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« MAISON DE LA RADIO ET DE LA MUSIQUE »: BERLIN SYMPHONIE D’UNE GRANDE VILLE / DAVID HUDRY

Studio 104 de Radio France

116 avenue du Président Kennedy

Vendredi 4 février 2023 , 20h

David Hudry : Berlin, symphonie d’une grande ville, un film de Walter Ruttmann (1927)

Orchestre National de France,

Sarah Nemtanu, violon solo

Frank Strobel, direction

Walther Ruttmann déclare en 1928 : « Depuis que je suis venu au cinéma, j’ai toujours eu l’idée de faire quelque chose avec la matière vivante, de créer un film symphonique avec les milliers d’énergies qui composent la vie d’une grande ville. La possibilité d’une telle réalisation se présenta le jour où je rencontrai Karl Freund – le chef opérateur de Lang, Murnau, Lubitsch, Dreyer…- qui avait les mêmes idées. […] C’est étrange comme Berlin essayait d’échapper à mes efforts pour saisir avec mon objectif sa vie et son rythme. […], mais les parties les plus difficiles furent celles de la ville endormie. Il est plus facile de travailler avec du mouvement que de donner une impression de repos absolu et de calme de mort. ». Ruttmann appliquait les idées de Dziga Vertov (L’homme à la caméra 1929). Grâce au talent de ce chef opérateur, Ruttmann a pu faire des mouvements de caméra insensés qu’aujourd’hui encore on ne peut qu’être fasciné. Le montage de ce film est d’une musicalité qui ne peut que donner envie à des compositeurs de projeter leurs notes sur cette symphonie picturale. Ce n’est pas un hasard et c’est aussi le talent de Radio France et de Pierre Charvet d’avoir eu l’idée de proposer au jeune compositeur David Hudry – voir entretien sur le site 16/03/2020 – de se laisser aller sur ses sublimes images qui correspondent à son univers musical. L’énergie, la vitalité, le chaos, la violence, l’ironie même parfois, sont souvent dans ses compositions et ici vont dans le même sens du film de Ruttmann sans pour cela faire du mickeymousing. Berlin est découpé en parties comme une œuvre de musique donc entraîne de ce fait des mouvements musicaux. L’énergie est la thématique de Hudry (présence d’une base jazz – basse batterie – mélangée avec l’orchestre symphonique). On pourrait analyser acte par acte ce qu’a voulu exprimer David Hudry mais nous ne sommes pas là pour faire une analyse théorique. Son discours musical, comme toute bonne musique de film doit apporter une lecture supplémentaire du discours filmique. Le seul écueil ici c’est que le compositeur est seul face aux images du réalisateur. Comment aurait réagi Ruttmann face à la composition d’Hudry ? La musique originale n’existe plus – certains films de la même époque ont encore leur propre musique – Métropolis, Naissance d’une Nation, Napoléon…) ce qui n’a pas empêché des compositeurs d’aujourd’hui de proposer leur grille de lecture musicale. À la vision du film orchestré nous avons adhéré pratiquement à toutes les propositions de David Hudry et certains moments complexes musicaux participaient pleinement aux superbes mouvements de caméra et surtout au montage. Certains partis pris nous ont échappé, mais c’est le droit du compositeur d’avoir sa propre vision du film. On ne peut que la respecter. David Hudry prouve si ce n’est déjà fait qu’il est un grand compositeur et qu’il a un énorme talent pour écrire de la musique pour l’image. Qu’attendent les réalisateurs? Mais on le sait depuis longtemps et les compositeurs de musique de film le disent :  la plupart sont sourds ! Avec Berlin nous, nous avons ouvert grand nos oreilles et nos yeux pour un vrai bonheur de cinéma !

PS : on doit aussi féliciter l’ONF avec Frank Strobel qui a réussi ce tour de force d’interpréter cette musique en synchrone avec les images, là aussi il y a du talent !

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