33 rue Blomet 75015 Paris
mardi 15 mars 2022 , 20h
Le Bal Blomet est un cabaret historique du Montparnasse des Années folles. Il programme des concerts de jazz et de classique, des spectacles musicaux et des conférences culturelles. On est loin des salles de concert. Il y a des tables, des chaises, un grand bar, on peut y consommer en attendant que les artistes viennent s’exprimer sur une petite scène. Ce 15 mars c’était la présentation par Klarte, éditeur de grand qualité, de deux artistes et de leurs derniers disques.
En première partie, le pianiste Christophe Sturzenegger interpréta des extraits d’œuvres pour piano de Richard Strauss.
Son disque s’intitule An Einsamer Quelle (A Une Source Solitaire) . Il présente Valse de concert Rosenkavalier (transcription d’Otto Singer), 5 Klavierstücke op.3, Lieder op.27 n°4 et op.10 n°2 , Allerseelen (transcription Max Reger), Stimmingsbilder op.9, Andante posthume (transcription Christophe Sturzenegger). Ces compositions sont pratiquement inconnues et à leur écoute on se rend compte que le compositeur connaissait bien l’histoire du clavier germanique. On passe des influences de Bach à Schumann, en passant par Beethoven, Brahms, Mendelssohn. Ce sont des compositions de jeunesse – op3, op.9 -.
Cette musique très tonale, d’un romantisme assumé, Sturzenegger, par son engagement pianistique, sait parfaitement la faire chanter et c’est avec un réel plaisir qu’on a apprécié ce quart d’heure musical. Le pianiste et corniste s’exprime : « Enregistrer des pièces de Richard Strauss, c’est aussi un clin d’œil à ma vie de corniste. En effet, s’il est un compositeur qui a aimé et magnifié cet instrument, c’est bien Richard Strauss, dont le père était cor solo de l’opéra de Munich. C’est pour cette raison que j’ai arrangé moi-même l’Andante pour cor et piano (1888), une œuvre que seuls les cornistes connaissent… et qui recèle quelques thèmes magnifiques que Strauss réutilisera dans son Rosenkavalier (1911) (dont j’ai voulu mettre un extrait comme un clin d’oeil ou une Zugabe à cet enregistrement).
Ce sont deux extraits de son disque Secrets de Cor (Klarthe KLA 123) avec lesquels il termina son mini concert accompagné au piano par Giulio Zappa. Voir article sur site du 26 janvier 2022
C’est le même Giulio Zappa qui accompagne Melody Louledjian en deuxième partie. Dans une robe rouge improbable, qui étonne dans ce lieu aux murs de briques rouges apparut, la belle soprano à la voix d’exception. Avant de commencer elle nous raconta qu’avec Giulio Zappa c’est une amitié depuis plus de dix ans et, voulant faire un disque, ils ont eu l’idée d’enregistrer des Romances pour voix et piano de Rossini sur des poèmes en Français. C’est ainsi qu’elle chanta quelques extraits de ce disque Ariettes à l’Ancienne. Quelle surprise ce fut quand elle commença à interpréter À Grenade, un morceau plein de soleil et d’exotisme. Elle a un timbre, une puissance vocale magnifique et quel talent de comédienne! Elle fait fi des difficultés de ces airs si typiquement rossiniens. Entre chaque morceau elle et lui nous racontèrent des anecdotes concernant le caractère compliqué, hypocondriaque du compositeur vieillissant. Elle enchaîna avec les deux Ariettes, une à l’ancienne et l’autre villageoise sur des paroles identiques de Rousseau. Avec l’Ariette Pompadour c’est une drôle de satire sur lce masque virtuel qu’on adopte en en société.
Elle continua à nous impressionner lorsqu’elle interpréta Adieux à la vie une Élégie sur une seule note ! Elle termina son mini récital avec La Chanson du Bébé, texte curieux, ambigu, scatologique. Non ce ne fut pas la fin, le public ne voulait pas la lâcher, ce sont deux bis qu’il a obtenu de cette talentueuse chanteuse. Quel beau mini concert qu’ils nous offrirent ! Leur disque est de la même qualité!
Ce disque est constitué de quinze petits bijoux, pour la plupart méconnus : 1. Ariette à l’ancienne, Jean-Jacques Rousseau 2. Ariette villageoise, Jean-Jacques Rousseau 3. L’Orpheline du Tyrol, Émilien Pacini, 4. Chanson de Zora (La petite bohémienne), Émile Deschamps,5. L’amour à Pekin – Petite mélodie sur la Gamme Chinoise, Émilien Pacini 6. Amour sans espoir (Tirana à l’Espagnole Rossinizée), Émilien Pacini, 7. Au chevet d’un mourant (Élégie), Émilien Pacini, 8. Adieux à la vie (Élégie sur une seule note), Émilien Pacini 9. A Grenade (Ariette Espagnole), Émilien Pacini 10. L’âme délaissée, Casimir Delavigne, 11. La Grande Coquette (Ariette Pompadour), Émilien Pacini, 12. La Légende de Marguerite N. Cimbal, 13. Nizza Émile Deschamps, 14. Le dodo des enfants, Émilien Pacini, 15. La chanson du bébé, Émilien Pacini. Voilà donc un superbe disque et une superbe chanteuse à découvrir, mais déjà reconnu sur plusieurs scènes européennes, à suivre donc.