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«FOIRE INTERNATIONALE DE CHATOU» : 1970-2020!

Foire Internationale de Chatou, 100ème !

du 25 septembre au dimanche 4 octobre 2020.

©SNCAO-GA

Depuis 50 ans que la manifestation bisannuelle s’était installée à Chatou, elle n’avait jamais connu qu’un seul bouleversement avant l’édition ajournée de mars 2020…C’était en 2014, lorsqu’elle troqua son nom ancestral de « Foire à la ferraille, à la brocante et aux jambons » (1) pour le plus concis « Foire de Chatou ». C’est dire si cette institution, qui passa tout le XIXème et une grande partie du XXème siècle à Paris intra-muros, avant de déménager de son dernier domicile pour l’ile des impressionnistes en 1970, c’est dire si ce grand rendez-vous des chineurs, décorateurs, promeneurs ou collectionneurs, faisait figure d’immuable baromètre dans l’esprit des nombreux visiteurs qui s’y succédèrent.

Marquant d’habitude l’arrivée de l’automne par son édition de septembre et signifiant l’imminence du printemps et le retour des beaux jours par celle du mois de mars, elle vit son rituel perturbé pour les raisons que l’on connaît, et son anniversaire reporté à des jours meilleurs.

C’est donc à cette centième édition, courageusement maintenue, et organisée avec toutes les précautions requises à son bon déroulement que le visiteur est convié entre le 25 septembre et le dimanche 4 octobre. (2)

Avant de commencer la visite, sachez que l’entrée de 7 euros ne doit pas être un frein, comme le savent déjà les habitués. Fidèle à ses qualités, cette édition masquée parvient à nous faire oublier un instant l’époque covidienne, sans pour autant négliger les gestes barrières ; le gel est réellement disponible partout, en suffisance. Ainsi rassuré, le visiteur pourra alors profiter des centaines de stands hétéroclites, se restaurer ou faire une pause dans le quartier des buvettes et des restaurants, ou ramener des produits du terroir car oui, le jambon est toujours là ! Mais il est loin d’être seul, et il faudra pardonner à ses lignes de ne pas citer tous les acteurs de ce rendez vous.

©SNCAO-GA

Les amateurs de beaux meubles le savent, on trouve ici de fort belles pièces. Le style Anglais est fort bien représenté par de beaux scribans, des bibliothèques tournantes, vitrines ou secrétaires Davenport, comme chez cette spécialiste située au 8 rue Primevère. Les chineurs ne seront pas en reste. La verrerie, la porcelaine la bande dessinée s’illustrent comme les jouets anciens ou 80’s…

Naturellement, on retrouve les galeries réputées qui nous présentent  des œuvres anciennes ou modernes, de petits maitres accessibles mais aussi d’artistes aux noms plus familiers, comme Raoul Dufy, Gen Paul, Jean Gabriel Domergue, Bernard Buffet ou Marc Chagall (Ces deux derniers représentés par des œuvres lithographiques essentiellement)

Inutile de rentrer dans le détail de tout ce qu’il y a à découvrir ; chacun saura puiser dans ces allées le nectar propice à endiguer sa soif…

Car l’une des plus agréables constantes de cette Foire de Chatou, c’est la variété des budgets proposés. Que l’on recherche des objets de collections, requérant l’expertise de spécialistes, ou de simples objets coup de cœur, on saura trouver le type de stand qui nous convient. On n’est pas ici dans une foire intimidante comme on en rencontre au Grand Palais, où l’on peut penser, bien que cela soit à tort, que les prix et les objets s’adressent à une élite plutôt aisée…Non, on peut aller et venir entre des univers voisins, dans un cadre bien plus agréable que celui des marchés aux puces, qui souffrent malheureusement d’un cadre urbain un peu trop dégradé. La promiscuité des univers est propice à la perméabilité des goûts, et il y a un coté didactique à s’intéresser soudain, grâce à la magie d’une rencontre, à un type d’objet dont on ignorait jusqu’à l’existence, comme les sceaux à cacheter, les clystères (3) ou autres curiosités…

Un mot enfin destiné aux amateurs de régionalisme. Nos amis Alsaciens comme souvent seront ravis de retrouver des livres illustrés par l’oncle Hansi, ou des éléments de service d’Obernai. Les Basques et leurs fidèles trouveront de la céramique de Ciboure, et aussi une série de petits dessins de Ramiro Arrué. Les Normands et leurs amis auront plaisir à voir les peintres de l’école de Rouen, et la liste n’est pas exhaustive !

Je ne résiste pas à vous signaler – puisque le moment est venu où les Bretons eussent pu se sentir oubliés – une série d’estampe de Jean-Emile Laboureur (1877-1944), chez Anne et Christian Rowell, au stand 9 rue Moufle.

Parmi les oeuvres, Le Petit Hôtel de Ville, est  une gravure au burin de 1922, présentée dans un montage avec son dessin préparatoire. Le tout  provient de la succession du fils de l’Artiste, Sylvain Laboureur, dispersée lors d’une vacation de la maison Ader Nordmann, en 2011, sous  le numéro 199 de cette prestigieuse vente.

Photo LABOUREUR « Le petit hôtel de ville » ©AderNordmann

Stéphane Brugal propose quand à lui, entre autres merveilles, un échantillon important de l’œuvre gravé d’André Dauchez, dont il vient de publier le catalogue raisonné.

Il ne me reste plus qu’à invoquer la clémence de ceux que je n’aurai pas cité dans ces lignes, il ne vous reste plus qu’à endosser votre masque, et à vous diriger vers l’ile des impressionnistes, pour célébrer dignement cette centième, avant de se retrouver au printemps.

 

 

(1) Citons ici la brochure éditée à l’occasion de la centième édition : « ses débuts remonteraient au Moyen-Âge. On évoque alors une foire « aux salaisons » qui se tenait sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, à Paris. A partir du XVIème siècle, cette joyeuse réunion haute en couleur connaît une longue série d’exils, s’installant à la Bastille, à la place de l’Hôtel de ville, ou sur l’actuelle Concorde. Disparue sous la révolution, elle réapparaît en 1804, sous le nom de « foire aux jambons ». Le temps de prendre le virage de la ferraille, du bric-à-brac et des vieux vêtements et un arrêté de 1869 la fait à nouveau déménager boulevard Richard-Lenoir où elle restera près d’un siècle sous le nom de « Foire à la ferraille, à la brocante et aux… pain d’épices » ! En 1970, sous la pression des riverains, la foire cherche un nouveau port d’attache. Ce sera  dans l’Île des impressionnistes à Chatou que la « Foire à la ferraille, à la brocante et aux Jambons » – qui devient « La Foire de Chatou en 2014 – trouve refuge. (© SNCAO-GA)

(2) Pour les habitués qui viennent en RER, sachez que l’entrée se fait exclusivement coté pont de Chatou, et que la sortie se fait uniquement coté pont du chemin de fer ; où le petit train continue ses navettes vers la gare de Rueil-Malmaison.

(3) Il s’agit ici d’une petite boutade, comme l’auront compris ceux qui savent à quoi l’on destinait cet objet médical et purgatif en forme de seringue, et à l’embout recourbé, ainsi conçu pour  optimiser l’efficacité du lavement…

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