Un documentaire de Mehran Tamadon avec Zar Amir Ebrahimi
Sortie le 8 mai 2024
L’HISTOIRE
Mojtaba, Hamzeh, Zar et d’autres ont subi des interrogatoires idéologiques en Iran et vivent aujourd’hui en France. Mehran Tamadon, le réalisateur, leur demande de l’interroger, lui, tel que pourrait le faire un agent de la République Islamique. Le film en devenir se rêve en miroir dressé face aux tortionnaires, révélant leur violence, leur arbitraire et leur absurdité. Mais lorsque Zar Amir Ebrahimi et Mehran Tamadon se prêtent à l’exercice, ni l’un ni l’autre ne semblent plus tout à fait maitriser les rôles qu’ils ont choisi d’endosser, jusqu’à se mettre en danger, ainsi que le projet de film.
L’AVIS
Mon Pire Ennemi forme avec Là où Dieu n’est pas (en salles le 15 mai) un dyptique de films de Mehran Tamadon consacrés aux interrogatoires idéologiques et à la violence politique en Iran. Les deux films peuvent se voir indépendamment. Mehran Tamadon a fait ses deux documentaires en espérant créer du lien, d’entrer en relation avec les interrogateurs du régime iranien et les tortionnaires, leur montrer ce qu’ils osent faire. Mais la situation est telle qu’il lui impossible actuellement d’une possibilité de dialogue. Il reste donc ces deux documentaires où le réalisateur se met en position de victime. Les films sont très violents et dérangeants. La partie avec la comédienne Zar Amir Ebrahimi qui a subi des interrogatoires quotidiens pendant un an et à chaque journée d’interrogatoire rentrer chez elle, est carrément insupportable! Zar pousse l’interrogatoire de Tamadon à un tel niveau de perversité, de violence psychologique qu’on se demande si on est dans une fiction ou dans la réalité des interrogatoires qu’elle a subi ! En tant que bonne comédienne on ne sait plus qui est la victime qui est le bourreau. En fait elle est la victime qui rejoue ce que les tortionnaires lui faisaient subir. C’est plus fort qu’un simple enregistrement face caméra de ce qu’elle a vécue. On ne sort pas intact de ce genre disposition, de cette conception cinématographique. C’est de la part de Mehran Tamadon un geste nécessaire, courageux, sûrement contre l’oubli, pour susciter des réflexions sur ce que sont les mécanismes d’un pouvoir en place. À ne pas surtout pas manquer.