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[ ENTRETIEN] : LILA ROUQUET, DE LA PHARMACIE Á LA GALERIE…

LILA ROUQUET, galériste de la Remèdes Galerie

143 rue du Temple, 75003 Paris

www.remedes-galerie.com

© SL – Mary Rozzi

Lila Rouquet est jeune, elle a un charme fou, elle est passionnée, passionnante.  Déterminée à faire vivre une galerie, elle n’avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait représenter d’en créer une. C’est de l’émotion à l’état pur qui l’a fait avancer et en premier lieu les photos de Mary Rozzi. Nous ferons un entretien avec cette photographe après celui de Lila Rouquet qui suit.

©DR – Mary Rozzi

D’où vous vient cette idée folle de monter une galerie de photos dans Paris où il y en a pléthore ?

Ce n’était pas une idée de départ, mais c’est venu tout seul en réalité.

Un matin on se lève et on se dit je vais créer une galerie ?

Non c’est différent, j’ai dû m’occuper de ce lieu qui était une pharmacie dont le local commercial appartenait à mon époux. Il m’a demandé de suivre les travaux pour séparer le premier étage de cet endroit où je vous reçois.

Que faisiez-vous avant de travailler dans l’immobilier ?

Je m’occupais de production de photos ; c’est-à-dire organiser des castings, faire des repérages, planifier des prises de vue, faire de la régie.

Vous aviez-donc déjà travaillé dans le milieu de la photo.

Oui mais c’est par hasard que je suis entrée dans ce monde, en travaillant dans l’agence de photographes Louise Bertaux, mais je n’y connaissais pas grand-chose; j’avais auparavant assisté, à tous les postes, Michaël Sarfati producteur de clips, de courts-métrages. Grâce à Michaël qui m’imposait sur ses projets, je travaillais dans le monde de l’audiovisuel en tant qu’intermittente du spectacle. Malgré cela il me manquait des heures pour le chômage et grâce Anne Rohart, la mannequine préférée de Dominique Issermann, qui travaillait aussi pour Sarfati,  j’ai pu intégrer l’agence de Louise Bertaux. Mais ce qui me passionnait c’était plutôt le terrain, être agente cela ne m’intéressait pas. C’est dans cette agence que j’ai eu la chance de rencontrer la photographe Mary Rozzi et son travail. J’ai tout de suite été séduite par ses photos. Je ne suis pas restée longtemps dans l’agence mais ma relation avec Mary s’est transformée en une vraie amitié. J’ai continué la production photos à mon compte puis j’ai arrêté de travailler il y a une dizaine d’années pour élever mes deux garçons.

©Mary Rozzi

Et donc est arrivée la fin de la pharmacie

Je devais simplement suivre les travaux, mon mari est dans la démolition et aussi dans l’immobilier.

Vous avez suivi je suppose des chantiers ?

Effectivement et il me proposa de prendre cet espace pour avoir une vie professionnelle, et j’ai tout de suite pensé à appeler Mary et je lui ai demandé si elle avait des tirages de ses photos qui traînaient quelque part. J’avais suivi son travail, la sortie depuis quatre ans de son magazine avec des photographes féminines et regardé ses productions récentes sur internet

©DR  – Mary Rozzi

Et donc les photos de Mary Rozzi que vous exposez ici, dans votre galerie, c’est vous qui les avez choisies.

Oui et très spontanément. Je suis très sensible à ce qui se passe autour de nous, à tous ces changements de mentalité, sociétaux, et ses photos m’ont choquée émotionnellement, elles étaient comme une évidence à tout ce qui nous entoure aujourd’hui et avec une grande subtilité, acuité, Mary avec ces portraits étaient en avance sur son temps.

©DR – Mary Rozzi

N’est-ce pas là que l’on reconnait un véritable artiste ?

Exactement ; ce n’est pas parce qu’elle est mon amie, mais plutôt parce qu’elle avait senti, inconsciemment peut-être, ce que nous vivons aujourd’hui.

Est-ce vous qui avait fait tout le travail de production ?

Oui, je me suis investie totalement, sans réfléchir, de manière spontanée, pour l’accrochage des œuvres que j’avais choisies de Mary Rozzi

Étiez-vous consciente de ce que cela représentait de monter une exposition et de plus une galerie ?

Pas vraiment, ce n’est qu’après toute la production et l’investissement de ce lieu que je me suis aperçue que je n’étais pas prête à tenir une galerie. Je voulais simplement exposer des photos de Mary dans cette ancienne pharmacie !

©DR – Mary Rozzi

Vous n’allez pas faire une galerie éphémère quand même ?

Pas du tout, je me sens totalement à l’aise dans ce lieu maintenant, mais toute les dimensions commerciales et intellectuelles je les ai complétement intégrées une fois cette exposition amenée à son terme.

C’était très inconscient de votre part !

Exactement, complétement spontané. Et c’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait que je puisse faire partager le pourquoi de mes choix de ces photos

Vous avez tout fait à l’envers !

Oui, c’est d’abord une émotion qui m’a fait faire cette production et c’est ensuite que j’ai réfléchi sur mes choix.

©DR – Mary Rozzi

Et alors qu’est ce qui va se passer dans votre galerie après Fearless 1, cette exposition que nous avons aujourd’hui, puis Fearless 2 qui sera avec d’autres photos de Rozzi ?

Et oui il va falloir que j’organise la suite et c’est un peu effrayant car j’ai mis la barre très haute, je suis quelqu’un d’exigeant, je suis un peu inquiète pour pouvoir garder ce niveau d’exigence.

Rencontrez-vous beaucoup de photographes pour la suite ?

Oui,

Avez-vous envie d’avoir un style de photographies ou ce ne sera que des coups de cœur ?

Ma ligne éditrice sera que des coups de cœur !

Allez-vous ouvrir la galerie qu’à des photographes femmes ?

Non pas du tout, je suppose que tous les artistes ont des causes à défendre, ce qui m’intéresse ce sont les questionnements qu’ils se posent, hommes ou femmes, à travers leurs photos. En ce moment je m’intéresse à certaines personnes mais je continue à recevoir des photographes.

C’est intéressant de lancer un artiste non ?

J’aime cette idée, j’ai rencontré une photographe passionnante mais qui n’est pas connue ou reconnue parce qu’elle n’a pas su se vendre et elle possède des trésors de photographies.

Mais une galerie doit pouvoir vivre, gagner de l’argent

Je ne suis pas encore une businesswoman, mais j’ai compris que je ne peux pas être une mécène à temps plein. Ma galerie se nomme Remèdes Galerie. Remèdes c’est un clin d’œil à la pharmacie qui existait avant, mais remèdes c’est aussi un rapport à l’art, quelque chose de positif.

Un remède à la mélancholie ?

Aux doutes, aux angoisses, à la solitude, à la méfiance aussi, je veux pouvoir mettre en avant des artistes et aussi aider des jeunes qui sortent d’école. Ils viendront avec des projets et s’ils nous ont plu, on fera des petits livrets de leur travaux.

Avez-vous les moyens de tenir ?

J’ai pour l’instant les moyens, mais il faut que je travaille pour avoir une économie qui me permette d’être en équilibre financier. Je commence à mettre une stratégie en place, ce n’était tellement pas réfléchi au départ, mais il faut que j’arrive à rester assez spontanée, il faut que je laisse le temps au temps et ne pas me dire tous les deux mois que je dois changer d’artistes. Il est nécessaire qu’il y ait du sens sur ces murs. Il faut que le plaisir soit toujours présent dans cette galerie pour les prochaines vingt années à venir.

Et bien je vous souhaite de tomber amoureuse des œuvres que vont vous apporter les futurs photographes.

©Mary Rozzi

pour tout contact Timothée Montabert 06 63 35 79 15

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