S’il y a bien un qui croit encore à la musique enregistrée, aux musiciens, c’est bien Hubert Haas le fondateur et directeur général de Solo Musica. Il produit, enregistre des artistes très talentueux et leur permet de s’exprimer dans des registres que d’autres producteurs n’osent plus s’aventurer. Priorité à la musique, aux genres musicaux, tel est le credo de Solo Musica, la musique d’abord !
Ralph Vaughan Williams, A Sea Symphony, Serenade To Music (SM 415) MDR-Sinfonieorchester/ MDR-Rundfunkchor, Dennis Russell Davies, director
Pour le 150e anniversaire de la naissance de Ralph Vaughan Williams (18 octobre 1872), Solo Musica propose un enregistrement de A Sea Symphony et Serenade To Music. Ralph Vaughan Williams a dit en plaisantant de lui-même qu’il était né avec une petite cuillère en argent dans la bouche , ce qui le rendait indépendant d’une activité d’enseignement et instrumentale chronophage, qui autrement sape beaucoup d’énergie d’un compositeur. Dès qu’il fut sûr de sa vocation créatrice, il abandonna le poste qu’il avait occupé comme organiste dans la congrégation londonienne de St. Barnabas après avoir terminé ses études. Lorsqu’il mourut en 1958 à l’âge de 85 ans, il fut reconnu comme la figure la plus importante entre Edward Elgar et Benjamin Britten et fut enterré aux côtés d’Henry Purcell à l’abbaye de Westminster, le panthéon des grands du passé de l’Angleterre. Il a travaillé sur la Sea Symphony pendant près de sept ans. Conçu à l’origine comme un poème symphonique – temporairement intitulé The Ocean – il marque le tournant de son œuvre, passant d’œuvres à plus petite échelle à des compositions chorales et orchestrales à très grand effectif. Cette symphonie est considérée comme sa première, il en a écrit neuf. C’est une œuvre imposante, par sa longueur, plus d’une heure, avec un chœur énorme et la présence de deux solistes un baryton et une soprano. Les textes sont d’un poète américain Wait Whitman tous en rapport avec la mer. Dennis Russell Davies qui la dirige sur ce cd est un chef d’orchestre américain qui s’est spécialisé dans le répertoire contemporain et d’aujourd’hui ( Henze, Glass, Part, Cage). Diriger une telle symphonie chorale est une gageure à tout point de vue. Elle est dans la grande tradition des chorales anglaises. Le chœur est la partie la plus importante de l’œuvre et le MDR-Rundfunkchor connait bien cette symphonie, il l’a déjà chantée et enregistrée. Dennis Russell est très à l’aise dans ce répertoire, voilà une interprétation digne des meilleurs. La Serenade to Music a été composée en 1938 pour le Golden Jubilee Concert par le chef d’orchestre Sir Henry Wood (1869 – 1944), qui s’était fait un nom dans la vie musicale anglaise. On dit que Rachmaninov était à la première et qu’il aurait été émue aux larmes. On est effectivement plus dans l’ambiance de la Sea Symphony mais dans une délicieuse musique, si anglaise, d’un autre temps et bien dirigée. Deux cd à connaître et à (re) découvrir pour entrer dans le monde de Ralph Vaughan Williams
1919 (SM 410) – Marion Leleu, alto, Bertrand Giraud piano
Ici, on passe radicalement dans une autre ambiance, plus intime, avec un simple duo Alto/ Piano, bien qu’ici aussi le vent et la mer ont inspiré l’altiste Marion Leleu accompagnée par le pianiste Bertrand Giraud. En parlant de Joseph Ryeland, de Paul Hindemith, de Rebecca Clarke, compositeurs on ne peut plus différents, tant par leur situation sociale, leur origine géographique, que leur condition psychologique Leleu explique : « Comme les vagues de la mer de ma Bretagne natale, leurs phrases mélodiques vont et viennent, se développent, se déroulent, pouvoir énorme, enfin exploser ou se calmer d’une manière indulgente. » Elle a été immédiatement captivée par la Sonate Op. 73 de Joseph Ryeland et se réjouit d’être la première à avoir enregistré cette œuvre. Cette musique mérite d’être mieux connue et elle espère qu’elle fera bientôt partie du répertoire romantique de l’alto. La Sonate Op.11/4 de Paul Hindemith « …est comme une rivière ou un voyage et bien que le temps de jeu ne soit pas très long, cela peut ressembler à un marathon et cela reste un défi constant pour les interprètes. L’œuvre finale, la Sonate de Rebecca Clarke, « ..est un appel nécessaire et émouvant pour offrir à ses adeptes féminines une plus grande visibilité et liberté dans le monde de la musique. ». Voilà un voyage en 1919 passionnant à faire.
Love and Let Die (SM 405), Katharina Ruckgaber soprano, Jan Philip Schulze, piano
Avec un titre de l’album très James Bond, la soprano Katharina Ruckgaber propose un album concept avec des lieder de Wolf, Schönberg, Eisler, Zemlinsky, Schubert, Brahms, Webern, Berio…Elle les a agencés comme une sorte d’enquête policière. Elle s’exprime : « À la recherche de pièces adaptées à mon idée d’une soirée de chansons sophistiquée, classique mais variée, qui forme également un deuxième niveau sous la forme d’une histoire (policière) dramaturgiquement rigoureuse et nouvellement composée, j’ai creusé dans le répertoire de l’allemand art de la chanson. En plus des classiques que j’ai appris à aimer, je suis également tombé sur des trésors que j’ai moins entendus lors de mes enquêtes ». Bon son projet de concept importe peu sauf pour les germanophiles. Ce que l’on retient à l’écoute de ces chansons allemandes c’est que cette soprano a une très belle voix et que son disque est un vrai plaisir pour nos oreilles pas si allemandes que cela et une découverte de certains lieder. En voilà la preuve en musique…
Talistrio Piano Trio (SM 409) – Œuvres de A. Casella, S. Rachmaninov, K. Yamada
En 2011, les frères et sœurs Elisa et Wenzel Gummer et le violoncelliste Takuro Okada forment un trio germano-japonais. Depuis lors, des tournées de concerts l’ont mené de la Bavière aux Pays-Bas, en Suisse et au Japon. Les projets d’échange et de compréhension entre la culture allemande et japonaise sont particulièrement importants pour le Talistrio. Ici c’est Casella, Rachmaninov et une œuvre du Japonais Yamada qu’il interprète. La presse à son début lui attestait une grande intensité et virtuosité , une grande différenciation de l’intonation , ainsi qu’une pénétration mentale des compositions, pensée jusqu’au bout, le moindre détail. Que de phrases si intellectuelles qui pourraient faire éviter des les écouter. La Sicilienne et Burlesque op. 23 de Casella est magnifique, le Trio élégiaque de Rachmaninov est d’un romantisme à faire pâmer un sourd, et Akatombo de Yamada mérite qu’on l’écoute qu’on la découvre. Oui ce trio a bien du talent et ce disque est une petite merveille. Bon ces mots sont simples, banals, mais quand on est face à l’évidence pourquoi aller chercher plus loin, le Talistrio est à écouter tout simplement, juste pour le plaisir.
Lena Belkina – Passion pour l’Ukraine (SM 418)
La chanson folklorique ukrainienne est sans aucun doute un phénomène unique. Le fonds ukrainien compte environ 15 500 chansons, se classant au premier rang et de loin. La musique folklorique de langue ukrainienne est née au IXème siècle lors de la fondation de Kyivan Rus, les auteurs des paroles de la plupart des chansons sont déjà oubliés. De nombreux compositeurs les ont explorés et arrangés au fil du temps, principalement pour voix et piano, les transformant en une romance de chansons. Le programme comprend 15 chansons : trois romances de quatre compositeurs et trois chansons folkloriques. Chaque œuvre a accompagné la vie de l’artiste d’une manière ou d’une autre, elle a donc une signification particulière pour Lena Belkina. Le programme est émouvant et multiforme et n’aurait pas semblé aussi authentique sans la pianiste Violina Petrychenko. Le pianiste promeut la musique ukrainienne pour piano dans le monde entier, enregistrant des compositeurs tels que Kosenko, Revutskyi, Barvinskyi et d’autres artistes peu connus dans le monde. Les deux artistes sont unis par un objectif commun – montrer l’art ukrainien au monde entier avec amour pour leur pays. Plusieurs articles sur cette artiste incomparable sont sur le site ( LENA BELKINA – Spring Night 12/11/2021). Ce disque prend une dimension un peu spéciale avec ce qui se passe aujourd’hui
Merci Monsieur Hubert Haas et pour toutes informations sur Solo Musica : https://solo-musica.de
