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« VIVA L’OPÉRA » : VIVA VERDI 11 – LA FORZA DEL DESTINO

Giuseppe VERDI – LA FORZA DEL DESTINO

« Si l’œuvre à Rome s’est assez bien passée, cela aurait pu être encore mille fois mieux si Jacovacci (impresario du teatro Apollo de Rome ndrl) avait pu enfin se mettre en tête que, pour avoir du succès, il faut des œuvres adaptées aux artistes et des artistes adaptés aux œuvres. Évidemment, dans la Forza del Destino, il n’est pas nécessaire de connaître son solfège, mais il faut avoir de l’esprit, comprendre le texte et l’exprimer. ». C’est ainsi que Verdi a relaté la représentation de son opéra sous le titre Don Alvaro, au teatro Apollo à Rome le 7 février 1863 à son ami sculpteur Vincenzo Luccardi.

La deuxième version, pour laquelle Verdi a ajouté la célèbre symphonie, composé un final nouveau et apporté de nombreux autres changements dont la réécriture du livret sous la plume d’Antonio Ghislanzoni débuta avec succès au Teatro alla Scala de Milan le 27 février 1869. Même la fin était modifiée : dans la deuxième version, Don Alvaro survit à la mort de Leonora, quand la première version de l’œuvre se terminait, au contraire, sur le suicide d’Alvaro. Verdi écrivit ainsi à Opprandino Arrivabene (journaliste ndlr), le 1er mars suivant : Je suis rentré hier soir de Milan à minuit, mort de fatigue. Il faut que je dorme quinze jours d’affilée pour m’en remettre. À l’heure qu’il est tu dois avoir des nouvelles de la Forza del destino : cela a été une bonne représentation et un succès. Stolz et Tiberini superbes. Les autres bien. La foule, les chœurs et l’orchestre ont joué avec une précision et un feu indescriptible. Ils avaient le diable au corps. Bien, très bien. J’ai aussi eu des nouvelles de la deuxième représentation : toujours bonne, même meilleure que la première. Les nouveaux morceaux sont une symphonie magnifiquement bien interprétée par l’orchestre, un petit chœur de ronde et un trio pour clôturer la représentation. Permets-moi de te serrer la main et d’aller dormir.

Verdi avait mis un terme à la composition depuis deux ans (1859), malgré des propositions alléchantes d’imprésarios et de directeurs de théâtre. Il s’était retiré dans ses terres, mais avait promis à Cavour de ne pas démissionner de son siège de député. Il prit part au vote historique du 14 mars 1861 qui conférait à Victor Emmanuel le titre de roi d’Italie et qui le 27 proclamait symboliquement Rome capitale. Mais Cavour meurt le 6 juin 1861 à l’âge de cinquante et un an. «…J’ai assisté en grand deuil à la cérémonie funèbre, mais le deuil déchirant était dans mon cœur … je n’ai pas pu retenir mes larmes et j’ai pleuré comme un enfant. Pauvre Cavour, pauvre de nous ! » écrivit Verdi.

En janvier 1861, Verdi répond à une demande du tsar Alexandre II de Russie, adressée par l’intermédiaire du ténor Enrico Tamberlick. Après avoir initialement envisagé un projet d’opéra sur Ruy Blas, il accepte, le 3 juin 1861, le drame de Rivas, Don Alvaro o la fuerza del sino, que lui soumet le théâtre impérial. La partition est composée entre juin et novembre 1861. En décembre 1861, Verdi se rend à Saint- Pétersbourg pour les premières répétitions. La maladie de la soprano Emma La Grua prévue pour la création du rôle de Leonora et l’impossibilité de trouver une cantatrice à la hauteur pour reprendre le rôle amènent Verdi à envisager de rompre le contrat qui exige que ses œuvres soient chantées par les artistes de son choix. Finalement, un accord est trouvé pour un report à la saison suivante.

Après six semaines de répétitions, au cours desquelles il parachève l’orchestration de l’opéra, celui-ci est créé le 10 novembre 1862 au théâtre aujourd’hui connu sous le nom de théâtre Mariinski et connaît un triomphe de plusieurs semaines. L’œuvre commence un tour d’Europe avant que Verdi n’en opère une profonde refonte, après la mort de Rivas, Piave était à l’agonie. Le livret est remanié par Antonio Ghislanzoni et la seconde création de l’œuvre a lieu le 27 février 1869 à la Scala de Milan. Dans cette seconde version, Verdi tend à plus de vraisemblance (remaniant notamment la fin de la pièce de Rivas, qui lui avait toujours déplu) et modifie de nombreux détails d’orchestration qui font toutefois regretter le caractère pré-mousorgskien de la version originale. Il gomme également tout ce qui pourrait rappeler son style ancien, ainsi que ses concessions au bel canto.

LA FORZA DEL DESTINO est un opéra en quatre actes, avec un livret de Francesco Maria Piave tiré de Don Alvaro o la fuerza del sino de Angel de Saavedra. L’action se déroule en Espagne et en Italie, au XVIIIe siècle. Donna Leonora di Vargas et don Alvaro, pour contourner l’opposition à leur mariage du père de Donna Leonora, le marquis de Calatrava, se préparent à fuir Séville. Mais les amoureux sont surpris par le marquis qui ordonne à ses serviteurs d’arrêter le jeune homme. Ce dernier se dit prêt à subir le châtiment du marquis, jette à terre son pistolet, d’où part un coup de feu qui tue le vieillard. Les deux malheureux amants disparaissent et le frère de Leonora, don Carlo, se décide à venger la mort de son père, et part à la recherche des amants. Arrivé à Hornachuelos, il se fait passer pour un étudiant auprès des clients d’une auberge, parmi lesquels se trouvent Leonora travestie en homme, qui va au monastère de la Vierge des Anges, où elle entend vivre en tant qu’ermite. À partir du récit de Carlo, elle découvre qu’Alvaro, qu’elle croyait mort, est toujours vivant. Arrivée au monastère, elle demande une audience avec le père Guardiano à qui elle révèle sa vraie identité et son souhait expiatoire.

Le Père, indulgent et compréhensif, essaie de la convaincre de se retirer au couvent plutôt que dans une grotte misérable. Italie en 1744 près de la Velletri. Il fait nuit, la lutte fait rage entre les Espagnols et les soldats impériaux. Alvaro est capitaine des grenadiers espagnols et, ne pouvant pas supporter ses mésaventures, espère mourir à la bataille. Il est convaincu que la jeune fille est morte. Soudain, il entend les lamentations d’un soldat en détresse, il court à son aide et lui sauve la vie. L’homme n’est autre que Carlo ! Les deux hommes se jurent une amitié éternelle. Mais le lendemain, Alvaro lui-même est blessé et il est transporté chez Carlo. Alvaro lui confie une enveloppe scellée, contenant un secret qui ne devra pas être révélé et qu’à sa mort il faudra la brûler. Carlo jure de le faire mais suspicieux suite à l’horreur ressentie par son ami au nom des Calatrava, il ouvre l’enveloppe dans laquelle il trouve un portrait de sa sœur ! Il défie Alvaro en duel. Les deux hommes croisent le fer quand surgit la ronde. Alvaro s’échappe et se réfugie dans un monastère sous le nom de Père Raffaele.

Après avoir découvert la cachette d’Alvaro, Carlo le provoque de nouveau en duel. Dans un premier temps, Alvaro refuse l’affrontement. Autour de la grotte où elle s’est retirée, Leonora, entendant soudain des bruits aux alentours, est reconnue par Alvaro, qui, après avoir blessé mortellement Carlo cherche un confesseur pour l’assister. Elle n’est pas informée de la blessure de Carlo, elle se précipite chez lui qui, toujours obsédé par son désir de vengeance, la poignarde ! Le père Guardiano la rejoint et Leonora expire dans les bras d’Alvaro, en souhaitant le retrouver au ciel. Resté définitivement seul sur terre, Alvaro maudit de nouveau son destin.

 

El Gran teatro del Liceu de Barcelona le 30 janvier 1979 avec Donna Leonora : Montserrat Caballe, Don Alvaro : Jose Carreras, Don Carlo : Matteo Manuguera, Padre Guardian : Mario Rinaudo, Maese Trabuco : Jose Ruiz, Marquis de Calatrava : Jose Simorra, Fray Meliton : Otello Borgonovo, Preciosilla : Montserra Aparici, Curra : Cecilia Fondevilla, Un Alcade : Raoul Montero, Un Medico : Rafael Campos, Orchestre et chœur du Gran Teatro Del Liceo sous la direction de Eugenio M’Marco,  mise en scène : Diego Monjo

 

 

 

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