Né à Bologne le 5 mars 1922, Pier Paolo Pasolini s’est illustré dans tous les registres : cinéma, poésie, roman, essais critiques et théoriques. Anticonformiste notoire, homme engagé, il meurt assassiné en 1975 sur la plage d’Ostie près de Rome dans des conditions mystérieuses.
Son œuvre artistique, intellectuelle, éclectique et politiquement engagée, a marqué violemment la critique de son époque. Connu notamment pour son engagement à gauche, mais se situant toujours en dehors des institutions et des partis, il observa en profondeur les transformations de la société italienne de l’après-guerre, et ce, jusqu’à sa mort. Son œuvre suscita souvent de fortes polémiques (comme pour son dernier film, Salo ou les 120 journées de Sodome sorti en salles l’année même de sa mort), et provoqua des débats par la radicalité des idées qu’il y exprime. Il se montra très critique, envers la bourgeoisie et la société consumériste italiennes alors émergentes, et prit aussi très tôt ses distances avec l’esprit contestataire de 1968
« la société de consommation de masse, en recouvrant artificiellement le tissu vivant de l’Italie par un ensemble insipide et uniforme de valeurs pragmatiques propres à l’idéologies du « bien-être », a littéralement étouffé l’identité du pays, a broyé dans une même machine imbécile de normalisation tous les particularismes culturels, les « petites patries » et les mondes dialectaux de la campagne italienne, jusqu’à modifier moralement et même physiquement le paysan pauvre… » (Scritti Corsari 1976)
Dans la seconde partie de sa vie, Pasolini fera un usage provocant, polémique, de la poésie. Artiste en vue, critique de la société, sa vie privée ou publique est la cible d’attaques. Il se sent persécuté et il l’est. Il ne parle plus en son nom seul, mais aussi en celui de tous les persécutés. Ses poèmes sont un chant de combat. Il se tourne vers ceux qui incarnent l’humble Italie ou au contraire la menacent.
Avec plus de quatorze prix et neuf nominations, l’art cinématographique de Pasolini s’impose, dès 1961 avec Accatone jusqu’à Salò ou les 120 Jours de Sodome !
1961 Accatone
1962 Una Vita Violenta
1962 Mamma Roma
1967 Œdipe Re
1968 Théorème
1969 Médée
1969 Porcile
1974 Les Mille et une Nuits
1975 Salò ou les 120 Jours de Sodome
On retrouvera dans ces entretiens, pour la plupart inédits en français, édités par Maria Grazia Chiarcossi, les thèmes essentiels chers au poète italien, qui partent des recherches menées sur la langue et le style pour aboutir à la défense poétique de l’humanité ravagée par le néocapitalisme. On y lira aussi des réflexions sur marxisme et christianisme, sur son enfance, sur la révolte des étudiants de 1968 vue comme lutte interne à la bourgeoisie, sur son engagement communiste et humaniste, sur les ravages du développementisme au détriment du progrès.
Tous ses films sont visibles en DVD/Blue Ray
