elle soit tellement juste qu’elle suggère le son que se restituera le lecteur. Au cinéma on a la description complète du mouvement, on a la musique, il y a l’ellipse entre les plans, un peu comme en bande dessinée entre deux cases, c’est l’imaginaire du lecteur qui restitue le mouvement, au cinéma il n’y a pas l’odeur, l’image doit la susciter.

©Boucq-Glénat

Pour revenir à Bouncer, combien de tomes existe-il?

On est au douzième

Pensiez-vous en faire autant ?

On se disait qu’on en ferait tant qu’on aurait du plaisir

Le premier de quand date-il?

De 2001. Cela vingt ans !

Et là c’est un album de 140 pages ! En combien de temps pour le produire ?

Un peu plus d’une année !

Un scénario de malade avec tout ce qu’on aime, enfin pour moi, dans les westerns, des personnages haut en couleur, on sait qu’ils sont des méchants, des surprises…On peut comprendre que l’écriture a dû être compliquée !

Cela m’a pris une énergie dingue,

Écrivez-vous d’abord l’histoire ? 

En fait je procède d’une manière qui pourrait être hasardeuse, je me dis une histoire se raconte au fur et à mesure, mais pour bien la raconter il faut l’avoir perpétuellement à l’esprit et donc pendant plus d’un an je vis avec elle tout le temps, tout ce que je peux entendre, voir, je m’en sers. Heureusement je travaille avec un éditeur qui lit très régulièrement ce que je fais, surveille pour qu’il n’y ait pas de redite, de redondance, cela m’oblige à rester le matin dans mon lit et réfléchir à l’évolution de l’histoire, des personnages et apporter des surprises pour étonner le lecteur, jouer avec lui, le mener sur des fausses pistes. C’est un boulot de dingue, ce sont les premières lectures des gens avisés qui m’intéresse, pour savoir si j’ai réussi.

Moi je suis un mauvais exemple, j’aime qu’on m’entraîne ailleurs, même si je sens que c’est une fausse piste, il y a toujours un twist dans les westerns, le méchant n’est en fait pas celui qu’on croit, j’aime jouer le jeu, faire l’innocent avec l’auteur. Une seule chose que j’apprécie dans les westerns ce sont les règles du genre.

Quelles sont les règles pour vous ?

Le héros ou l’héroïne ne se révèlent totalement qu’à la fin du film, et ont toujours une blessure, les propriétaires sont souvent les méchants, digne du capitalisme sauvage, la prostituée est souvent plus intelligente que le héros qui n’est qu’un gamin face à elle. Pour revenir à Hécatombe, les dessins sont-ils exécutés une fois l’histoire écrite ?

Non ils sont dessinés en même temps, c’est pourquoi il faut être très attentif et demande une concentration constante, faire une page c’est beaucoup beaucoup de boulot, il faut tout bien préparer avant

Celui-là il est chez Glénat, avez-vous plusieurs éditeurs ?

Les premiers ont été édités avec les Humanoïdes Associés, à partir du huit ils sont chez Glénat.

Quand vous leur avez annoncé un album de 140 pages comment ont-ils réagi ?

Les deux précédents on les avait scindés en deux, on avait le même nombre de pages, mais ce n’est pas une bonne idée de couper en deux une histoire.

Et pourquoi ce titre un peu bizarre ?

Parce que le personnage qui a vécu dans cette ville pendant douze albums, pour qu’il puisse se libérer, il fallait que ses amis meurent, cela donne des chocs émotionnels, c’était nécessaire. Pour un héros, avoir trop de fils à la patte il va commencer à faire des compromissions, il était nécessaire de créer des circonstances pour qu’il soit libre à la fin

À la fin ? À la fin ? Parce que c’est la fin ?

Non ce ne sera pas la fin, c’est un nouveau début, j’ai déjà d’autres idées pour la suite, Hécatombe c’est le moyen de commencer autre chose. Astérix qui est toujours dans le même village passe son temps à aller ailleurs, Bouncer aura toujours des points d’accroche qui le lient avec cet endroit, mais on peut le retrouver dans d’autres endroits pour la suite..

Il vit à quelle époque selon vous

Dans les années 1870, il n’y a pas encore le colt, il a un le LeMat car mon personnage est manchot. Un ami féru d’armes m’a donné l’idée du LeMat. C’est un revolver qui avait été inventé par un Belge, il a une particularité parce qu’il a un double canon, un qui envoie de la chevrotine, et un de revolver. Le  gars qui est manchot peut balancer de la chevrotine qui va s’éparpiller sur quatre ou cinq mecs, et puis après il peut les achever un à un, cela permet à un manchot d’avoir une possibilité supplémentaire pour palier à son infirmité.

Vous m’aviez dit que quelqu’un avait envisagé de faire un film

Il y a eu plusieurs projets dont un qui devait être tourné en Amérique du sud, c’était une réalisatrice, c’était même annoncé dans Variety et Alexandro tout d’un coup a voulu faire le film, alors que le cinéma ne l’intéressait plus;  comme les producteurs ne voulaient pas de conflit ils ont tout arrêté.

C’est une série qu’il faut faire. Bon il y a d’autres albums sous le coude dont un nouveau Petit Pape

Je vais expliquer pourquoi le Petit Pape s’appelle Pie 3,14, parce qu’il fait des circonférences épiscopales ! Il y a la suite de New York Cannibals et Little Tulip, où on retrouve les personnages et l’enfant qui a grandi et puis une expo chez Huberty & Breyne  36 Avenue Matignon à Paris pour la sortie d’Hécatombe

Alors comme dans tout bon western qui se respecte : The End 

Pour l’instant ! Attention dans deux ans la suite !

Bouncer quelle aventure Monsieur Boucq !

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