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« LA SYMPHONIE OUBLIÉE » : LA RÉSURECTION DE CHARLOTTE SOHY

LA SYMPHONIE OUBLIÉE 

Un récit par Debora Waldman et Pauline Sommelet

Robert Laffont, Paris 2021, 256 pages

 

J’espère que ce siècle donnera aux femmes l’occasion de se faire la place qu’elles méritent parmi toutes les coteries d’artistes au sein desquelles les hommes monopolisent trop souvent le devant de la scène.  

Albéric Magnard (1865-1914)

©DR

L’HISTOIRE

Lors d’un festival, la cheffe d’orchestre Debora Waldman rencontre un directeur de conservatoire, François-Henri Labey, qui lui parle de sa grand-mère, Charlotte Sohy, compositrice qui est tombée dans les oubliettes de la musique classique. Prise de passion pour les compositions, la vie, de cette femme et de sa Symphonie écrite pendant le Première Guerre Mondiale, Debora Waldman va tout faire pour pouvoir l’exhumer et l’interpréter.

© Christophe Abramowitz

L’AVIS

Ce récit sur la vie et l’œuvre de Charlotte Sohy (1887-1955) mis en parallèle avec celle de Debora Waldman, cheffe d’orchestre, née au Brésil, formée en Argentine et en Israël, puis assistante de Kurt Masur pendant sa direction de l’Orchestre National de France et qui aujourd’hui dirige l’Orchestre National d’Avignon Provence est doublement passionnant. On passe ainsi, selon les chapitres, à plus de cent ans d’intervalle, à des moments de vie de ces deux femmes. On rencontre des compositeurs, des personnalités, de fin de siècle, qui ont pour nom Maurice Denis, François Pompon, Vincent D’Indy, Albert Roussel, Guy Ropartz, Louis Vierne, André Messager, Albéric Magnard… et le mari de Charlotte, Marcel Labey. Il disait ouvertement, avec sincérité, que sa femme avait plus de talent que lui. La Première Guerre Mondiale a tout chamboulé ! Magnard, compositeur prometteur, a été tué dès le début des hostilités, Labey et d’autres, sont tombés pratiquement dans l’oubli. Ils composaient comme une suite logique du XIXème siècle. Le bouleversement esthétique c’est Debussy, Stravinsky, Ravel qui l’ont initié. Le XXème siècle a vraiment débuté après cette guerre avec les changements sociétaux qu’elle a engendrés. Aujourd’hui on cherche à faire reconnaître la qualité des compositrices qui sont dans les limbes de l’histoire de la musique. Le concert qu’a donné Debora Waldman en juillet avec l’ONF montre combien la musique n’a pas de genre (voir article sur le site du concert donné à Radio France). Avec ce livre, grâce aux archives de la famille et à la belle plume, fluide, de Pauline Sommelet, on vit cette passion pour la musique qu’avait Charlotte Sohy tout en s’intéressant au parcours familiale et artistique de Debora Waldman. Un récit de vies exaltant même pour ceux qui ne sont pas intéressés par la musique classique. Pour les autres, essentiel.

©DR

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