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« LA CHIMERA – EDUARDO EGÜEZ » : 20 ANS – GRACIAS A LA VIDA

Salle Gaveau, 45 rue La Boétie 75008 Paris

jeudi 17 mars 2022, 20h30

Philippe Maillard pour les 20 ans de La Chimera n’a pas lésiné sur le plateau ce jeudi à la Salle Gaveau. C’était un feu d’artifice de toutes les couleurs sonores avec des artistes en très grande forme qui étaient très émus de participer à cet anniversaire. Après un spectacle de plus de deux heures, ils ont offert un bis qui a pris une dimension imprévue  pour cette soirée, à cause du conflit Russo-Ukrainien. Ils ont tous entonné Solo le Pido a Dios avec une conviction impressionnante. Ce morceau a été écrit par Leon Gieco, un rockeur argentin pendant la dictature militaire en 1978. Il est devenu un véritable hymne contre la guerre, la torture…Le dernier couplet  : « Je demande seulement à Dieu / Que le futur ne me soit pas indifférent,/ Il est perdu celui qui doit partir ailleurs / Pour vivre une culture différente./ Je demande seulement à Dieu/ Que la guerre ne me soit pas indifférente, / C’est un monstre énorme qui écrase lourdement / La pauvre innocence des gens. / C’est un monstre énorme qui écrase lourdement / La pauvre innocence des gens. ». Revenons au début de la soirée et de cette fête qu’a offert La Chimera devant une salle archi-comble ! Le programme était composé en deux parties. L’Occident en première partie et L’Amérique du Sud en deuxième partie. La Chimera est d’abord un ensemble de violes qui est devenu sous la houlette du guitariste Eduardo Egüez, un ensemble plus large avec un répertoire du XVIIème siècle, du baroque sud-américain, mais aussi de la musique de compositeurs contemporains de ce continent. On a eu deux belles surprises au cours de ce concert.

La présence de Gabriel Garrido a qui on doit les plus belles versions des opéras de Monteverdi. Il a dirigé les chanteurs de La Chimera Céline Scheen, Barbara Kusa, Maximiliano Danta, Zachary Wilder, Furio Zanasi, Nicolas Brooymans dans des extraits du Huitième Livre de Madrigaux de Monteverdi .

L’autre surprise ce fut le ténor Zachary Wilder qui, accompagné au luth par Eduardo Egüez, a chanté une très belle mélodie de Dowland : Now, O now I needs must part. Il l’ avait enregistré chez la Musica (Lachrimae – Dowland) – voir l’article sur le site le 27 septembre 2021.

C’est un disque et un chanteur qui font du bien à l’âme. Après une symphonie d’ Eduardo Egüez, l’ouverture du concert devait être un hymne à la musique.

Ce fut bien sûr un extrait de L’Orfeo de Monteverdi : « Je suis la Musique et par mes doux accents / Je sais calmer les cœurs agités/ Et de noble colère ou d’amour/ Je peux enflammer les esprits les plus froids ». C’est tour à tour Céline Scheen, Barbara Kusa, Zachary Wilder, Mariana Rewerski, Furio Zanasi qui ont interprété ce magnifique prologue de l’opéra.

Avec Monteverdi ils nous ont enchanté avec le Lamento della Ninfa avec une Celine Scheen dramatiquement impressionnante et

la basse superbe de Nicolas Brooymans dans l’air célèbre de Sénèque Ecco la sconsolata donna de L’Incoronazione di Poppea.

On ne doit oublier le beau timbre du ténor Furio Zanasi (qu’on retrouve dans la deuxième partie) dans le Lamento di Apollo extrait de Gli Amori d’Apollo e di Dafne de Cavalli.

L’Occident, les Pouilles, ont été chantées dans la deuxième partie par Pino de Vittorio avec une tarentelle anonyme puis une berceuse Nina se voi dormite en duo avec de nouveau Furio Zanasi, composée par Romolo Leonardo et Amerigo Marino.

L’Amérique du Sud ne pouvait pas avoir meilleure introduction avec le succès mondial de la Misa Criolla d’ Ariel Ramirez.

C’est le chanteur, flûtiste Luis Rigou qui avec le Chœur Mélanges sous la direction d’Ariel Alonzo qui ont emporté le public de Gaveau.

Luis Rigo a été le Monsieur Loyal de cette deuxième partie. Avec talent et sa bonne humeur, il a accompagné de la voix, des flûtes andines, les chanteuses dans des compositions de Leon Giego, Carlos Jobin Aguas de Março – …

Le bandonéon de Victor Hugo Villena était de la fête pour accompagner Furio Zanasi dans une impressionnante composition d’Enrique Cadicamo et Anibal Troilo : Garua et Susanna Moncayo dans une composition dramatique d’Alfredo Le Pera et Carlos Gardel : Vientito de Achala.

On ne pouvait pas passer à côté d’une Milonga (de mis Amores) flamboyante de Pedro Laurenz et José Maria Contursi. « Merci à la vie qui m’a tant donné/ Elle m’a donné le rire et m’a donné les pleurs,/ainsi je distingue bonheur et malheur/ les deux matériaux qui composent mon chant / et ton chant est le même chant, et votre chant est le même chant/ et le chant de tous qui est mon propre chant/ Merci à la vie, merci à la vie » Gracias A La Vida de Violeta Parra a terminé ce concert bourré d’émotions.

Quel plus beau texte peut-on écouter en ces jours funestes. Les chanteurs, les musiciens, les choristes ont entonné cette composition avec une ferveur qui a bouleversé toute la salle et qui s’est mise à chanter à tue-tête bon anniversaire à Eduardo Egüez et à La Chimera lorsque le gâteau et les fleurs sont arrivés sur scène…et puis on a eu ce bis, et puis on a eu du mal à quitter la salle…On n’a pas toujours vingt ans et il faut vivre avec ivresse cette jeunesse…

On ne peut pas se quitter ainsi sans parler du dernier disque de La Chimera qui permet de prolonger cette énorme soirée. La Musica sait toujours faire des albums comme de vrais bijoux. Celui-ci est dans la veine des précédents Misa de Indios, Gracias a la Vida,

 

Il s’intitule Iguazú, célèbres chutes d’eau au cœur de la forêt tropicale.

Les compositions sont donc d’Argentine, du Brésil et du Paraguay. C’est une invitation au voyage avec des chansons d’hier, anonyme, du XVIIème siècle, d’aujourd’hui. On retrouve toute la qualité des interprètes, quelques morceaux du concert (Aguas de Março, Milonga de mis amores) et toute la troupe qu’on a applaudi à tout rompre sur scène. Bon voyage sur le Paraná transformé en fleuve musical.

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