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« VIVA L’OPÉRA » : LE ROMANTISME 11 – HECTOR BERLIOZ

Hector BERLIOZ (1803-1869)

©Musée Hector-Berlioz

Terminer le confinement par Berlioz est synonyme de liberté !  Il y a Trois B  en invention musicale: Bach, Beethoven, Berlioz  – Berlioz a été malmené par la critique pendant des années avec des idées totalement préconçues et qui restent encore actuellement dans l’inconscient collectif des auditeurs et des critiques. (Les Troyens  avait la réputation d’un monstre lyrique alors que personne ne l’avait entendu ! C’est seulement en 1957 à Covent Garden qu’on l’a joué dans une version proche de ce qu’avait conçue Berlioz).  Berlioz a renouvelé en profondeur la musique par le biais de la musique à programme (Symphonie Fantastique), de la symphonie concertante (Harold en Italie), et en créant la symphonie dramatique (Roméo et Juliette). Son Traité d’Instrumentation d’Orchestration est une bible pour les compositeurs. Oui, Berlioz est bien l’inventeur de l’orchestre moderne !

Benvenuto Cellini (1838)

Premier opéra de Berlioz représenté sur une scène lyrique, il est en fait sa troisième tentative dans ce domaine. Estelle et Némorin, œuvre de jeunesse et les Francs-Juges, achevés en 1826, ne furent jamais exécutés. Benvenuto Cellini ne fut représenté intégralement que quatre fois à l’Opéra de Paris ; il y eut aussi trois représentations partielles, et l’œuvre fut ensuite retirée de l’affiche. Cet échec a du sans doute privé d’une production suivie du compositeur dans ce genre majeur du XIXème siècle, celui du grand opéra. La reprise en 1852 par Liszt à Weimar, avec quelques modifications dans le livret, devait connaître un grand succès, mais à Londres en 1853 l’œuvre ne trouva pas le succès escompté. D’où vient ce sort si funeste ? Berlioz commente lui-même le choix du sujet : « j’avais été vivement frappé de certains épisodes de la vie de Benvenuto Cellini ; j’eus le malheur de croire qu’ils pouvaient offrir un sujet d’opéra dramatique et intéressant ». Le sujet avait été conseillé par Alfred de Vigny et écrit par Léon de Wally et Auguste Barbier ; ils reprenaient certains éléments des mémoires de l’artiste florentin et culminait par la fonte de la statue de Persée, pour laquelle sont jetés dans la forge les précédents chefs-d’œuvres du sculpteur. Si le sujet fascinait Berlioz, il ne présentait aucun intérêt pour le public de la Monarchie de Juillet. On n’avait pas l’habitude de voir traité sur scène les difficultés d’un artiste avec le pouvoir religieux et politique. De plus le ton familier emprunté par le livret avec ses passages burlesques et parodiques convenait mal à la tradition de noblesse de l’Opéra.

©Musée Hector-Berlioz

L’échec de Benvenuto Cellini, ferma à Berlioz les portes de l’Opéra de Paris !

Cet échec dans ce genre majeur qu’est l’opéra pour la vie musicale de l’époque, fut déterminant dans la tournure que pris sa carrière et le choix qu’il fit de ses compositions suivantes.

©Musée Hector-Berlioz

Salzbourg 2007 – Livret de Leon Wailly et Auguste Barbier , Orchestre Philharmonique de Vienne et les Chœurs de l’opéra de Vienne sous la direction de Valery Gergiev. Mise en scène de Philipp Stolzl, Ascanio: Kate Aldrich, Benvenuto Cellini: Burkhard Fritz, Bernardino: Roberto Tagliavini, Fieramosca: Laurent Naouri, Francesco: Xavier Mas, Giacomo Balducci: Brindley Sherratt, Pompeo: Adam Plachetka, Pope Clement VII: Mikhail Petrenko, Publican: Sung-Keun Park, Teresa: Kovalevska

 

LA DAMNATION DE FAUST (1846)

©BNF

Berlioz invente les genres de la « légende dramatique » avec La Damnation de Faust et la trilogie sacrée avec l’Enfance du Christ œuvres conçues pour le concert, à mi-chemin entre l’opéra et l’oratorio.

©BNF

L’échec de Benvenuto Cellini en 1838 avait poussé Berlioz à rechercher d’autres formes d’expression que l’opéra. Pour La Damnation de Faust partition originale, dramatique sans être destinée à la scène, Berlioz renoue avec son œuvre de jeunesse, inspirée elle aussi de Goethe, les Huit Scènes de Faust. Mais le personnage de Faust, curieusement absent de cette première composition est bien présent dans celle de 1846 : c’est autour de la quête de ce personnage et de sa damnation finale que s’articulent les quatre parties de l’opéra concert. Le sujet est traité librement, Berlioz omet certaines scènes de l’œuvre de Goethe, mais il ajoute aussi d’autres et décide de damner Faust ! Aussi les plaines de Hongrie sont justifiés pour insérer la fameuse Marche de Rakoczy !. Pourquoi en Hongrie ? Parce qu’il avait envie de faire entendre un morceau instrumental dont le thème est hongrois avoue sincèrement Berlioz ! La partition mêle les styles les plus divers, populaire dans les chansons, dans les chœurs, lyrique dans les duos d’amour de Faust et Marguerite.

©BNF

L’accueil catastrophique de La Damnation de Faust en 1846, l’a ensuite découragé d’écrire pour la scène. Deux mois après cet échec qui le ruine, en 1847, il part en Russie pour une tournée musicale qui le sauvera !

La Monnaie – Bruxelles – 2002 – Chœurs et Orchestre de La Monnaie, sous la direction d’Antonio Pappano, mise en scène de Roland Aeschlimann, Susan Graham : Marguerite, Faust : Jonas Kaufman, Méphistophélès : José Van Dam, Brander: Henry Waddington

 

LES TROYENS (1856-1858)

©Musée Hector-Berlioz

L’origine des Troyens, remonte à l’adolescence de Berlioz, soit une quarantaine d’années avant la date de composition. Dès cette époque, l’Enéide commença à s’imposer au jeune homme en étudiant Virgile sous l’égide de son père, puis plus tard la flamme fut alimentée par des lectures tirées de Chateaubriand, sur les grandes passions tragiques de l’antiquité. Ce n’est pas pour rien si le père de Berlioz donna à son fils le prénom d’Hector.

Dans le chapitre LIX, qui devait achever ses Mémoires, le compositeur note en 1854 :

« Depuis trois ans, je suis tourmenté par l’idée d’un vaste opéra dont je voudrais écrire les paroles et la musique […] Je résiste à la tentation de réaliser ce projet et j’y résisterai, je l’espère, jusqu’à la fin. Le sujet me paraît grandiose, magnifique et profondément émouvant, ce qui prouve jusqu’à l’évidence que les Parisiens le trouveraient fade et ennuyeux. »

Une note, ajoutée en bas de page en 1858, corrige cette douloureuse déclaration :

« Hélas ! Non, je n’ai pas résisté. Je viens d’achever le poème et la musique des Troyens, opéra en cinq actes. Que deviendra cet immense ouvrage ?… »

 

 

©Musée Hector-Berlioz

Son chef-d’œuvre lyrique ne connaît qu’un succès critique à l’Opéra Comique en 1863. Il ne sera jamais joué de son vivant dans son intégralité ! La création française intervint en 1920 à Rouen, suivie de la première à l’Opéra de Paris en 1921. Il faudra attendre les représentations au Covent Garden de Londres en 1957, mais en anglais, pour découvrir Les Troyens dans leur intégralité, et enfin l’Opéra de Paris donna l’œuvre presque complète en une seule soirée, amputée des ballets, lors de l’ouverture de l’Opéra Bastille, soit 70 ans après Rouen !

On a accusé Les Troyens d’être très long ! Encore une idée reçue, il n’est pas plus long que Tristan et Isolde et plus court que d’autres opéras de Wagner !

©BNF

L’action se déroule à Troie, dans l’Antiquité. Cassandre sent la menace qui pèse sur son peuple.  Malgré le départ des Grecs, elle est certaine de la destruction imminente de la cité. En effet, les Grecs sont entrés dans la ville, aidés du cheval de bois offert aux Troyens. Alors qu’ils dévastent la ville, Cassandre et les femmes troyennes s’immolent pour ne pas leur appartenir. Le Prince Enée a juste le temps de quitter Troie avec sa flotte et de faire cap sur l’Italie. Toutefois, un orage le fait échouer à Carthage, cité fondée et gouvernée par Didon. Cette dernière, qui s’éprend peu à peu d’Enée, accepte l’aide de son hôte et de ses troupes pour protéger son royaume des invasions barbares. Enée repousse l’ennemi de Carthage, remporte la victoire, et gagne le cœur de Didon. Mais l’amour de Didon et Enée n’a guère d’avenir sur les rives africaines : sommé par les Dieux d’accomplir son destin et d’aller fonder une nouvelle Troie, Enée quitte brusquement Didon, qui le menace d’abord, avant de s’effondrer. Perdue, la reine de Carthage dit adieu aux siens puis s’immole, prédisant la chute de son royaume.

©DR

Palais des Arts « Reina Sofia » Valencia 2009 – Mise en scène : Carlos Padrissa. Orchestre et Chœur de Valence sous la direction de Valery Gergiev. Lance Ryan : Énée, Elisabete Matos : Cassandre, Daniela Barcellona : Didon, Gabriele Viviani : Horebe, Giorgio Giuseppini : Panthee, Stephen Milling : Narbal, Eric Cutler : Iopas, Oksana Shilova : Assagne, Zlata Bulycheva : Anna, Dmitri Voropaev : Hylas, Askar Abdrazakov : Priam

Bonus : Les Troyens : Nuit d’Ivresse et d’Extase Infinie, Susan Graham, Michael Spyres

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