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« MUSÉE DE LA ROMANITÉ – NÎMES » : POMPÉI, UN RÉCIT OUBLIÉ

Du 6 avril au 6 octobre 2019

Musée de la Romanité

16, boulevard des Arènes

30 000Nîmes

Exposition conçue par le Contemporanea Progetti de Florence,

en partenariat avec l’Australian National Maritime Museum of Sydney.

Face aux arènes, voilà juste un an, Elisabeth de Porzamparc a conçu un lieu pour accueillir une partie des milliers de pièces qui représentent 25 siècles d’histoire de Nîmes de la « Rome française ». Un exploit à réaliser car il est très rare pour un architecte d’intervenir à proximité d’un monument aussi important que sont les Arènes.

Forme souple, translucide composée de 7000 lames de verre comme des mosaïques romaines, toute la structure du bâtiment concorde à une impression de légèreté et ne fait pas de l’ombre au chef-d’œuvre d’en face. C’est un vrai exploit technologique lorsque l’on sait toutes les mesures que l’on doit prendre dans cette région aux risques sismiques.

A l’intérieur, cette légèreté pour déambuler dans les espaces pour découvrir les œuvres est aussi de mise. Un parcours chronologique aide les visiteurs à entrer en profondeur dans  l’histoire vaste et complexe de la romanité de la région. Tout se fait en douceur ; vidéos, interactivités (pas toujours réussies) permettent de découvrir avec plaisir la richesse, la modernité, de cette civilisation qui a laissé un héritage important pour construire notre modernité.

Le végétal a été intégré dans la conception du musée. En bas à l’extérieur un jardin archéologique concernant trois époques – gauloise avec des céréales, romaine avec lauriers, oliviers, pins, Moyen Âge avec arbres fruitiers – Sur le toit une terrasse avec des plantes des champs ; les murs végétalisés illustrent eux le XXIème siècle. « Pour moi, un musée ne doit pas sacraliser ses collections. Au contraire, je pense qu’il faut favoriser la relation à l’œuvre. Nous voulons proposer une interaction et non pas une contemplation solitaire » s’exprime ainsi l’architecte.

© Stéphane Ramillon

Outre l’exposition permanente, un espace est dédié aux expositions temporaires. L’exposition proposée jusqu’au mois d’octobre est sur la catastrophe survenue le 24 août 79 après J.C. à Pompéi et à Herculanum. En quelques heures poussières, laves, dues à l’explosion du Vésuve ont fait disparaître deux des plus riches cités romaines. C’est à partir de la personnalité de Pline l’Ancien, qu’a été constitué le fil rouge de l’exposition. Pline l’Ancien est un des plus illustres représentant de la société romaine ; il est  à la fois scientifique, philosophe, homme politique et homme de guerre. Amiral de la flotte de Misène, en pleine nuit, il décide de partir avec douze navires pour porter secours aux habitants de Pompéi. Son neveu, Pline le jeune, âgé de dix sept ans, consigne dans ses mémoires ses témoignages. Ses écrits sont relatés dans toutes les salles. « Ce phénomène surprit mon oncle et dans son zèle pour la science il voulut l’examiner de plus près ». Pline le Jeune Lettres VI 16. Grâce à ces récits, on peut revivre en temps réel la fin tragique de Pompéi et la mort de son oncle.

En quatre sections ont va à la rencontre de Pline, de la puissance de l’Empire romain, à la destruction et la mort d’une partie de la population de ces deux cités.

Après la première salle consacrée à Pline l’ancien, La deuxième salle, magnifiquement illustrée (dessins, vidéos) montre comment l’Empire est devenu la grande puissance maritime sur « Mare Nostrum » comme ils désignaient la Méditerranée, comment la bataille d’Actium lui a ouvert toutes les routes commerciales et la naissance de la libre circulation des marchandises – la mondialisation – une notion considérée à tord comme contemporaine.

La salle suivante permet d’entrer dans la vie quotidienne de Pompéi. « Que de richesses, que de charmes dans la seule côte de la Campanie, chef-d’œuvre où évidemment la nature s’est plu à accumuler ses magnificences… » Pline l’Ancien Naturalis Historia III 40-41. Elle illustre comment la fertilité de la Campanie due au Vésuve contribua à l’importance commerciale et militaire de la baie de Naples. La vie quotidienne est un véritable paradis sur terre –  Pompéi est née au IVème siècle avant J.C. – qui devient le 24 août 79 après J.C. un enfer !

C’est la dernière salle qui raconte la mort soudaine, la légendaire tentative de sauvetage de Pline, le désastre auquel il n’a pas survécu ; c’est à travers la plume de son neveu, un important témoin de ce qui s’est passé. « Il se pressa d’arriver au lieu où tout le monde fuyait et où le péril paraissait plus grand : mais avec une telle liberté d’esprit, qu’à mesure qu’il apercevait quelque mouvement ou quelque figure extraordinaire dans ce prodige, il faisait ses observations et les dictait…déjà tombaient autour d’eux des pierres calcinées et des cailloux tout noirs, tout brûlés, tout pulvérisés par la violence du feu ; déjà la mer semblait refluer et le rivage devenir inaccessible par des morceaux entiers de montagnes dont il était couvert ». Pline le jeune

L’exposition se termine avec la présentation des témoignages les plus impressionnants sur l’éruption du Vésuve et sur la destruction de Pompéi et d’Herculanum. Le nuage volcanique arrive à Herculanum pendant la nuit, la température de la coulée est tellement haute que tout matériel organique est carbonisé sans laisser aucune trace alors qu’à Pompéi la coulée moins incandescente a tué des vies mais n’a pas carbonisé les corps et ont permis aux cendres de se consolider autour des victimes. La proximité de ces corps (les moulages pour l’exposition) a un fort impact émotionnel deux mille ans après cette catastrophe.

La scénographie, le choix des objets, des bijoux, des sculptures, le haut niveau scientifique des contenus, les thématiques traitées, font que cette exposition impressionnante est pour tout public.  Elle est une formidable introduction pour aller ensuite visiter les ruines et même plus intéressante que la découverte des lieux eux-mêmes. Nîmes, ville d’hier, par ses expositions, sa culture, renaît de ces cendres.

 

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