78 Rue Cardinet 75017 Paris
jeudi 28 mars 2024, 20h
Pour présenter son nouvel album – Sangata , Klarte , KLA172 – Thierry Pécou a organisé un concert avec son Ensemble Variances dans cette mythique salle.
Contrairement aux habitudes, c’est un concert totalement différent du cd qui s’est déroulé. Ce disque, comme souvent chez Pécou, est une immersion musicale dans un pays, ici l’Inde. Fasciné par la riche tradition hindoustanie il a organisé ce projet musical collaboratif avec Ragini Shankar au violon, Rishab Pasanna, flûte bansuri, Amaan Ali Khan, tabla, Anne Cartel flûte, Carjez Gerretsen, clarinette de l’Ensemble Variances, bien sûr lui au piano et en tant que directeur artistique. Cet album est une passionnante aventure musicale dans le monde de la musique contemporaine. Ne pouvant avoir les musiciens locaux, c’est donc un récital original que nous avons entendu. Nous n’allions pas nous plaindre tant la qualité des œuvres proposées et leur interprétation nous ont enthousiasmés. Rishab Prasanna qui vit en France s’est exprimé avec sa flûte bansuri dans deux Ragas miniatures. Les œuvres choisies au début du concert étaient en relation direct, en miroir, avec la musique de l’Inde.
Krishma et Radha de Giancinto Scelsi a été interprété avec une belle énergie et intelligence par Anne Cartel à la flûte et Marie Vermeulin au piano.
Prasanna a enchaîné sur la dernière note avec une improvisation à la flûte.
Seule au piano Marie Vermeulin a joué Gamelan bien tempéré n° 3 et n° 7 de Pécou. Elle a démontré là son exceptionnelle technique et son plaisir à interpréter la musique d’aujourd’hui. Là-aussi Prasanna s’est amusé à improviser, accompagné discrètement par la pianiste.
Ont suivi deux œuvres très calmes, même sombres, une de Kaija Sarriaho (Mirrors) et une d’Othman Louati (Miroirs). Ce sont donc les musiciens de Variances qui les ont jouées – Anne Cartel flûte, David Louwerse, violoncelle, Romuald Grimbert-Barré, violon, Marie Vermeulin piano et Antonio Lopes à la clarinette en remplacement de Carjez Gerretsen.
La violence est revenue avec Les Mémoires du miroir de quartz du canadien Marc Patch. C’est Thierry Pécou qui s’est mis au piano avec cette composition fondée sur le spectre harmonique pas directement dans le courant spectral mais pas que…hallucinant
Ce concert s’est organisé avec la collaboration de l’École Normal de Musique de Paris (l’ENMP) et c’est une composition d’un élève Ziyue Yu – Les couleurs perdues – qui a été jouée par les musiciens de l’Ensemble avec un élève, de l’ENMP au piano Lazare Lubek. Œuvre étonnante, dense, nimbée de nostalgie.
La tierra con los dientes de Thierry Pécou a ramené un peu de joie sur le plateau, avec une œuvre inspirée du flamenco avec le violoniste, le violoncelliste et la superbe pianiste de l’Ensemble qui l’ont jouée. En bis c’est A Cuatro Voce de Pécou qui a terminé ce magnifique concert. Avez-vous déjà vu une fillette de trois ans attentive, fascinée par le déroulement d’un concert de musique contemporaine ? Et bien nous l’avons vécu, c’était notre voisine ! Bon c’est la fille de la pianiste mais quand même de la regarder écouter du Pécou, du Patch, du Saariaho, du Scelsi, avec une telle attention, on se pose la question du problème de l’écoute et du manque d’intérêt des adultes pour la musique contemporaine…Le ministère de l’éducation au lieu de se battre pour savoir comment déguiser nos bambins ferait mieux de s’occuper de la musique à l’école ! Ne dit-on pas qu’elle adoucit les mœurs ! Alors musique obligatoire dans tous les établissements scolaires et du Pécou à tous les étages ! En attendant cette bonne et utopique idée, voyageons musicalement avec Sangata et l’Ensemble Variances ! À vos platines !
