Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791) (4)
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Die Entführung aus dem Serail (L’Enlèvement au Sérail), K.384. Est un singspiel en trois actes – singspiel est une œuvre théâtrale jouée et chantée en allemand, proche de l’opéra comique français. Il se caractérise par l’alternance de dialogues parlés, accompagnés de musique, et d’airs chantés – sur un livret allemand de Gottlieb Stephanie d’après la pièce de Christoph Fiedrich Bretzner. Il fut créé au Burgtheater de Vienne le 16 juillet 1782 sous la direction de Mozart lui-même.
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Quelques mois plus tard Mozart épousera Constance Weber contre l’avis de son père. On peut y voir des similitudes entre l’Enlèvement et ce mariage. L’héroïne porte le nom de Konstanze ! Les deux éléments auront, l’un et l’autre d’heureuses conséquences. L’Enlèvement au Sérail sera le plus grand succès de toute la carrière de Mozart et le rapport des époux restera jusqu’à la fin un véritable rapport amoureux. Ils auront six enfants. Le thème de la libération d’un être aimé qu’on fait échapper à l’esclavage est dans l’air du temps. Turcs et Persans sont au cœur de la littérature et de l’opéra du XVIIIème siècle. Le principe de tolérance est au centre des préoccupations philosophiques du moment. En 1781, 1782 Joseph II promulgue les deux édits de tolérance qui normalisent les relations de l’Autriche avec les chrétiens orthodoxes, les protestants et les juifs. Malgré le succès de cet opéra il ne trouvera pas l’adhésion totale de la cour viennoise. « Trop de notes mon cher Mozart » aurait dit Joseph II ! Pis encore en 1786 l’Empereur a dit : « Pour l’opéra, Mozart n’a encore écrit qu’une petite chose, et encore… » . On peut dire que Mozart a écrit avec l’Enlèvement le premier grand opéra en langue allemande et qu’il sera très préoccupé par le texte, la poésie des mots : « …Quant à la poésie je ne peux pas la mépriser…et puis, je ne sais pas, dans un opéra, il faut absolument que la poésie soit la fille obéissante de la musique »…les grands principes sont lâchés qui conduiront Mozart vers ses chefs-d’œuvres, le prochain opéra sera Les Nozze di Figaro !
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L’action de L’Enlèvement au Sérail se passe dans le palais du pacha Selim, en Turquie au XVIIIème siècle. Belmonte entre dans les jardins du palais, à la recherche de sa fiancée Konstanze, qui avec sa servante Blonde, ont été vendu à Selim. Il cherche à obtenir des nouvelles auprès de Osmin gardien du sérail. Pedrillo, son valet, est devenu un serviteur dans le palais. Belmonte le retrouve et élabore un plan pour les libérer. Belmonte se fera passer pour un architecte, afin de pouvoir accéder au palais. Le pacha Selim s’efforce d’obtenir l’amour de Konstanze, en vain, et pose un ultimatum sous peine d’utiliser la force. Elle lui révèle que son cœur est déjà pris. Pedrillo entre et interrompt les pensées du pacha pour lui présenter Belmonte, l’architecte. Pedrillo annonce à sa bien-aimée Blonde que tout est prêt pour l’enlèvement et lui explique qu’il mélangera un somnifère à du vin qu’il fera boire à Osmin. Au milieu de la nuit, Belmonte et Pedrillo arrivent dans le jardin avec des échelles pour commencer le sauvetage malheureusement Osmin se réveille et donne l’alarme dans le palais. Konstanze implore la pitié du pacha Selim et Belmonte explique que son père est un Grand D’Espagne et le gouverneur d »Oran nommé Lostados, payera une importante rançon. Malheureusement, le pacha et Lostados sont des ennemis de longue date. Le premier se réjouit de la possibilité de tuer le fils de son ennemi. Il laisse Belmonte et Konstanze seuls pour choisir la meilleure méthode de torture et de mort. Quand il revient, il décide cependant de se rendre généreux, au contraire du père de Belmonte, et de leur laisser la vie sauve. Tous sont remis en liberté à la grande consternation d’Osmin, qui aurait préféré les voir brutalement exécutés. Belmonte, Konstanze, Pedrillo et Blonde chantent les louanges de la bonté humaine. Les janissaires réapparaissent et chantent en l’honneur du pacha.
C’est dans une version idéale dirigée par le grand mozartien qu’est Karl Bohm avec le Bayreuther Orchester qu’on découvre ici. Le casting est de rêve : Belmonte : Francisco Araiza, Osmin : Martti Talvela, Konstanze : Edita Gruberova, Selim : Thomas Holtzmann, Blonde : Reri Grist, Norbert Orth : Pedrillo
Le Nozze di Figaro (Les Noces de Figaro), K.492 (1786, Vienne) livret de Lorenzo da Ponte d’après Beaumarchais.
©DR Jean-Marc Nattier, Portrait de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1755)
1785 Mozart est au sommet de sa popularité en concert à Vienne, il a 29 ans ! Il a composé fin 1785, 482 œuvres sur les six cent vingt-six. L’enlèvement poursuit son succès triomphal dans les pays d’Allemagne. Paris, Londres ne sont pas en reste. C’est à ce moment qu’il va être impliqué dans une histoire représentative de l’Europe du XVIIIème siècle : la création d’un opéra italien à partir d’une comédie française, Le Mariage de Figaro de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais qui va devenir Le Nozze di Figaro. Il fait partie d’une trilogie écrite entre 1772 et 1792 par Beaumarchais : Le Barbier de Séville – Le Mariage de Figaro et La Mère Coupable.
La pièce fit scandale dans toute l’Europe, fut interdite pour outrage aux bonnes mœurs et devint célèbre. Le pouvoir des serviteurs pouvait apparaître comme une insulte aux grands, d’autant que Figaro tient des propos que l’on peut juger offensant sur le comte. Louis XVI détestait cette pièce. Mais le succès aidant le roi du faire marche arrière.
Mozart acquière les droits de la pièce. Avec Da Ponte l’opéra est mené de main de maître entre février et novembre 1785 ! Il fut mis au catalogue le 29 avril 1786. Contrairement à ce que l’on pense souvent, le livret reçut l’approbation de l’empereur Joseph II avant même que Mozart en commence l’adaptation alors qu’il avait fait interdire la pièce.
La Rosine du Barbier de Séville est devenue maintenant la comtesse Almaviva; son mari, toutefois, est loin d’être un modèle de vertu. Il poursuit entre autres de ses assiduités la camériste de sa femme, Suzanne, qui doit épouser Figaro entré au service du comte. et la fille de son jardinier, Barberine. Il est toutefois concurrencé par le page Chérubin qui est amoureux de toutes les femmes et en particulier de la comtesse sa marraine. De son côté, la vieille Marceline aidée du docteur Bartholo et du maître de musique Basile veut empêcher les noces de Suzanne et Figaro, car ce dernier lui a fait une promesse de mariage.
Malgré une cabale, dont Salieri n’est pas innocent, l’opéra est joué et le public applaudit et demande des bis. C’est la naissance d’un des plus grands chefs-d’œuvres de toute l’histoire de l’opéra.
Voici peut-être un des plus beaux spectacles d’opéra qui nous a été donné de voir à Garnier à la grande époque de cette maison, celle de Rolf Liebermann. La captation date de 1980. La mise en scène est de Giorgio Strehler, l’Orchestre de l’Opéra National de Paris est sous la direction de Sir Georg Solti. Il Conte d’Almaviva : Gabriel Bacquier , La Contesa d’Almaviva : Gundula Janowitz, Figaro : José van Dam, Susanna :Lucia Popp, Cherubino :Frederica von Stade Bartolo : Kurt Moll, Don Basilio : Michel Sénéchal, Marcelina :Jane Berbié, Antonio : Jules Bastin, Don Curzio :Jacques Loreau . Tout y est : l’esprit de Beaumarchais, l’élégance et la légèreté de l’Ancien Régime finissant, une simplicité qui donne toute sa puissance au drame qui se déguise en comédie. José van Dam est un des grands Figaro et la Suzanne de Lucia Popp est de toute d’intelligence, de sensibilité, et quelle voix. La comtesse était souvent la sublime Margaret Price mais avec Gundula Janowitz on ne perd pas au change et quel Cherubino avec Frederica von Stade. Une distribution, une mise en scène insurpassées.
Bonus : Le Nozze di Figaro : Cecilia Bartoli – Jean- Yves Thibaudet…: Cherubino : «Voi Che Sapete»