94 Bvd Auguste Blanqui 75013 Paris
Bon Klarthe a donné un nouveau rendez-vous pour la sortie de ses albums dans un endroit enfin pas trop décentré, le 13ème, et dans une salle, à l’acoustique formidable, celle où sont souvent enregistrées des musiques de toutes sortes. Une belle soirée en perspective avec une violoniste, seule, Agnès Pyka, puis deux artistes, le Duo Alma – Clara Danchin, violoniste, Anna Jbanova, pianiste – puis cinq cuivres, Le LOCAL BRASS quintette – François Petitprez à la trompette, Javier Rossetto à la trompette, Benoit Collet au cor, Romain Durand au trombone, Tancrède Cymerman, au tuba –
Voyage avec un Violon Seul tel est le titre de l’album d’Agnés Pyka. Comme beaucoup d’interprètes, ils (elles) commencent tous avant de jouer, par dire qu’ils (elles) ont subi le confinement – comme si nous, auditeurs, ont l’avaient oublié ! – Et ils (elles) ont réfléchi à leur avenir ! Un peu égocentriques ces musiciens non ? Espérons qu’ils (elles) vont se calmer avec cette introduction, ah beinh non il y a l’Ukraine qui les préoccupent ! Plus du tout la Syrie, l’Arménie, la RDC, le Yemen ? Bon fermons cette parenthèse.
Donc cette sympathique et talentueuse violoniste, Agnés Pyka est en tête à tête avec son violon et offre dit-elle : « Une balade en solitaire puisque privée de mes compagnons chambristes… en tête à tête avec mon violon, pour explorer, rêver. » Elle nous a donc offert quelques instants de réflexions solitaires Salle Colonne.
D’abord jouer du Jean-Sébastien Bach (beinh c’est un peu les gammes de tous violonistes non ?). Passées les gammes, ce qui était plus intéressant c’était de faire un effet miroir avec ce qu’a composé Thierry De Mey face à la Pasacaille (belle coïncidence comme chemin ). Ensuite elle a proposé un extrait de la Sonate-Monologue d’Aram Khatchaturian, très rarement interprétée (il existe une dizaine de versions en disque !). L’album de cette solide violoniste propose donc ces trois compositeurs et ces trois œuvres : Johann-Sebastian Bach – Partita 2 BWV 1004 – Thierry de Mey – Passacaille et Variations – Aram Khatchaturian – Sonate Monologue. Á découvrir.
D’une, nous sommes passés à deux. Clara Danchin, violoniste et Anna Jbanova, pianiste. Comme beaucoup d’interprètes féminines aujourd’hui, elles se sont penchées sur le sort des compositrices oubliées. Donc nous avons eu le plaisir (sans forfanterie), d’entendre des extraits d’œuvres d’Amy Beach, Clara Schumann, Mel Bonis et Marguerite Canal. Toutes les quatre sont dans le disque qu’ont enregistré ces deux musiciennes. Elles l’ont intitulé Créatrices ! (On l’espère). Ces œuvres sont charmantes, on peut comprendre que Clara Schumann fait partie des répertoires, mais Marguerite Canal devrait être plus souvent interprétée, sa Sonate vaut celle de Fauré ou de Franck. Mel Bonis a souvent été jouée mais c’est plutôt sa Sonate pour violoncelle et piano qui fait partie des récitals.
Clara Danchin a un très beau son, et il était parfait pour sonner la Romance, si romantique, d’Amy Beach et de Clara Schumann. Sa technique parfaite nous a impressionnée dans la Sonate de Marguerite Canal qui a des difficultés à résoudre et qui n’avaient pas l’air de poser de problèmes à cette superbe musicienne qu’est Clara Danchin. Anna Jbanova avait un accompagnement un peu froid, le direct est souvent difficile a assumé lorsque l’on accompagne. Mais au disque il est différent.
Créatrices est un disque original par le choix des compositrices et par la qualité des interprètes. Un beau disque. Clara Schumann – Trois romances op.22 – Mel Bonis – Sonate pour violon et piano en fa dièse mineur – Amy Beach – Romance op. 23 – Marguerite Canal – Sonate pour violon et piano.
De trois on passa à cinq artistes avec le Local Brass Quintet et quels musiciens ! Impressionnants ! Bon ce ne sont que des mecs et ils s’en sont excusés ! Mais qu’est-ce que cela veut dire cette introduction ? Comme s’ils avaient honte qu’il n’y ait pas une femme avec eux ! On est dans la discrimination positive ! Les précédentes artistes étaient deux femmes, il aurait fallu un homme au piano ! Cela devient de plus en plus stupide. La musique n’a pas de genre et des interprètes féminines sont nombreuses et talentueuses et depuis des générations. Bon écoutons le Local Brass Quintet : « Lors d’un concert donné à Matignon à l’occasion de la Fête de la Musique en 2018, nous avons interprété La Fille aux cheveux de Lin de Debussy. Gabriel Philippot, qui était venu écouter son arrangement des Valses Poéticos de Granados, est tombé sous le charme, s’étonnant que Debussy rende aussi bien en quintette de cuivres. C’est ainsi que l’idée lui est venue de nous offrir sa propre transcription de La plus que lente de Debussy. Quand, un an plus tard, nous présentons cette pièce sur scène à Paris, c’est un véritable déclic, tant pour nous que pour le public – et pour Gabriel lui-même qui, une fois de plus présent à ce concert, trouvait que la formation amenait décidément un nouvel éclairage et une formidable valeur ajoutée en termes de soutien des accords, de richesse des timbres, de contrastes, etc. C’est ainsi que, peu à peu, est née l’idée de ce deuxième CD. Après notre premier enregistrement, Stay Tuned, qui explorait les univers musicaux hispaniques et français, choisir l’identité du programme fut en effet chose facile grâce aux retours du public, des collègues et de Gabriel : il était évident que ce nouvel enregistrement devait mettre à l’honneur la musique française. Mais, plutôt que de partir sur un répertoire très vaste comme pour le CD précédent, nous avons décidé de nous concentrer sur deux compositeurs quasi contemporains : Ravel et Debussy, deux figures emblématiques de la musique française du début du XXème siècle ». C’est avec humour que chacun a présenté une pièce. Clarté du son, mise en place, arrangements fins et étonnants, c’est ce que nous avons entendu dans des extraits du disque qu’ils ont offert au public enthousiaste (les copains et élèves étaient dans la salle, ahahah).
Romain Durand, dans le rôle de Don Quichote, Javier Rossetto dans celui du Faune étaient parfait – présence d’une femme dans cette pièce superbement arrangée par Gabriel Philippot oui Mathilde Nguyen était une femme au piano !).
Du son que du bon son, entente parfaite des musiciens, ce n’était que du bonheur de les écouter. Il faut absolument les voir en direct pour sentir cette énergie qu’ils dégagent en jouant ces œuvres que l’on connait tant et que, grâce aux arrangements intelligents, nous ravissent toujours autant. La cerise sur le gâteau c’était une pièce de Gabriel Philippot, quel talent ce monsieur !
Le disque redonne quand même cette ambiance mais dès que Local Brass Quintet se présentera sur une scène ne les manquez pas ! C’est avec un Saint Louis Blues d’enfer qu’ils ont fait craquer la salle, les Colonnes en tremblent encore ! ahahah merci les mecs…et mesdames et surtout Klarthe ! Claude Debussy (Arr. Huug Steketee) – La fille aux cheveux de Lin, L. 117 – Maurice Ravel (Arr. Gabriel Philippot) – Quatuor à cordes en Fa Majeur, M. 35 (II. Assez vif, très rythmé)- Claude Debussy (Arr. Gabriel Philippot) – La Plus que Lente, L. 121 – Maurice Ravel (Arr. Gabriel Philippot)- Concerto pour piano en Sol Majeur (II. Adagio assai) – Gabriel Philippot (Création) – Trois Danses pour Quintette de Cuivres – Claude Debussy (Arr. Gabriel Philippot)- Clair de Lune, L. 75 – Danse (Tarentelle Styrienne) – Claude Debussy (Arr. Javier Rosetto) – Quatuor à cordes en Sol Majeur, Op. 10, L. 113 (III. Andantino, doucement expressif) – Maurice Ravel (Arr. Gabriel Philippot) Don Quichotte à Dulcinée, M. 84 – Claude Debussy (Arr. Gabriel Philippot) – Prélude à l’Après-midi d’un Faune L.86 . Interprétés par François Petitprez, Trompette, Javier Rossetto, Trompette, Benoit Collet, Cor, Romain Durand, Trombone, Tancrède Cymerman, Tuba, et Mathilde Nguyen, Piano.