Espace Pierre Cardin, Paris
du 5 juin au 6 juillet 2019
Mary said what she said
Darryl Pinckney, Texte
Isabelle Huppert, Marie Stuart
Ludovico Einaudi, Musique
Robert Wilson, Mise en scène
Au théâtre de la Ville (en travaux jusqu’à quand ? ) délocalisé à l’espace Pierre Cardin près des Champs- Elysées, on peut assister actuellement à une mise en scène de Bob Wilson sur un texte de Darryl Pinckney interprété par Isabelle Huppert.
Mary said what she said est un raccourci de la vie de Marie Stuart en une heure vingt cinq minutes .
Spectacle qu’il faut écouter comme un concert et regarder comme une chorégraphie. Isabelle Huppert commence de dos dans la pénombre, pendant quinze minutes sur un plateau nu, éclairé par un fond luminescent qui change d’intensité au gré du texte.
Une musique omniprésente de Ludovico Einaudi ne lâche pas le monologue pendant une seconde. Heureusement le texte de Pinckey l’emporte, il est une musique à lui seul, une musique magnifiquement scandée par une Isabelle Huppert au visage blafard. Robert Wilson a fait de cette histoire, de l’Histoire, une chanson de gestes que l’actrice joue d’une façon hiératique en mécanisant ses gestes, en les saccadant à mesure qu’elle répète le texte plusieurs fois, de plus en plus fort en traversant le plateau selon une diagonale savante. Les phrases sont hachées, répétées, les gestes nets et précis; il faut se laisser flotter par le courant de ces mots dont on ne retient que l’essentiel. Les malheurs, les voyages, les évasions, les allers retours entre la France et l’Ecosse s’accumulent et vont crescendo jusqu’à l’exécution finale que Marie Stuart anticipe et prépare comme un de ses nombreux mariages.
Certains critiques ont parlé d’agacement, du supplice d’aller jusqu’au bout de l’heure et demie, mais cet agacement est voulu par Bob Wilson, il fait partie intégrante du spectacle comme le furent la vie et le personnage de Marie Stuart, une reine magnifiée, une reine déchue, une reine assassinée.
Saluons la performance d’Isabelle Huppert, une des rares actrices françaises capable de se donner avec une telle maîtrise et une telle passion.
Jusqu’aux nombreux rappels, l’actrice n’a pas failli, elle a même salué comme le fut son jeu, en mécanisant l’ultime geste du spectacle.
©DR