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KAMASI WASHINGTON
Est né le 18 février 1981 à Los Angeles, c’est un saxophoniste. Il a grandi à South Central, quartier noir et latino de Los Angeles, théâtre des émeutes les plus meurtrières des Etats-Unis. Sa mère flûtiste y est professeure de sciences, son père saxophoniste, ancien compagnon des Temptations, y joue avec son groupe de gospel dans les églises. L’enfant se met à la batterie à 3 ans, à la clarinette à 9 ans. Après le divorce de ses parents, il se faufilait à vélo entre les rues dominées par les différents gangs. Il raconte : « Mon père vivait à Inglewood, j’avais donc des amis Bloods. Ma mère vivait près de Slauson, en plein dans le quartier des Rolling Sixties Crips. Je connaissais tous les membres de gang, je savais qui était dangereux. Comme j’avais aussi un instrument de musique sur moi, personne ne m’embrouillait. J’étais un peu inconscient, quand même. J’allais aux jams du World Stage à Leimert Park à pied dès 12 -13 ans. Je trouvais toujours un adulte pour me raccompagner en voiture». Il suit des cours d ‘ethnomusicologie à l’université de Californie où il rencontre Kenny Burrell, Billy Higgins, avec qui il commence à jouer.. Après avoir tourné avec les stars du hip-hop et du R & B (Snoop Dogg, Lauryn Hill et Raphael Saadiq), travaillé sur To Pimp A Butterfly du rappeur Kendrick Lamar, Kamasi Washington publiait en septembre 2015 un triple album, The Epic. Le disque a aussitôt été encensé par les critiques, qui ont apprécié qu’il endosse l’héritage spirituel de Sun Ra, Pharoah Sanders, John Coltrane, tout en s’ouvrant à d’autres références, comme Stravinsky, découvert au lycée.
HEAVEN AND EARTH – – BLACK LIVES MATTER
Heaven and Earth est son deuxième album. Il a été enregistré le 22 juin 2018.
Journaliste au Washington Post, Greg Tate a fait de Kamasi Washington la voix jazz du mouvement Black Lives Matter (qui proteste contre la violence policière visant les Afro-Américains), avec une musique capable d’être « un outil de guérison, une source de régénération pour faire face au traumatisme d’être noir aux Etats-Unis ». Dans un entretien à la radio CBC, Kamasi Washington approuvait : « Je suis un excellent exemple de ce mouvement. Je suis grand, très noir de peau, Africain-Américain. Sans même le vouloir, même si je suis un étudiant avec de bonnes notes, je suis une menace pour les forces de l’ordre. Quand tu grandis dans un milieu urbain comme le mien, voir un policier te terrifie. Alors faire de la musique te libère de cette tension. » Kamasi Washington, vêtu de vêtements colorés africains, avouait d’ailleurs en 2015, dans le New York Times, porter ces vêtements pour se protéger d’éventuelles bavures : « Je pouvais être perçu comme une menace, à cause de ma carrure. »
Des soubresauts de la communauté noirs continuent ponctuellement à alimenter le jazz. Le mouvement Black Live Matters sera-t-il suffisamment puissant pour susciter un engagement artistique massif ?
Bonus :