BARBARA D’ANTUONO
L’Œil de la Femme à Barbe, c’est Ghislaine Verdier. Elle est éditrice de livres d’art et galériste nomade.
Elle propose des artistes à des galeries existantes ou dans des lieux qui peuvent les recevoir. Elle définit son appellation étrange et ironique ainsi : « La femme à barbe représente pour moi l’archétype d’une femme forte et fière. Le port du pantalon n’étant plus l’apanage des hommes, une femme qui porte la barbe aujourd’hui est à mes yeux celle qui portait la culotte hier. Aux personnes qui me demandent mais vous vous êtes rasée aujourd’hui ?, je réponds toujours avec humour et malice que ce n’est pas nécessaire, car les femmes à barbe portent leurs attributs virils à l’intérieur… TOUS leurs attributs virils ! Quant à l’œil, c’est bien sûr celui que je porte sur l’art et que je partage avec le public ».
Nous avons eu le plaisir de rencontrer la femme à barbe à la Galerie Claire Corcia – elle y est souvent les samedis – qui expose outre des artistes haïtiens (voir le papier sur le site), mais aussi une des artistes de Ghislaine Verdier qui s’est imprégnée de cet art : Barbara d’Antuono. Italienne – elle est né à Varese en Lombardie en 1961 –, elle a passé dans les années 80, cinq ans dans les Antilles dont Haïti.
C’est au milieu des artistes haïtiens qu’elle s’initia à la peinture, à la sculpture et à toute la mythologie de ces œuvres si particulières de cette île. Elle développera sa propre technique avant de revenir en Europe. À la Galerie Claire Corcia, ces influences sont flagrantes mais sa manière de les utiliser ne œuvres tient qu’à elle. Ces sont en trois dimensions, car elle coud et rembourre des parties de la toile. Ces aspects en relief sont très originaux. Ce ne sont pas des images peintes mais des bandes cousues ! Outre qu’on retrouve toute la symbolique de l’art haïtien et la naïveté de ces compositions, tout ce qui fait l’originalité des courants artistiques de l’île, Barbara d’Antuono sait les faire sienne avec talent et y ajoute un humour dévastateur.
Lorsqu’on l’interroge sur sa manière de créer, elle répond que coudre est une sorte de thérapie. Sur son travail elle ajoute que…coudre, suturer, refermer les plaies, greffer, un tissu sur un autre, broder c’est une manière de témoigner son désir profond de réunir les deux cultures qui l’habitent. Alors pour en savoir plus sur son travail étonnant qui correspond au titre de l’exposition ESPRITS VAGABONDS, il faut aller faire un tour à la Galerie Claire Corcia.
Mais il faut aussi se procurer le très beau livre qu’a édité Ghislaine Verdier. De nombreuses et excellentes photos de Maxence Gandolphe de White montrent le travail « créole » de Barbara. Elles sont accompagnées par de magnifiques poèmes composés par Kevin Pierre, jeune poète, entre autres, haïtien, né en 1993. Les textes sont proposés en français et en créole.
« S‘il est mort / Avec nos péchés/ Il fallait qu’il reste là-bas avec./Comme il est revenu à la vie / Nos péchés aussi. Il faut qu’il meure de nouveau !/ Moi/Je suis mes péchés, et la façon dont ils me reflètent…» (Pensées Chaotiques de Kevin Pierre)
Pour mieux connaître le travail de Ghislaine Verdier en tant qu’éditrice :
https://loeildelafemmeabarbe.fr.
On trouve dans son catalogue des livres de dessins et peintures de Sophie Sainrapt (Les Mondes Magiques, Animaux Mythos, Corps À Corps, Nue Face Au Monde,Les Quatre Petites Filles, Variations Sur Hieronymus) des photographies de Thérèse Gutman (Partir …Un Transsibérien), de Laurence Dugas-Fermon (Rêve de Béluga), un livre sur le travail très étonnant de Eva Chettle (Fabuleuse Chimères), des hybridations ostéologiques comme elle nomme ses sculptures et bien d’autres livres d’art.
Pour connaître tous les artistes qu’elle suit allez aussi sur son site, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses.
Jusqu’au 27 février 2021 à la GALERIE CLAIRE CORCIA, 323 rue Saint-Martin,75003 Paris pour savourer les œuvres de Barbara d’Antuono et des artistes haïtiens