107 avenue Daumesnil 75012 Paris
Concert du 17 septembre 2024
Dans cet espace charmant et accueillant, entourée d’harpes bien sûr, la jeune et magnifique Héloïse Carlean Jones a accompagné à la harpe, la talentueuse soprano anglaise Mimi Doulton. Le programme était composé des cinq mélodies populaires grecques de Maurice Ravel, de compositions de Cécile Chaminade – Mandoline, Vieille Chanson – de deux mélodies célèbres de Gabriel Fauré – Après un Rêve, Dans les Ruines d’une Abbaye, Clair de Lune – deux mélodies de Lili Boulanger aux accents debussystes – Nous nous aimerons tant, Les Lilas qui avaient fleuri -. Le plus intéressant de ce récital fut les trois chansons occitanes dont Héloïse Carlean Jones avait fait les excellents arrangements. L’une est du troubadour Guilhème de Peitieus – Marcabru Farai un vers de dreit nien – Il était duc d’Aquitaine et le premier trobar de l’histoire – D’ailleurs le concert s’intitulé Trobar ! – L’autre trobar interprété dans la langue originale était (une première ?) de Guiraut Riquier – Amb lo agradiu gai – né vers 1230 à Narbonne et mort vers la fin du XIIIᵉ siècle, Riquier est considéré comme l’un des derniers troubadours occitans. La vie de Beatritz de Dia A est peu connue. « Cette Comtesse de Die épousa Guillaume de Poitiers ; elle était belle et bonne, devint amoureuse du seigneur Raimbaut d’Orange, et fit à son sujet maintes bonnes poésies. » Il y avait une vingtaine de trobairitz provençales de langue occitane à la fin du XIIème siècle. La chanson de cette poétesse, compositrice se nomme chantar m’er de co qu’ieu non volria. Mimi a une superbe voix – c’était une première pour elle de chanter en France – Elle a interprété toutes ces magnifiques mélodies avec beaucoup de conviction en langue occitane. Elle a aussi bien chanté les aures mélodies avec intelligence et compréhension des textes. Le petit problème qu’on retrouve souvent chez les chanteurs étrangers c’est leur difficulté à bien prononcer les textes poétiques français et pour l’auditeur ce yaourt devient une sorte de langue internationale – La stupenda Joan Sutherland était un des exemples les plus connus – La musicalité de Mimi Doulton est fantastique et n’est pas mis en cause, mais comment bien prononcer les vers de Verlaine, de Fauré, d’Édouard Guinand, Charles Foley – elle parle bien sûr parfaitement italien avec un tel prénom, Mi Chiamano Mimi…mais aussi l’Allemand et son répertoire est à 80% d’œuvres contemporaines – Héloïse Carlean Jones nous l’avions bien appréciée aux Jeunes Talents avec un programme Bach – voir sur site du 23/09/2022 – Elle a des qualités musicales indiscutables et elle ne faisait pas ici qu’accompagner Mimi, le chant de sa harpe et quel chant, en faisait un véritable duo magique.
Héloïse – voilà un prénom qui plairait aux trobars – a offert au public enchanté un grand moment de harpe avec le tube Clair de Lune de la Suite Bergamasque de Debussy. Elle l’a mis en miroir avec le Clair de Lune de Fauré, une belle idée. Un petit regret c’est qu’elle n’a pas offert d’autres moments de harpe seule, mais si on la regardait bien jouer, on pouvait admirer combien elle était engagée dans son jeu et ses contrechants étaient magnifiques. C’était une soirée à l’harposphèreoù où ces deux femmes étaient bien des trobairitz du XXIème siècle !
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