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« JUMBO » : TOURNEZ MANÈGE !

JUMBO 

Un film de Zoé Wittock avec Noémie Merlant, Emmanuelle Bercot, Sam Louwyck, Bastien Bouillon.

Sortie le 1er juillet 2020

L’HISTOIRE

Jeanne, une jeune femme timide, travaille comme gardienne de nuit dans un parc d’attraction. Elle vit une relation fusionnelle avec sa mère, l’extravertie Margarette. Alors qu’aucun homme n’arrive à trouver sa place au sein du duo que tout oppose, Jeanne développe d’étranges sentiments amoureux envers Jumbo, l’attraction phare du parc.

L’AVIS

Réalisatrice Belge, Jumbo est le premier long-métrage de Zoé Wittock. C’est d’une grande banalité de dire que qui dit Belge dit fantastique. Malgré son parcours familial et sa formation, est-ce que l’atavisme est encore de règle ? C’est un film de fantastique comme il en existe dans la littérature et assez peu dans le cinéma. Bon on pense bien sûr à Christine de Carpenter mais aussi à Demon Seed, là c’est la maison qui tombe amoureuse de sa propriétaire. On est loin de l’univers de Cronemberg. La réalisatrice s’explique sur des questions qui nous viennent à l’esprit : « Non, je ne dirais pas que c’est un film féministe. Les deux personnages principaux sont des femmes, parce que c’est plus facile pour moi, en tant que réalisatrice, de m’identifier à elles, mais il y avait une vraie volonté de traiter les hommes et les femmes avec autant de douceur et de bienveillance, et après, de laisser la difficulté du sujet prendre sa place chez chacun des personnages. Pour Marc, c’est douloureux de se rendre compte que son concurrent est une machine ! Ça fait mal à l’ego, donc il y a chez lui beaucoup de maladresse. J’aimais l’idée de donner à certains personnages masculins un peu de cette douceur et de cette complexité émotionnelle, de cette sensibilité qu’on a tendance à attribuer aux femmes. …C’est une révolution beaucoup plus globale, qui touche les hommes, les femmes, les orientations sexuelles des uns et des autres et je pense que mon film parle aussi de ça, de manière poétique et métaphorique : on peut parler de coming out, de recherche identitaire, de relations mère-fille, de relations entre hommes et femmes… c’est ça que je voulais traiter de manière plus générale ». On peut regarder Jumbo au premier degré. Il suffit d’accepter le concept, une simple histoire d’amour fantastique avec tous les ingrédients que cela impose et avec des scènes assez surréalistes et totalement érotiques. Zoé Wittock mène son scénario avec cohérence jusqu’à une fin peut être un peu trop sympathique. Il y avait une émission phare à la télévision qui s’appelait Tournez Manège, les candidats devaient au fur et à mesure de questions-réponses trouver l’âme sœur. Il y a quelque chose dans Jumbo de Tournée Manège. Bon on peut y voir aussi une métaphore, y amener de la psychanalyse etc etc. Libre à chacun de se raconter son histoire. Voilà un film gonflé et qui ne doit pas être boudé, au contraire. Il n’y a que le cinéma qui permet cet étrange voyage. Partir, rêver, s’envoler, tourner, tourner, jusqu’à l’extase, c’est aussi cela Jumbo (il y a sûrement une analogie avec le fameux éléphant africain, le gros porteur de Boeing et le Dumbo de Walt Disney…)! Merci Zoé Wittock pour ce beau moment de poésie.

PS : Noémie Merlant est ici formidable, totalement en phase avec son personnage. Le film par un pur hasard de calendrier sort après le film détestable de Sciamma Portrait de la Jeune Fille en Feu alors qu’il a été réalisé avant ! Rendons justice à Zoé Wittock !

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