- Yves Lafargue, orgue
- Karine Deshayes, mezzo soprano
- Lise Berthaud, alto
Mercredi 27 mars 2019
Hector Berlioz : La Captive
Les Troyens (Combats des cestes –Pantomime)
Les Nuits d’été (Villanelle – Le Spectre de la rose – L’île inconnue)
Harold en Italie (Marche des Pèlerins chantant la prière du soir)
La Damnation de Faust (Ballade du roi de Thulé, Marche Hongroise –Romance)
Alexandre-Pierre-François Boëly : Andante con moto en mi bémol majeur op.18n°1
Fantaisie et fugue en si bémol majeur op.18 n°6
César Franck : Offertoire en sol mineur
Andantino en sol mineur
Pour les 150 ans de la mort de Berlioz, de nombreux concerts sont donnés en France. A l’Auditorium de Radio France, un trio voix- alto-orgue était pour le moins original. Peut-être cette formation inhabituelle a-t-elle fait peur car la salle était à moitié pleine.
Berlioz n’a pas écrit pour le piano, c’est plutôt l’orchestre et la voix qui étaient ses pôles de prédilection. Le piano était considéré comme accompagnateur de ses mélodies. Il a écrit très peu pour l’orgue – Te Deum – et quelques œuvres pour mélodium. Ce sont des transcriptions pour cet instrument qui ont été interprétées. Le concert était étonnant, détonnant et de belle tenue.
Karine Deshayes grande spécialiste de Berlioz et de la musique française en général avec sa magnifique voix de mezzo interpréta des extraits des sublimes « Nuits d’été » qu’elle avait données en janvier dernier à la Philharmonie. Sa voix puissante, sa diction d’une rare précision, son sens du texte étaient de toute beauté, parfait, peut-être avec un rien d’afféterie qui à force de chercher le beau son enlevait une part d’émotion surtout dans le mélancolique « Spectre de la rose ». C’est dans la « Ballade du roi de Thulé » de la « Damnation de Faust » que Karine Deshayes nous a fait chavirer. L’accompagnement lumineux de la grande et jeune altiste Lise Berthaud était une belle idée. Son alto se mélangeait parfaitement avec les sonorités puissantes de l’orgue.
L’organiste Yves Lafargue était impressionnant de dextérité devant son orgue tout électronique. Après avoir exécuté deux petites œuvres d’Alexandre-Pierre-François Boëly, musicien peu connu du début du XIX siècle, avec un style dans la grande tradition de l’orgue, c’est avec César Franck, maître incontesté dans l’art de cet instrument qu’il montra toute sa sensibilité, sa science, sa vélocité face à ses trois claviers. Les transcriptions de Berlioz étaient intelligemment faites et le tube la « Marche Hongroise, prodige d’orchestration, apportait toute l’ampleur de cette musique généreuse et débordante de Berlioz.
Programme intelligent, transcriptions perspicaces, interprétations lumineuses, flamboyantes, c’était une soirée étonnante et d’une grande originalité.