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« SALLE GAVEAU » : NAPLES PROFANE, SACRÉ – PIAU – DUMAUX – GAILLARD

45 rue de La Boétie, 75008 Paris

Vendredi 17 novembre 2023, 20h30

Diego Ortiz (1510-1570) : Trattado de Glosas : Recercadas IV y VIII sobra La Folia

Andrea Flaconieri(1585-1656) : La suave melodia y su corrente (extrait du Primo libri di canzonne, sinfonie, fantasie…)

Nicola Fiorenza (1700/1710-1764) : Concerto pour violoncelle en fa majeur n°1

Francesco Corselli (1705-1778) : Lamentation du jeudi Saint pour soprano, violoncelle & basse continue

Leonardo Leo (1694-1744) : Concerto n°2 pour violoncelle, cordes & basse continue en ré mineur L.60

Nicola Porpora (1686-1768) : Torbido intorno al core (extrait de Meride e Selinunte) –

Tu spietato non farai (extrait de Agamennone)

Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736) : Stabat Mater

Anonyme : Tarentelle traditionnelle

Sandrine Piau, soprano

Christophe Dumaux, contre-ténor

Ensemble Pulcinella

Ophélie Gaillard, violoncelle, direction

Bon, quel temps fait-il à Paris, le ciel est-il toujours gris, pour paraphraser Les vacances de Monsieur Hulot, et bien oui il pleut ! Mais hier soir, grâce à Philippe Maillard c’était plein soleil à Gaveau. Il faut dire qu’avec Ophélie Gaillard et son ensemble Pulcinella et leur énergie, cela ne peut pas être différent. Ce sont des petits maîtres comme on dit qui ont fait la première partie de la soirée. Pablo Valetti, Margherita Pupulin, violon, Samantha Montgomery, alto, Pascale Clément, violoncelle, Alexandre Teyssonière de Gramont, contrebasse, Daniel de Morais, guitare & théorbe, Paolo Zanzu, orgue & clavecin et l’incroyable Michèle Claude aux percussions, accompagnaient Ophélie Gaillard. L’ambiance napolitaine était lancée et de quelle manière.

Mais Naples c’est aussi la douleur, les larmes, le sang et Sandrine Piau, la superbe soprano, vint se lamenter sur ce fameux jeudi Saint, une touchante plainte de Francesco Corselli un italien de naissance (Plaisance) mais qui a fait sa carrière à Madrid en concurrence avec Farinelli. Nicola Porpora lui est un vrai napolitain, mais il n’ y a pas plus d’une trentaine d’années qu’il est revenu sur le devant de la scène, comme d’autres compositeurs napolitains, grâce surtout au chef d’orchestre et musicologue Antonio Florio, à la fin des années 80, avec son ensemble Cappella della Pietà de’ Turchini aujourd’hui Cappella Neapolitana. Haydn, Farinelli ont été les élèves de Porpora.

Célèbre dans toute l’Europe en son temps il a écrit quelques opéras et c’est la magnifique voix de contre-ténor Christophe Dumaux, au timbre si exceptionnel, qui a déclaré Torbido intorno al core il sangue omai s’aggira (Mon sang troublé bouillonne autour de mon cœur…lascia chi’io teco mora : questa mi resta sol, dolce speranza ! Laisse-moi mourir avec toi : c’est le seul et doux espoir qu’il me reste). Succès. Il enchaîna avec un autre air tout aussi magique, encore une histoire de sang, Non vedrai un sangue altero sparso a terra, avvilito dal tuo braccio no’l vedrai…Tu ne verras pas son noble sang avili par ton bras se répandre à terre, non je m’y refuse ! Succès. Et non ils n’y vont pas de main morte les Napolitains ! Heureusement qu’une Tarentelle a ramené un peu de joie sur le plateau après ces terribles imprécations !

Un entracte a apporté de la sérénité pour écouter religieusement le Stabat Mater, l’œuvre la plus célèbre de ce Napolitain mort si jeune (vingt-six ans) Giovanni Battista Pergolesi. Le duo de deux castrats est la version originale, les femmes ne devaient pas chanter à l’église. On l’a souvent entendu avec soprano/mezzo ou contre-ténor. Le duo Piau/ Dumaux était impressionant, on restait collé à son fauteuil tant la communion entre ces deux voix était parfaite. Ne pas oublier derrière, l’accompagnement solide et discret de l’Ensemble Pulcinella. Triomphe ! Pour détendre l’atmosphère c’est une autre tarentelle avec encore une fois la percussionniste avec de drôles de trucs dans les mains qui a fait le show pour le bonheur des spectateurs ! Les Napolitains auraient été ravis de cette soirée…Beinh ils ne se sont pas encore remis d’être champion d’Italie au foot cette année ! Saint Maradona a dû faire chanter quelques cantates de Porpora ou de Provenzale au ciel ! Ma delle’empia e del moi sangue sitibonda anima ingrata al fulgor di mano armata la superbia abbasserai …C’est carrément de Gomorra cette histoire !

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