Du 18 au 20 avril 2025
Le festival L’Europe autour de l’Europe a proposé le 18 un documentaire au Fauvette – Los Restos del Pasar – Comment faire du neuf par une manière de montage éclaté pour raconter une nième fois le vendredi saint (le festival était synchrone avec le vendredi saint !) dans un villagede Cordoue avec la fameuse procession du christ, des saints, des pénitents…dans les rues. Ce genre de documentaire n’est pas nouveau, mais il y a deux belles séquences, le rapport du narrateur enfant avec un peintre et celle avec deux femmes qui chantent de manière spéciale (gutturalement). On essaye de garder la tradition mais comme le dit si bien la voix hors champs elle se perd au coin d’un sentier d’oliviers morts. Ce film a été réalisé par Luis Muñoz et Alfredo Picazo. Le week-end c’est le marathon avec des courts-métrages et des documentaires.
 propos de ce genre de film celui de Patrick Forian et Guy Freixe sort du lot. Il est magnifique avec un texte d’une grande poésie de Georges Banu sur sa collection d’objets fracassés. Ce sont des statues, des poupées, des marionnettes qui sont abimées et qu’il a récupérées. Il y a là une infinie tendresse, de l’émotion par ces objets cassés au cours de leur longue existence. Une belle métaphore quelque part sur l’acceptation des chocs du quotidien, de la vie. Ce documentaire de création de 15 minutes mériterait d’être vu sur une chaîne de télévision. Deux réalisateurs à suivre. Ce samedi les courts-métrages n’ont pas laissé une impression d’originalité, à croire que tous ces jeunes réalisateurs européens n’ont pas grand-chose à dire et sur le fond et sur la forme. On se retrouve avec des courts qu’on aurait cru faits par la génération des années 70 – Afraid lo live de Nadia Larina – !
Pas tout à fait, Gustavo Arteaga avec son film d’animation sans dialogue nous a époustouflé et par le scénario et par la mise en scène. Tout en stop motion Falling for Greta raconte avec des sortes de poupées une histoire d’amour insensée où l’héroïne est toute retournée par la venue de la plombière pour un problème d’eau bien sûr…Il y a des plans hallucinants d’invention ! les 19 – 20 d’ autres courts pas très intéressants, avec certains avec une idée et pas de développement- Sisters de Jordi Sanz Angrill, Still Outside de Yusuf Elbasi–
Mais on aura droit à quelques pépites de vraies œuvres de fiction bien réalisées comme Becs & Ongles de Xavier Demoulin qui se passe dans l’univers des gallodromes avec une excellente actrice Laura Thellier, et le plaisir de découvrir le film terrifiant sur des pseudo sorcières Barlebas de la Belge Malu Janssen, scénario écrit à partir d’événements réels et d’une photographie en noir et blanc d’une exceptionnelle beauté.
C’est de nouveau un film d’animation – Jus d’Orange -qui nous a enchanté, réalisé par Alexandre Athané. Un film sur le drame des produits importés dont on ne connait pas la provenance, alors que les oranges du sympathique cultivateur Toni sont succulentes pour faire du bon jus. Un film très bien réalisé, techniquement parfait qui ne sera pas apprécié par Orangina c’est sûr, mais qui a eu les honneurs de la télévision et a eu son succès pendant la projection aux Ursulines. Les documentaires, pour la plupart avec des défauts de montage, des longueurs (même un membre du jury ronflait pendant les projections !), étaient intéressants. Immémorial de Béatrice Kordon fait partie de ces documentaires. C’est la réalisatrice qui a fait hélas le montage, donc la tête dans le guidon ! Sur les quatre parties les deux premieres étaient réellement trop longs – il faut détruire pour reconstruire et le cerf image de la renaissance dans l’espace nature – par contre les deux derniers étaient passionnants sur des traditions qui vont disparaitre dans le sud de l’Europe, sur des cérémonies sur la mort, le deuil, cet espace indicible sur le monde des vivants et celui des morts. Un film intelligent. Chasing the sun lui aussi a des affèteries de montage, des trucages vidéo inutiles sur un fait historique, le plus grand camp de réfugiés, El Shatt, dans le désert du Sinaï, en Égypte, pendant la seconde guerre mondiale, une reconstitution à base d’archives photographiques croates dans le désert. Un documentaire passionnant malgré ces effets inutiles.
Un autre documentaire qui aurait pu être parfait si le montage avait été réussi c’est celui de Maja Novakovic – At the door of the house who will come knocking – des plans de coupes inutiles dans la construction du film venaient polluer des plans fixes et larges d’une grande beauté. Cette histoire de vieil homme au cœur de la Bosnie et Herzégovine qui vit avec son cheval dans une solitude désespérante est très touchante. Quel dommage !
Deux documentaires par contre sont très réussis, celui de l’Espagnol Raúl Alaejos Objeto de Estudio. Ce sujet d’étude était de retrouver les descendants de Robert Peary et son assistant Matthew Alexander Henson. Robert Peary pensait il y a 100 ans qu’en mélangeant la force des Inuits et l’intelligence des européens ils arriveraient à découvrir le pôle nord ! La manière dont est filmé ce documentaire est digne de Godard. Le réalisateur se pose la question de savoir comment filmer un tel documentaire, de trouver les cadres adéquats, mener des entretiens, sur ce sujet historique et sur la destruction d’une société totalement dégénérée.
L’autre documentaire – Nonkonform – est celui de l’allemand Arne Körner, un réalisateur plein de talent, qui s’est intéressé à Diertrich Kuhlbordt, un ancien procureur chargé de poursuivre les crimes commis à l’époque nationale-socialiste au tribunal régional de Hambourg, ancien critique de cinéma, et acteur. Avec une énergie débordante, des idées de montage, il raconte la vie tumultueuse, de cet acteur né. Körner a fait un montage subtil de l’entretien de ce personnage haut en couleur. Des archives magnifiques, étonnantes, et une mise en image intelligente, ironique, font que les 117 minutes du documentaire n’ont aucun temps mort ! Un véritable exploit. Ce jeune réalisateur a un énorme talent ! Le festival a donc proposé un panel de films, de réalisateurs passionnants, on continuera donc à en parler, ! Â suivre donc.