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« VIVA L’OPÉRA » : LE CLASSIQUE 3

Jean-Jacques Rousseau, André Modeste Grétry, François-Joseph Gossec

 Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 à Ermenonville. Il est plus connu comme écrivain, philosophe, pourtant pendant toute sa vie la musique a été très présente. Son Devin du Village fut l’un des succès publics les plus intenses et durables de la scène lyrique, donné sans interruption de 1752 à 1829 ! Son Dictionnaire de musique, publié en 1767, constitua le modèle de tout travail de lexicographie musicale ultérieur.

Le Devin du village est un petit opéra en un acte , le premier opéra où musique et paroles sont du même auteur. Il a été représenté le 18 octobre 1752 au château de Fontainebleau devant Louis XV et la cour.

Dans ses Confessions, Rousseau raconte l’effet de la première représentation du Devin du Village, devant la cour.

On ne claque point devant le roi : cela fit qu’on entendit tout ; la pièce et l’auteur y gagnèrent. J’entendis autour de moi un chuchotement de femmes qui me semblaient belles comme des anges et qui s’entre-disaient à demi-voix : Cela est charmant, cela est ravissant ! Il n’y a pas un son là qui ne parte du cœur. Le plaisir de donner de l’émotion à tant d’aimables personnes m’émut moi-même jusqu’aux larmes, et je ne pus les contenir au premier duo en remarquant que je n’étais pas seul à pleurer.

Le lendemain Jélyotte (le créateur de Colin) m’écrivit un billet où il me détailla le succès de la pièce et l’engouement où le roi lui-même en était. Toute la journée, me marquait-il, sa Majesté ne cesse de chanter avec la voix la plus fausse de son royaume :

J’ai perdu mon serviteur,

J’ai perdu tout mon bonheur !

Si la représentation à la cour fut un succès, il en alla tout autrement le 1er mars 1753 à l’Académie Royale de Musique de Paris. La première représentation participa aux troubles de la querelle des Bouffons où partisans de Rousseau et de Rameau s’invectivérent durant l’opéra au milieu des rires. Les jeunes gens du parterre avaient imaginé de couvrir leur tête d’un bonnet de coton à longue mèche.

La musique fut une vocation contrariée de Rousseau. La postérité ne s’est pas montrée favorable envers Rousseau compositeur. Dans ses Mémoires, Hector Berlioz plaint ce pauvre Rousseau, qui attachait autant d’importance à sa partition du Devin du Village qu’aux chefs-d’œuvre d’éloquence qui ont immortalisé son nom, lui qui croyait fermement avoir écrasé Rameau tout entier, voire le Trio des Parques avec les petites chansons, les petits flon-flons, les petits rondeaux, les petits solos, les petites bergeries, les petites drôleries de toute espèce dont se compose son petit intermède.

 

L’argument du Devin du Village est très simple : Colette se plaint de l’infidélité de Colin et va trouver le devin du village pour connaître le sort de son amour. Elle apprend que la dame du lieu a su captiver le cœur de son berger par des présents. Le devin laisse espérer Colette qu’il saura le ramener à elle. Il fait ensuite entendre à Colin que sa bergère l’a quitté pour suivre un monsieur de la ville. Colin n’en croit rien et revoit sa maîtresse plus amoureuse que jamais.

En 1962 une vidéo de la Suisse Romande permet d’entendre un des très grands ténors Eric Tappy, un excellent chanteur pour Monteverdi. Il interprète ici le rôle de Colin.Basia Retchitzka est Colette, Pierre Mollet, le Devin. L’Orchestre de la Suisse Romande et le Chœur sont dirigés par Samuel Baud-Bovy , la mise en scène de Roger Burckhardt. Un charmant ouvrage.

©DR

C’est dans son cabinet que Marie-Antoinette s’adonnait à ses passions pour les arts. Elle y chantait, y jouait du clavecin et des musiques de Mozart, Gluck, Grétry, Gossec. Elle y recevait les musiciens d’Allemagne. Un harpiste lui donnait aussi des cours. La musique et le théâtre étaint ses deux grandes passions.

André Modeste Grétry (1741-1813) compose une quinzaine d’opéras et plus de quarante opéras-comiques. Durant la seconde moitié du XVIIIème siècle, il est le maître du genre en France. Après avoir été directeur de la musique de Marie Antoinette il devient, après la Révolution, le protégé de Napoléon. Son opéra comique Richard Cœur de Lion est le chef-d’œuvre du genre. L’air Ô Richard, Ô Mon Roy deviendra l’hymne royaliste pendant la Révolution, entonné par les Gardes du Corps et le régiment de Flandre devant la famille royale, à l’Opéra de Versailles, cause directe de la marche des parisiennes sur le palais de Versailles. C’est cet air que choisit Vautrin pour prévenir Eugène de Rastignac qu’il veille sur lui dans Le Père Goriot d’ Honoré de Balzac.

L’air Je sens mon cœur qui bat qui bat / Je ne sais pas pourquoi est repris dans La Dame de Pique de Tchaïkovsky par le personnage de la Comtesse, qui évoque ainsi sa jeunesse enfuie…

L’air Une fièvre brûlante a également été utilisé par Beethoven dans ses huit variations WoO 72 et par Mozart dans ses sept variations.

François-Joseph Gossec (1734-1829) compose pour les princes, la révolution, l’empire et meurt pendant la Restauration à l’âge de 95 ans. Il fonde avec Grétry le Conservatoire de Musique de Paris. Il est reconnu en tant que musicien officiel de la Révolution. Il compose pour les grandes cérémonies de la Révolution la musique. Il a la réputation d’inventeur de la musique démocratique et de l’art choral populaire. Cette caractéristique lui vaudra la disgrâce lors de la Restauration. Il est considéré comme le père de la symphonie. Ses opéras étaient tombés dans l’oubli, Gluck et Cherubini étaient supposés les seuls représentant de l’opéra français du XVIIIème ! On commence timidement à retrouver le charme de ses opéras.

Filmé en 2005 par Olivier Simonnet dans le petit théâtre de la Reine à Trianon l’un des refuges de Marie-Antoinette, Les Agrémens sous la direction de Guy van Waas offrent un concert avec des airs de Grétry et de Gossec, les musiques préférées de la reine. Un concert unique !

Avec : Sophie Karthäuser, soprano – Pierre-Yves Pruvot, baryton.

Bonus : Répétition de Thésée (1782) de Gossec au Centre de Musique baroque de Versailles.

 

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