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« PETITS ARRANGEMENTS AVEC LES MORTS » : SIMONE RUBINO – MARIE ANDRÉE JOERGER – OPHÉLIE GAILLARD

Jean Sébastien Bach ne se gênait pas pour faire des arrangements d’œuvres de ses contemporains ou des siennes ; par la suite de nombreux musiciens se sont amusés à reprendre certaines de ses compositions et les adapter pour différents instruments. Simone Rubino (28 ans), virtuose du vibraphone, des marimbas, Marie Andrée Joerger accordéoniste d’exception font partie de ces instrumentistes. Bach, comme d’autres compositeurs disparus, traversera les époques, sera mis à toutes les sauces et en sortira toujours vainqueur. Est-ce à dire que les projets d’aujourd’hui manquent d’ambition ? Loin de nous cette critique. Lorsque l’on est un virtuose de son instrument et que les compositeurs de musique absolue, comme aimait l’appeler Ennio Morricone, écrivent peu pour vous et que vous êtes lésés de ne pas avoir des chefs-d’œuvres à votre disposition, on peut comprendre cette frustration.

Simone Rubino dans ce disque (Fuga et Misterio – La Música ) interprète trois compositions de J.S.Bach – La Toccata et Fugue en ré mineur, La Chaconne , partita n°2 BWV 1004 – Le Concerto en mi majeur BWV 1042 – accompagné par l’orchestre baroque La Chimera avec des arrangements et sous la direction de Eduardo Egüez. Disons tout net ce sont ces 12 minutes de la Partita qui nous ont enchantés. Son instrument apporte douceur, limpidité et virtuosité à ce tube. Alors les autres Bach direz-vous ? Et bien lorsque le soliste est seul (un pléonasme assumé) nous adorons.

Nous ne sommes pas totalement convaincus par les parties orchestrales. Par contre il y a aussi des compositions d’un autre célèbre disparu qui portait aux nues J.S.Bach et qui a été influencé pour ses compositions, c’est Astor Piazzolla. Simone Rubino et La Chimera sont en parfaite symbiose pour interpréter les courtes pièces du maître argentin. Le disque se termine par une courte pièce d’un jeune compositeur franco argentin Leonardo Teruggi (39 ans), nouvelle figure du tango. Là toutes les qualités de ce prodigieux vibraphoniste se dévoilent. Alors cent ans après la naissance de Piazzolla et presque trois cents ans après celle de Bach, cette rencontre nous démontre que Fuga et Misterio offre une musique hors du temps !

Bach encore et toujours c’est ce que nous pouvons entendre dans l’album de Marie Andrée Joerger (Bach en Miroir – Klarte K115). Cette brillante accordéoniste a fait plusieurs fois le tour du monde orchestral. En mélangeant quelques Préludes et fugues de Bach, qui ont été souvent transcris pour d’autres instruments, avec d’autres Préludes et fugues de compositeurs de siècles suivants, elle propose un parcours très original. Ainsi elle met en face des œuvres de Bach celles de Wolfgang Amadeus Mozart, Clara Schuman, Max Reger, un compositeur organiste français oublié du XVIIIème siècle, Claude Balbastre et un contemporain, Thierry Escaih immense compositeur pour orgue qui lui a confiée sa première pièce pour accordéon solo, une création mondiale à la Philharmonique de Berlin en mars 2019. Oui l’accordéon et l’orgue ont des points communs et Marie Andrée Joerger nous le rappelle dans ce magnifique et étonnant album concept.

 

Ophélie Gaillard, extraordinaire violoncelliste, nous a offert des Bach, du Vivaldi, du Bloch, du Boccherini, du Korngold, du Hersant et d’autres compositeurs, en solo ou avec son orchestre Pulcinella. Avec son nouveau disque Cellopera ce sont là aussi des arrangements avec des morts célèbres, des airs d’opéras très connus. On sait que le violoncelle, c’est ouvrir des portes ouvertes, est l’instrument le plus proche de la voix humaine. Chez vieillecarne.com on aime Ophélie (voir l’ITV que nous avions faite il y a quelques années avec elle autour d’une assiette de spaghettis  entre deux rendez-vous !) car comme nous, elle aime les chemins de traverse. Son tempérament passionné et son goût pour les nouvelles aventures nous entraînent à la découverte d’un incroyable programme qui s’étend sur plus d’un siècle et demi d’opéra, grâce à un ensemble de transcriptions pour violoncelle et orchestre.

Ophélie a choisi pour ce disque des airs dans lesquels le violoncelle a déjà un rôle soliste (quatuor de violoncelles de Tosca, solos du Bal Masqué, de Don Carlo, ouverture de Guillaume Tell…). Frédéric Chaslin enrichit aussi le répertoire pour violoncelle avec des transcriptions inédites, des paraphrases et interroge la tradition d’un Franz Liszt, entre autres, revisitant au piano, les grands airs d’opéras. Ici c’est Mozart, Rossini, Bellini, Donizetti, Verdi, Puccini, Wagner, Tchaïkovski, Offenbach qu’Ophélie Gaillard interprète avec virtuosité, fougue, romantisme et élégance. Elle est accompagnée avec Frederic Chaslin et du Morphing Chamber Orchestra de Vienne. Ophélie est toujours là où on ne l’attend pas ! Il suffit de voir ce qu’elle ose faire sur Instagram pour nous soutenir, nous les amateurs de musique, les musiciens, les compositeurs en deuil de concert. Il y a peu, les magasins de disques sont devenus essentiels ! Alors allez vous procurer ces superbes trois albums. Evitez Amazon, il existe des sites moins voyous, ou bien commandez-les directement chez leurs producteurs, une bonne action pour la musique en l’occurrence !

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