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« LA MAISON DE LA RADIO ET DE LA MUSIQUE » : PELLÉAS ET MÉLISANDE – L’ONF / MÄLKKI

Auditorium de RadioFrance 116 avenue du Président Kennedy, 750116 Paris

Le 3 et 5 mars 2023, 19h30

Claude DEBUSSY : Pelléas et Mélisande

Pelléas : Ben Bliss

Mélisande : Antoinette Dennefeld

Golaud : Allen Boxer

Arkel : Alastair Miles

Geneviève : Nadine Weissmann

Le Médecin, le Berger : Patrick Bolleire

Yniold : Joachim Semezies

Chœur : Clémentine Bourgoin, Anne-Lou Bissières, Joël Roessel, Jérôme Savelon, Aurélien Pernay

Orchestre National de France

Luc Héry, violon solo

Susanna Mälkki

Ce concert peut être écouté le samedi 18 mars à 20h sur France Musique et francemusique.fr

Quel plaisir d’entendre cet opéra avec l’ONF qui fait partie depuis de années de son répertoire – il existe un enregistrement avec Bernard Haiting avec un Golaud de Laurent Naouri, un des plus émouvants de sa génération, comme l’est aussi Ludovic Tézier. Golaud est un des personnages les plus bouleversants de l’art lyrique.

Nous on en parlons ainsi car celui que nous a offert Allen Boxer, dans ce concert, nous a étonné. L’ouvrage ne présente pas de difficultés particulières sur le plan strictement vocal, il y a surtout des problèmes de style et de musicalité.

Mélisande, sorte de femme-enfant ne demande pas qu’elle dramatise son rôle et c’est ce qu’a fait à merveille Antoinette Dennefeld et surtout à la fin de l’opéra.

Ben Bliss en Pelléas et Alastair Miles posaient quelques problèmes. Ben Bliss a une belle voix de ténor, Pelléas est un rôle de baryton, baryton martin, un rôle typiquement français, mais il n’en existe plus. Les phrasés sont écrits dans les médium et dans des graves du domaine exclusif du baryton. Bien que ce jeune ténor soit un excellent chanteur (il interprète Tamino, Belmonte) arrivant à chanter en Français, il ne nous a pas convaincu, un chant trop lisse (où est la juvénilité, le seul rôle positif de l’opéra), bref une erreur de casting – la scène de la chevelure a perdu tout son charme -. Arkel est un rôle important surtout dans la fin de l’opéra. Souvent il passe pour un vieux barbon (une erreur), ici Alastair Miles en faisait des tonnes, à la limite de la caricature. Faut-il être Français pour bien chanter dans cet opéra ? Nous le pensons sans être chauvin. Carmen, Faust, Les Troyens, peuvent être chantés par des interprètes internationaux mais Debussy, Fauré, Ravel seront toujours mieux interprétés par des Français, comme Schumann, Schubert ou Brahms par des Allemands… ? Pelléas est un opéra de chef d’orchestre. Comment rendre toute ces subtilités de la partition, l’inexplicable, le destin inexorable, ce n’est pas qu’une simple histoire d’adultère… comme le dit Akel : « Si j’étais Dieu j’aurais pitié du cœur des hommes », cette phrase qui pourrait être ridicule, naïve, et bien bouleversante. Toute la musique, le flot orchestral, doit s’élever très progressivement et il faut arriver à garder cette constance, cette justesse d’accent, cette ductilité du discours orchestral, le sens du coloris en rapport avec l’action dramatique. Que tout cela est bien compliqué et Susanna Mälkki au départ n’a pas trouvé cet équilibre, ah ces pianissimi dans la forêt ! Une version en concert pose des problèmes, l’orchestre n’est pas dans la fosse, il est sur scène et le moindre accent prend des propensions compliquées à résoudre, que l’on peut mieux diriger lorsque l’on enregistre. Ici on travaille sans filet. On peut reconnaitre tout de même le talent de cette cheffe et surtout l’ONF qui souvent nous ont emporté. Á l’applaudimètre c’est l’orchestre qui a eu le plus de succès et c’était bien mérité. Une belle soirée tout de même et qu’aujourd’hui elle va se renouveler, bien que le public ne soit pas au rendez-vous ! Hélas quel manque de discernement qu’il a. Il préférera sûrement aller écouter l’intégral des concertos de Rachmaninov pour la nième fois…Ce ne sont pas eux qui feront pleurer les pierres !

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