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« VIVA L’OPÉRA » : VIVA VERDI 14 – OTELLO

Giuseppe VERDI – OTELLO

Après le succès d’Aïda, Verdi décide de se retirer et de réviser ses opéras précédents. C’est ainsi qu’il retravailla sur le livret de Simon Boccanegra avec Arrigo Boito en 1881. Modérément apprécié par le public vénitien en 1857, l’opéra retrouva le succès.

Boito est né en 1842, il a déjà derrière lui une carrière de compositeur quand il rencontre Verdi. Son opéra Méfistofélès date de 1868 mais c’est en 1875 après un remaniement que son opéra obtiendra le succès. Il rompt avec la tradition du bel canto et pense que c’est le texte qui est le plus important. Il est autant écrivain que musicien. Il écrira deux livrets pour Verdi : Otello et Falstaff. Si les première rencontres entre le jeune échevelé de Milan et le monstre sacré Verdi ont été compliquées, leurs rapports se sont transformés en véritable amitié. Les deux hommes étaient conscients de leur complémentarité. Boito savait qu’il n’était pas Wagner au niveau musical, compositeur qu’il admirait, alors il mit sa plume au service de Verdi et le résultat est éblouissant.

« …Vous seul pouvez mettre en musique Otello, tout le théâtre que vous nous avez donné en est la preuve. Si j’ai pu percevoir à quel point la tragédie de Shakespeare peut être mise en musique, ce que je ne ressentais pas auparavant, c’est parce que je l’ai vue à travers l’art verdien et c’est parce que j’ai ressenti en écrivant ces vers ce que vous alliez éprouver en les illustrant avec cet autre langage, mille fois plus intime et plus puissant : le son »

Durant le mois qui précéda la première d’Otello, Verdi paya de sa personne comme jamais, pour guider musiciens et interprètes. La presse s’interrogeait sur les capacités qu’avait le vieillard à produire une œuvre originale. La première fut l’apothéose de Verdi. Á la fin du premier acte et à chaque acte Verdi dut monter sur la scène pour recueillir les vivats. Des scènes démentes se déroulèrent toute la nuit dans la rue où il habitait. Le ténor Tamagno, interprète d’Otello, entonna sur le balcon où se tenait Verdi l’Esultate du premier acte ! Le compositeur avait gagné son pari avec lui-même de renouveler l’art lyrique italien et il le devait pour une bonne part à Boito. Il l’associa à son triomphe en le faisant monter sur scène lors du salut.

Le contexte politique n’était pas pour rien aussi dans ce succès. La défaite humiliante de Dogali pendant la conquête de l’Erythrée par l’Italie le 26 janvier 1887 entrainait un nationalisme exacerbé et Verdi était un des derniers survivants des grandes figures du Risorgimento, il était devenu un mythe. Au cours des mois qui suivirent la création d’Otello c’est des centaines de lettres à sa gloire qu’il reçut. Après l’apothéose de la Scala, Verdi retourna une fois de plus à sa solitude et à son spleen. A ceux qui l’encourageait à composer un nouvel opéra il écrira simplement «  Ma longue carrière est désormais terminée ».

Ce n’était pas le dernier acte, il écrira Falstaff (1893) d’après encore Shakespeare sur un livret de Boito. Alors qu’il séjournait dans un hôtel milanais, Verdi a une attaque le 21 janvier 1901. Il s’affaiblit progressivement et meurt six jours plus tard, le 27 janvier 1901. Le jour des funérailles du maestro, la Piazza Duomo et les rues adjacentes sont recouvertes de paille pour que le vacarme des fiacres ne vienne pas troubler son repos. Ses funérailles sont immenses. 250 000 personnes sont présentes pour rendre un dernier hommage. à l’une des plus importantes figures de la musique italienne. Lorsque son corps est transféré du cimetière à la Casa di riposo, un choeur de 820 chanteurs dirigé par Arturo Toscanini interprète le Va pensiero et le Miserere du Trouvère.

Otello est un opéra en quatre actes sur un livret d’Arrigo Boito d’après Othello où le mort de Venise de William Shakespeare et crée au Teatro alla Scalla de Milan le 5 février 1887..

ARGUMENT : Au XVIème siècle à Chypre dans le port de Famagouste, le général Otello arrive avec son navire après avoir vaincu la marine turque en Méditerranée et assuré l’autorité vénitienne sur Chypre, mais la jalousie, le complot et la vengeance mènent à la tragédie.

Otello apparaît, il a vaincu les Turcs et exprime son triomphe, la foule l’acclame tandis qu’il va rejoindre son épouse au palais. La foule se disperse pendant qu’Iago et Roderigo devisent. Iago souhaite tout le mal à Otello parce que ce dernier a nommé Cassio capitaine à sa place et ne lui a pas donné d’avancement, Roderigo, lui, veut se débarrasser du Maure pour posséder sa femme. Iago promet qu’il se vengera d’Otello pour servir leurs desseins. Les taverniers préparent la fête. Iago commence à organiser sa terrible intrigue : d’abord gâcher la fête en faisant passer Cassio pour responsable. Une fois Cassio grisé, Roderigo, stimulé par Iago, provoque Cassio et les deux hommes se battent en duel. Otello, irrité par le tapage, et demande, en colère, ce qui s’est passé. Iago, en parfait hypocrite, se garde bien de lui donner la moindre indication. Otello, furieux, dégrade Cassio qu’il tient pour unique responsable. Iago et Roderigo rient sous cape alors qu’Otello va rejoindre sa femme. Les époux chantent leur bonheur et leur amour sans nuages. Iago conseille à Cassio de demander à Desdemona d’intercéder en sa faveur. Cassio, suivant l’avis de Iago et retrouve la jeune femme dans un jardin seul à seul. Iago réussit par des allusions faussement innocentes à mettre l’influençable Otello dans un état d’agressivité et d’inquiétude en lui disant qu’il a vu Cassio et Desdemona ensemble et lui donne conseil de faire attention aux propos qu’elle tiendra. Lorsque Desdemona commence à lui parler de Cassio?Otello a du mal à contenir son trouble. Bientôt, il éclate de colère lorsque son épouse, étonnée et inquiète de le voir dans cet état, veut lui essuyer son front avec un mouchoir brodé.

Dans un accès de fureur, il jette le mouchoir. Emilia le ramasse mais Iago lui ordonne de le lui remettre ; elle refuse et il le lui prend de force avant de la menacer : elle ne doit rien dire de cette saynète. Otello exige de Iago, s’il ne veut pas connaître sa colère, de lui fournir une preuve tangible de l’infidélité de Desdemona. Il prétend se souvenir d’avoir vu un mouchoir brodé appartenant à Desdemona dans la chambre de Cassio. C’en est trop pour Otello furieux, jure de se venger. Le héraut annonce l’arrivée d’une délégation d’ambassadeurs vénitiens mais Otello est surtout concentré sur son problème conjugal. Desdemona entre et Iago s’éclipse. Otello lui parle sans excès mais lorsqu’elle parle à nouveau de Cassio il s’emporte et demande le mouchoir brodé de Desdemona. Elle ne l’a évidemment pas et la fureur d’Otello revient, il n’hésite pas à l’accuser d’adultère. La jeune femme s’enfuit épouvantée, ne comprenant pas ce qui arrive à son mari. Il se cache quand Cassio arrive qui veut savoir s’il a été pardonné. Iago prétend ne rien savoir et détourne la conversation sur une maîtresse de Cassio, Bianca, mais Iago mène le jeu de façon qu’Otello croie qu’ils parlent de Desdemona. Le dialogue provoque la colère d’Otello qui atteint son paroxysme lorsque Cassio brandit le mouchoir brodé qu’il a trouvé dans sa chambre. Iago, sur le ton de la plaisanterie insinue que Desdemona l’y aurait mis. Otello, furibond, ne remarque même pas que Cassio ignore comment cet objet de femme est arrivé là. Otello nomme Iago capitaine La délégation menée par Lodovico s’étonne de l’absence de Cassio. À contre-cœur, pendant que Desdmona entre, l’envoie chercher. Otello lit le message du Doge qui le rappelle à Venise et nomme comme successeur… Cassio! Otello interprète la tristesse de Desdemona et de Cassio comme le fait de leur prochaine séparation. Cette interprétation et la faveur faite à son « rival » est la goutte qui fait déborder le vase. Otello entre dans une rage incontrôlable et jette sa femme à terre.

Desdemona, effondrée, entame sa complainte, elle aime toujours son époux malgré la honte qu’il lui fait subir. Ce chant émouvant fait frémir l’assistance. Roderigo et Iago comprennent immédiatement qu’il va falloir agir vite car le couple doit partir le lendemain. Sur une proposition de Iago, Roderigo accepte de s’occuper de Cassio. Perdant tout sang-froid Otello, à grands cris congédie violemment l’assistance et maudit Desdemona qui quitte la salle, anéantie. Sa fureur est si forte qu’il s’évanouit de rage. Emilia et sa maîtresse sont dans la chambre. Desdemona a des pensées sombres son mari lui fait peur et lui a ordonné de l’attendre dans leur chambre. Emilia, en sortant la robe nuptiale, entend sa maîtresse lui dire que si elle mourait, qu’elle soit enterrée dans l’un des voiles de la robe. Ces pressentiments morbides ne mettent guère à l’aise la suivante qui tente de la rassurer sans succès. Pour se calmer, elle fait une prière à la Sainte Vierge, lui demandant la protection de l’opprimé contre le puissant, lui aussi malheureux, ce qui n’est évidemment pas anodin ! Otello entre et voit sa femme endormie, plus belle que jamais. Il reste muet, la contemplant de tous ses yeux ; il réprime un mouvement de fureur puis s’approche du lit et l’embrasse, ce qui l’éveille. Otello la regarde et sans préliminaires réitère son accusation d’adultère. De nouveau, elle proteste mais reste terrifiée quand Otello parle de la tuer. Qu’elle sauve au moins son âme en confessant l’ignoble faute dont elle s’est rendue coupable! Elle nie et demande qu’on amène Cassio pour qu’elle et lui soient disculpés. Lorsque Otello lui apprend sa mort elle s’effondre : elle sait qu’elle ne peut plus le convaincre. Otello se jette sur elle. Desdemona a beau le supplier, il l’étrangle sur le lit. Otello contemple le corps de son épouse. Soudain, on frappe à la porte, c’est Emilia. Elle révèle que Cassio a tué Roderigo qui l’avait provoqué en duel et remarque avec terreur la forme blanche, étendue sur le lit, qui a encore la force de souffler quelques mots. Dans un dernier acte d’amour, Desdemona, faiblement, disculpe son mari et prétend s’être suicidée puis meurt. Otello, fou de rage dit qu’il l’a tuée. Les cris d’Emilia font accourir Cassio, Iago, Lodovico et Montano. Iago tente de faire taire sa femme mais elle révèle l’épisode du mouchoir. Quant à Montano, il a reçu de Roderigo mourant l’aveu du complot de Iago. Acculé, Iago s’enfuit quand Otello lui ordonne de se disculper. Lodovico lui ordonne de lui remettre son épée, ce qu’il fait avant de se pencher sur Desdemona et de se lamenter sur sa mort puis, sortant un poignard de sa ceinture, il se suicide.

La Scala de Milan 1976 – Otello : Placido Domingo, Iago : Pierro Cappuccili, Casio : Giuliano Ciannella, Rodrigo :  Dano Raffanti, Lodovico : Luigi Roni, Desdemona : Mirella Freni, Emilia : Jone Jori, Chœur et Orchestre de la Scala de Milan sous la direction de Carlos Kleiber, mise en scène de Franco Zeffirelli

 

 

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