Auditorium de RadioFrance
116 avenue du Président Kennedy 75016 Paris
Samedi 6 avril 2024, 20h
Adélaïde Ferrière aux percussions et François Espinasse à l’orgue ont offert aux spectateurs – la salle était assez remplie, phénomène assez rare pour un concert d’orgue ? Un concert un samedi ? La présence de Ferrière ? – un beau concert et très original. Bon à tout seigneur tout honneur comme il se doit, c’est Jean-Sébastien Bach qui a fait l’ouverture – Passacaille et Thème fugué BWV 582 – la fugue était totalement magistrale sous les doigts de ce grand organiste. Mais nous n’avons pas été convaincu par l’arrangement qu’a écrit la percussionniste pour le Concerto pour deux clavecins BWV 1060 au marimba. Ce concerto est souvent mis à toutes les sauces, il est lui-même une transcription, comme d’ailleurs de nombreuses œuvres de Bach. Par contre la partie orgue était magnifique. On n’oublie, car les œuvres contemporaines étaient d’un meilleur niveau, à commencer par la composition de Betsy Jolas, Musique de jour pour orgue. C’est une sorte de fugue à quatre voix propices aux dissonances polyphoniques et équilibre des couleurs. Toutes les oreilles ne sont pas habituées à ce genre de musique qui est bien dans le style de cette grande dame. Adélaïde Ferrière avec les compositions de Lacôte, Jarrell et surtout Watanabe a prouvé si on peut encore en douter de l’excellence de ses performances. Thomas Lacôte est compositeur vraiment passionnant et on l’a souvent apprécié sur le site. La Nuit sera calme pour percussions et orgue est de belle facture . Ici pendant 15 minute l’orgue joue des nappes musicales, discrètes, avec une fluidité peu habituelle pendant que la percussionniste offre des sonorités diverses et variées, le tout donne un alliage magnifique.
C’est seule que Ferrière va interpréter une composition de Michael Jarrell, Assonance VII pour percussions. Là à l’écoute de cette œuvre, on s’aperçoit du potentiel inimaginable que peut offrir des percussions de toutes sortes en frottant, tapant, tambourinant, effleurant avec différentes baguettes, maillets et créer ainsi une composition hallucinante. Assonance a un rapport à la poésie. On dit que deux vers assonent entre eux quand leur dernière voyelle accentuée est la même voyelle.
La poésie on l’a trouvé dans l’œuvre de l’organiste Rikako Watanabe – une commande de RadioFrance – Racines du Vent pour percussions et orgue. Elle explique sa composition et le titre : « …le son de l’orgue, résonnant d’ailleurs grâce au vent passant dans les tuyaux, peut durer longtemps, tout comme des racines d’arbres poussant des profondeurs de la terre, tandis que le son de la percussion peut disparaître dans l’air comme le vent…Pour écrire cette pièce, j’ai puisé dans les sons et les bruits avec lesquels j’ai grandi au Japon.. ». La qualité de cette œuvre est les différentes atmosphères qu’elle diffuse pour qu’à la fin elle termine en une fête joyeuse. Bien sûr on reconnait des moments très orientaux magnifiquement exécutés au marimba. Il y a une sorte de vraie alchimie, de fusion qui se crée entre ces deux instruments. Watanabe offre avec cette composition, un beau et inspirant voyage musical, superbement organisé, sous de légers vents chauds, par Adélaïde Ferrière et François Espinasse . C’est toujours de belles soirées à Radio France en compagnie de l’orgue et de ces magnifiques interprètes. Le prochain concert d’orgue sera le 7 mai avec Christian-Pierre La Marca au violoncelle et Philipp Christ à l’orgue. À suivre donc